(Confidence) J'ai rencontré un homme merveilleux, un homme d'affaires articulé, intelligent, reconnu dans son milieu. Moi, l'entrepreneure, la femme accomplie avec 26 employées j'attendais le jour où ce serait le match, quelqu'un qui serait mon alter ego...
J'ai rencontré un partenaire, propriétaire d'entreprise. J'ai eu peur au début tellement il avait du cran et de la veine. Mais depuis le temps où je cherchais quelqu'un qui marcherait solidement à mes côtés, mon équivalent...
Puis... dans un cas, après quelques mois, dans l'autre après quelques années, on fonce dans le mur du son... la réalité est là dans toutes sa véracité.
Ce mur s'appelle les limites de l'autre, celui que l'on frappe comme amoureux, comme membre d'une famille, comme thérapeute. La cloison des possibles de l'autre et parfois de son libre arbitre. L'image m'arrive comme celui de l'annonce du praticien au patient : « Madame, votre enfant ne parlera jamais »... « Monsieur, votre petit amour sera prisonnier pour toujours de son corps sans contact avec le monde ».
Ce constat vertigineux est une chute libre aux confins de son propre univers intérieur.
La personne que tu aimes malgré toutes ses forces et ses possibles n'est pas ce que tu avais imaginé; les angles attrayants ne révélant pas les aspects en carence des autres facettes.
Le merveilleux homme d'affaires est tout ce qu'il a présenté, oui, mais exclusivement dans le dossier entreprise. Inimaginable que le volubile « match », était aphasique en ce qui concerne les affaires de cœur. Dans cet intervalle, il a quatre ans, sans langage, sans compréhension du pouvoir des mots puisque, blessé dans son enfance, sa croissance affective s'est atrophiée à ce stade : Madame, votre enfant ne parlera plus (des choses du cœur!).
Le partenaire de cran et de veine n'a ce chapeau de fonceur que dans un pan de son monde qui semblait si vaste. Pourtant il est tellement à l'étroit hors de son champ d'expertise, invalide! Ah!... Tout coulait quand il a pris une sabbatique la première année, lors de la rencontre, mais dès que sa roue s'est remise en mouvement, plus rien!
Pourtant, les échanges qui semblaient faciles, donnent aujourd'hui parfois une impression d'aboutir, pour ensuite confronter la dure réalité que tout ce qu'il a retenu de mon discours, c'est à quel point je parle chinois. Je ne fais qu'accentuer son sentiment d'impuissance; au fait, je l'épuise! Pendant que je voyais la lueur, lui... le trou noir!
Au fait, on ne parle pas le même langage, on ne regarde pas le même horizon, on n'est simplement pas au même stade!
Et là, s'amorce l'effort pour accompagner l'autre, voire le forcer à comprendre, à s'élever, guérir, évoluer. Implorer dans le désespoir anticipé de la perte, qu'il acquiesce, quitte à défrayer les coûts pour lui, à une levée du voile, qui dans certain cas, semble si mince qu'on est à un millième près de la fusion d'âme... et l'on s'accroche au filon d'espoir lumineux... éminemment douloureux... On veut pour deux, on s'explique on ... on... et on revient à la case départ : l'autre, tout comme soi, maintenant ou jadis, a son propre chemin d'évolution à faire, ses escalades tout comme ses descentes vertigineuses à vivre, et il a, tout comme soi à chercher son chemin de sortie hors de ses misères personnelles. L'humain est ainsi fait : il ne se dégagera pour personne; il ne bougera que si lui souffre suffisamment.
Le lâcher-prise prend ici tout son sens. Pour Dieu, les anges, les guides, rien n'est plus sacré que le libre arbitre humain et cette liberté d'être, personne n'a d'emprise dessus, pas même l'amour le plus éloquent!