L'idée de cette chronique m'est venue d'une personne que j'ai rencontrée récemment et qui me demandait mon avis sur l'entraîneur de son fils.
Celle-ci voulait savoir comment on pouvait déterminer si ce dernier était un bon entraîneur. « Quels sont les indices me permettant de déterminer si celui qui intervient auprès de mon enfant est réellement une personne-ressource fiable et possédant les connaissances nécessaires afin que l'encadrement qui lui est offert soit de qualité », me demanda-t-elle.
Je me suis donc amusé à dresser les différents portraits du type d'entraîneur que l'on peut retrouver en sport collectif, et ce, en fonction du niveau de jeu qu'ils encadrent. Prenons le temps de les décortiquer afin de mieux en saisir les subtilités et ainsi vous aider à mieux cerner celui qui interviendra auprès de votre fils ou votre fille.
L'intervenant-accompagnateur
L'entraîneur possédant peu d'expérience et somme toute peu de connaissance face au sport dans lequel il intervient, représente pour moi un « intervenant-accompagnateur ». Souvent nommé dû à un manque de candidat de qualité ou tout simplement de candidat disponible, ce sont souvent des parents-bénévoles ou volontaires qui donnent du temps auprès des enfants (dont leur fils ou leur fille) parce qu'ils jugent importants d'apporter une certaine contribution à l'association sportive qui régit le sport en question. Ils tiennent souvent à être présents auprès de leurs enfants tout en étant conscients qu'ils n'ont pas nécessairement les connaissances ou compétences requises pour effectuer leur rôle d'entraîneur. Ils seront donc des « accompagnateurs » tout au long de la saison sportive de leur enfant et s'assureront que les enfants aient avant tout du plaisir. On retrouve très souvent ce type d'intervenant auprès des plus petites catégories et au niveau participatif.
L'entraîneur efficace
Sans être un maître du coaching et sans avoir des acquis académiques liés à son sport ou à l'activité physique, l'entraîneur efficace réussit à créer des conditions permettant à ses joueurs ou joueuses de vivre des réussites en planifiant des éducatifs respectant leur niveau d'habiletés actuelles, ce qui favorisera du même coup un certain degré d'apprentissages moteurs et cognitifs. Ce dernier est généralement un bénévole possédant une feuille de route parsemée d'expériences riches en qualité et en vécu. Tout en étant conscient qu'il a encore beaucoup de choses à apprendre, il acceptera d'être encadré et observé afin d'améliorer la qualité de ses interventions auprès de ses apprenants. Il s'agira souvent d'un ancien joueur qui voudra redonner à son sport et aux jeunes et qui, par son vécu sur le terrain comme ancien joueur, partagera une partie de ses expériences avec ces derniers. L'entraîneur efficace idéal demeure sensiblement ouvert d'esprit et acceptera assez facilement de sortir de sa zone de confort afin d'être encadré et supervisé de façon à s'améliorer au fil du temps. On retrouvera généralement ce type d'entraîneur à des niveaux participatifs, mais aussi à l'occasion dans les niveaux compétitifs.
L'entraîneur compétent
Selon moi, en plus de posséder les caractéristiques énumérées pour l'entraîneur efficace, l'entraîneur compétent possède en plus un bagage intéressant au niveau académique (études universitaires de premier cycle, formations théoriques, techniques et pratiques de base en entraînement, etc.) et une expérience pratique de grande qualité comme joueur et comme entraîneur qui lui permettra d'amener ses joueurs à un niveau que l'entraîneur efficace ne sera pas capable d'atteindre. Il possédera aussi certaines notions de base face au développement à long terme de l'athlète (DLTA) et axera ses interventions en conséquence sans toutefois entrer trop dans les détails, n'ayant pas nécessairement les connaissances requises pour ce faire.
L'entraîneur expert ou de haut niveau
Même s'il est difficile d'objectiver la notion d'entraîneur expert ou de haut niveau, il existe selon moi certains critères qui rendent un entraîneur tout près de cette notion. Il s'agira souvent d'un entraîneur possédant les acquis de l'entraîneur compétent, mais avec beaucoup plus de profondeur et d'expériences de qualité vécues à toutes les étapes de sa carrière d'entraîneur. Côté académique, ce dernier possédera un cursus impressionnant (études universitaires de 2e ou 3e cycle, formation d'entraîneurs de haut niveau, expériences pratiques de très grande qualité). Ce dernier sera non seulement un professionnel de l'entraînement, mais également un enseignant et un pédagogue hors pair. Il sera considéré comme pédagogue par ses actions et par les objectifs visés et atteints.
Si l'on considère qu'un athlète de haut niveau doit effectuer 10 000 heures d'entraînement pour arriver à un tel statut, on peut facilement penser qu'un entraîneur expert doit lui aussi atteindre des milliers d'heures au niveau de l'encadrement aux athlètes. Il possèdera une capacité d'analyse et d'évaluation au-dessus de la moyenne. Ses connaissances techniques et tactiques seront plus élevées et il connaîtra son sport de façon plus approfondie que la plupart des entraîneurs. L'entraîneur expert ou de haut niveau possède plusieurs outils dans son coffre acquis au fil d'expériences riches et de grande qualité. Il aura aussi des connaissances accrues en planification, en gestion et périodisation de l'entraînement, et en principes d'apprentissages.
Il doit avoir reçu la formation nécessaire pour reconnaître et comprendre ces principes d'apprentissage et les avoir appliqués dans des situations réelles. Il fera preuve d'un grand leadership et sera un modèle pour ses joueurs ou ses joueuses. Il sera structuré et en mesure de prévoir des éducatifs respectant un ordre logique tout en respectant le niveau d'habiletés individuels des athlètes qu'il a sous ses ordres afin que ceux-ci soient en mesure de vivre des apprentissages en fonction de leur capacité. L'entraîneur expert sera d'ailleurs en mesure d'évaluer les subtilités et les nuances d'une habileté et d'ajuster ses actions futures en conséquence. Bref, il doit être en mesure de formaliser ses expériences tout en optimisant ses méthodes d'entraînement.
Ce type d'entraîneur démontrera aussi de belles capacités d'analyse qui l'amèneront éventuellement à agir comme superviseur afin d'encadrer les entraîneurs, ce qui, avouons-le, est un art qui n'est pas donné à tous. L'entraîneur expert ou de haut niveau est très rare et quand une fédération en possède un dans son sillon, elle en profite généralement pour le faire intervenir dans des postes clés au niveau de ses programmes d'excellence. Il sera souvent utilisé comme expert-conseil, superviseur, directeur technique ou à tout autres postes pouvant servir à améliorer les athlètes ainsi que les structures des fédérations concernées.
Est-ce important d'avoir joué pour être un bon entraîneur?
Selon moi, il est difficilement concevable de se prétendre compétent ou expert si on n'a pas pris le temps de faire ses classes dans des programmes sportifs où l'excellence et la rigueur sont omniprésents. De plus, j'ai beaucoup de difficulté à concevoir qu'un entraîneur puisse atteindre un haut niveau de crédibilité sans avoir au préalable pratiqué son sport à un certain niveau. En effet, comment un entraîneur peut-il vivre ou ressentir les papillons ou les sentiments de son athlète s'il n'a jamais lui-même vécu cette sensation? Comment un entraîneur de hockey peut-il comprendre ce que ses joueurs ressentent s'il n'a jamais chaussé les patins?
Ne croyez-vous pas qu'un entraîneur qui a déjà lancé au baseball alors que les buts étaient remplis avec une marque égale en fin de match risque de mieux comprendre ce que ressent son lanceur versus celui qui n'a jamais lancé une balle de sa vie? Laisseriez-vous votre enfant suivre un cours de piano en étant encadré par une personne qui ne sait pas jouer du piano? Aussi surprenant que cela puisse être, mon sport favori, le baseball, demeure un des rares domaines de la vie où le parent ne se pose pas trop de questions à cet égard. Cela dit, le fait d'avoir joué ne garantit pas nécessairement qu'un entraîneur soit compétent (il ne faut pas faire l'erreur de croire qu'un bon joueur est automatiquement un bon entraîneur), mais c'est sûrement un outil de plus à ajouter à son coffre de connaissances.
Talent naturel ou à développer?
Tel que mentionné précédemment, si l'on prend pour acquis qu'un joueur a besoin de s'entraîner pour devenir meilleur, on peut donc présumer la même chose pour l'entraîneur. Cependant, tous ne sont pas voués à un tel talent. Certains jeunes joueurs peuvent s'entraîner durant plusieurs années sans toutefois réellement atteindre le niveau dont ils rêvaient, et ce, pour différentes raisons (prédispositions génétiques, savoir-faire moteur déficient, etc.).
Dans le cas d'un entraîneur, il peut améliorer ses connaissances par de la formation et être très passionné, mais s'il ne possède pas le talent naturel associé au coaching, il verra rapidement son rêve s'évanouir. En effet, ce n'est pas donné à tout le monde d'être structuré, enseignant, pédagogue, bon communicateur, motivateur et d'avoir une excellente capacité d'analyse et de gestion du stress tout en étant un bon technicien et tacticien. Beaucoup d'entraîneurs sont passionnés, ce qui est une excellente qualité, mais ça prend plus que de la passion pour être un excellent entraîneur, ça prend des connaissances et aussi du talent, beaucoup de talent!
Faites attention aux imposteurs!
Malheureusement, il n'est pas rare de voir des entraîneurs imposteurs se glisser dans notre système sportif. À cet effet, il est inquiétant de constater que ces derniers se faufilent parce qu'ils ont des contacts privilégiés avec des décideurs ou parce qu'ils ont tout simplement le tour pour emberlificoter les gens. Je suggère souvent aux parents qui inscrivent leurs enfants dans une activité sportive ou des programmes sportifs d'excellence et de haut niveau de valider le niveau de compétence ou d'expertise de ces « fameux entraîneurs » qui sont, la plupart du temps, de beaux parleurs, mais ayant peu de connaissance et avec peu de vécu de qualité.
Il n'est pas rare d'entendre ce type d'entraîneurs proclamer qu'ils ont plusieurs années d'expérience dans le coaching, mais qu'en est-il de celles-ci? Ces années d'expérience que l'on nous balance à gauche et à droite sont souvent floues et subjectives. Un entraîneur peut aussi bien répéter les mêmes erreurs année après année et dire qu'il est expérimenté. Dans les faits, il n'a fait que répéter ses erreurs et n'a pas du tout évolué et acquis les compétences ou l'expertise nécessaire pour se proclamer un « entraîneur expert », ou à tout le moins, un « entraîneur compétent ». Il a donc un an d'expérience parsemée des mêmes erreurs qu'il a répété chaque année durant vingt ans! J'en connais quelques-uns qui entrent dans cette catégorie, est-ce votre cas?
Comme parents d'un jeune qui évolue à un niveau d'excellence, n'hésitez pas à poser des questions et à vérifier avec qui vous faites affaire. Vérifiez ses acquis académiques, ses réelles expériences et si elles sont signifiantes. A-t-il joué et coaché à un certain niveau? Quelles sont ses expériences et son évolution en coaching? Connaît-il les principes d'apprentissage en entraînement? Les principes physiologiques et les filières énergétiques? L'entraînement physique général et spécifique? La périodisation? Est-il en mesure d'adapter ses interventions en fonction des individus? Sans être vous-même une personne experte, ces quelques éléments de vérification vous en diront beaucoup sur celui à qui vous confiez votre enfant, mais, prenez garde aux beaux parleurs, car il y a beaucoup plus d'imposteurs que l'on croît.
Si vous désirez me suggérer un sujet pour cette chronique ou si vous avez une question à laquelle vous aimeriez que je réponde, n'hésitez pas à communiquer avec moi sur Facebook ou sur mon adresse courriel.
