Nouvellement conseiller
municipal dans le district du Lac-des-Nations à Sherbrooke, Raïs Kibonge, son
frère et ses sœurs, sont arrivés de la République démocratique du Congo à
Montréal en décembre 2005 pour rejoindre leur mère, réfugiée au Canada cinq ans
plus tôt. La famille part ensuite vivre à Calgary en 2006 et le jeune homme
travaille pour aider sa mère à rembourser ses dettes, car elle avait investi beaucoup
d'argent pour que ses enfants puissent émigrer.
« J'ai mis les pieds pour la première
fois à Sherbrooke en décembre 2007 et je suis venu m'y établir pour de bon
l'été suivant afin de rejoindre ma conjointe de l'époque, puis d'étudier »,
raconte M. Kibonge. « J'étais impliqué dans plusieurs
groupes dont des associations étudiantes à l'Université, mais ce qui m'a motivé
à m'engager en tant que conseiller, c'était de voir à quel point le niveau
municipal avait un pouvoir de réalisation, de constater que beaucoup de choses
pouvaient se décider au fédéral, au provincial, ou même à l'international, mais
que pour les réaliser et faire les choses concrètement, ça se passait au
municipal », explique-t-il. Ce diplômé en politiques publiques fait alors
sa première campagne en 2017 pour Sherbrooke Citoyen, manque de peu son
élection et réitère en 2021 pour, cette fois-ci, gagner la partie.
Pour le conseiller, le racisme
est à la fois une question personnelle et une question institutionnelle. « J'espère
qu'en étant qu'élu, je pourrais œuvrer à changer un peu la perspective au
niveau administratif, mais pour la perspective personnelle, ça prend souvent beaucoup
plus, notamment un travail d'ouverture à la communauté. Je peux dire que
Sherbrooke est vraiment en avance en ce qui concerne l'accueil et l'intégration
des différentes communautés culturelles des immigrants, même si encore bien des
personnes issues de l'immigration occupent des emplois de cols bleus, qui ne
sont pas des postes à responsabilité. Je pense que je suis le premier
conseiller noir de la région de l'Estrie. Ça vient avec certaines
responsabilités et c'est aussi la preuve qu'il y a un changement de mentalité et
de culture, une ouverture de la part de la population sherbrookoise dont je me
sens honoré », informe-t-il.
Selon lui, Sherbrooke tend
à être un modèle d'intégration, même s'il reste encore bien des choses à faire,
mais chaque ville essaie d'avancer à son rythme. Il remarque aussi que le taux
de population immigrante fait également en sorte que la dynamique change, parce
que quand tout le monde connaît plus ou moins directement quelqu'un qui est
issu d'un autre pays, on laisse place à la normalisation et non à la stigmatisation
des différences culturelles. « Cela se traduit par une façon efficace de
lutter contre le racisme ou les discriminations », note ce passionné de la
vie communautaire qui croit fortement que tout passe par les échanges et la
communication.