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La fourchette de Valérie – Paradis d’Asie

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Valérie Ambeault Par Valérie Ambeault
Jeudi le 27 août 2015

Il y a de ces mets à qui je garde une place sporadique dans mon alimentation. Les plats asiatiques font véritablement partis de mon équilibre de goût. J'adore le surette, j'ai une dépendance au sucré, je pourrais vendre mon âme pour une portion de croustilles salées, mais je suis d'autant plus amoureuse du parfum piquant. Une fois par semaine, ce n'est pas mêlant, le goût d'un bon Pad Thaï refait surface.

J'écoute mon corps et mon GPS de gourmande me trace le chemin vers une rue très fréquentée. Sur la rue King Ouest, se situe un restaurant vietnamien, cambodgien et thaïlandais : Paradis d'Asie.

Cette institution ouvre ses portes chaque matin, sauf le lundi, depuis 1990. Sur le plancher, j'ai croisé la maître d'œuvre de cette belle chorégraphie, la propriétaire, madame Kun Prak. Elle est souriante, avenante, engagée, déterminée... Bref, c'est un cœur sur deux pattes.

Je prends place dans un petit restaurant chaleureux. Un treillis vert au plafond, une chute d'eau intérieure, du bambou partout et des plantes dans chaque regard. Il y a ici une zénitude certaine. Une petite musique douce englobe la salle à manger; non mais vraiment, c'est comme un espace détente express au milieu de notre Sherbrooke en mouvement.

Seuls deux téléviseurs viennent nous ramener à la réalité. Le fils de la patronne travaille au restaurant depuis 2006. Kunthearith Alexandre Lim-Prak me dirige avec aisance dans les aléas du menu. Il y a tellement de choix que les directives du serveur ne sont pas à négliger.

Vous êtes un habitué du Thaï du commerce ? Ici, c'est loin d'être la même chose. Chez Paradis d'Asie, c'est la Ligue nationale de ces plats désormais commercialisés dans le fast-food.

Le menu est segmenté en plusieurs piments. L'échelle est en crescendo : un piment égal une douceur pimentée; deux piments, nous augmentons l'apport provocant du piment. Un couple de clients habitués siège en diagonale de nous dans le restaurant. Eux, c'est clairement un quatre, mais on acquiert ce statut progressivement. Ce n'est normalement pas une situation de première rencontre.

Mon entrée forme déjà un beau cercle sur ma table. Une soupe au curry avec vermicelles et lime. La couleur jaune pimpante ne ment pas. Juste à l'odorat, ce sera une des meilleures soupes que j'ai goûté dans ma vie.

Au Québec, les soupes, c'est relié à l'entrée, en portion plutôt modérée. Alors que pour eux, le bol est toujours plus grand. Une soupe presque pour déjeuner tellement c'est ancré dans leur culture culinaire.

Pendant que j'y trempe ma louche, les enfants se partagent des rouleaux du roi. Mon copain se tourne vers une version aux crevettes. Ils sont délicieux, craquants, bourrés de gros morceaux de crevettes. Et hop!, une trempette dans la sauce et le tour est joué.

Il y a au bas mot au moins 1000 rouleaux par semaine qui quittent la cuisine vers un monde de dégustation. Madame Prak façonne ses rouleaux en plein cœur de la nuit en chantonnant. Elle travaille vite et bien. Stressée ? Non, jamais. En fait, elle médite mentalement tout en combinant son travail de production. On pourrait aussi appeler ça une usine à rouleaux. C'est possible d'en acheter au restaurant et de les amener à la maison ensuite. Déjà cuits ou à cuire à la maison, c'est donc votre choix.

Après un consensus, les adultes à notre table ont choisi de commander de l'eau et des sodas à profusion. C'est possible d'y apporter notre vin. Même si certains cépages relèvent magnifiquement bien les saveurs plus punchées, je demeure ultra classique avec un pichet d'eau géant à partager. Un truc de la propriétaire madame Prak pour atténuer le piquant en bouche ? Définitivement, le riz blanc adoucit. Avant que nos larmes coulent, osons balancer la bouchée parfaite dans notre fourchette.

Je fais connaissance avec mon Pad Thaï au poulet. La sauce est succulente. Piquante oui. Sans cachette, j'avais sélectionné un deux piments dans l'échelle audacieuse. Mon chum a opté pour un plat de vermicelles au lait de coco avec légumes croquants et fruits de mer.

L'objectif de la proprio, c'est de partager les traditions. Aucune américanisation des recettes n'est permise, tout est fait maison. Même que les clients voyageurs qui s'assoient à ses tables le font souvent en prévision d'un voyage quelconque en Asie.

Fiston mange ses légumes avec d'autres petits rouleaux. Oui oui! il désirait encore en manger! Une question existentielle tombe pile sur la table. « La sauce soya maman, pourquoi leur sauce soya n'est pas salée comme la nôtre? »

Je m'empresse de le demander au serveur. En fait, la vraie sauce soya n'est pas si salée, elle est plutôt sucrée même. La restauratrice affirme utiliser la meilleure au monde, la Maggi.

Une fois cette question élucidée, nous enchaînons notre valse avec un dessert. Un beignet aux bananes et une crème glacée frite. C'est comme mes meilleurs souvenirs d'Old Orchard Beach. Nous avons facilement partagé en deux la finale sucrée.

Une carte fidélité est également un plus pour le resto. On cumule des repas et rapidement nous arrivons à des rabais ou à une gratuité.

Pour un midi d'affaires, une sortie en couple rapide, un take-out ou pour célébrer un anniversaire en soirée, le Restaurant Paradis d'Asie devra s'ajouter à votre pèlerinage gustatif. Et attention, depuis 1990, c'est le bouche-à-oreille qui amène la visite à franchir la porte.

Allez, quittez Internet et dites-le à vos amis.


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