Par crainte de
représailles, la professionnelle a demandé à garder le couvert de l'anonymat.
Depuis 12 ans, les massothérapeutes peuvent suivre une
formation pour traiter les douleurs en utilisant les énergies invasives, par
exemple un stimulateur musculaire. Plusieurs centres offrent cette formation. Pourtant, la pratique est strictement réservée aux physiothérapeutes... depuis
2003!
Estrieplus.com a mis la main sur un courriel envoyé le 29
septembre par l'Association professionnelle des massothérapeutes spécialisés du
Québec, Mon Réseau Plus, à tous ses membres, les avertissant de cesser leur
utilisation des appareils.
« Notre interprétation
de la loi nous avait toujours porté à croire que seuls les appareils à ultrason
faisaient l'objet d'un usage réservé. Toutefois, les précisions apportées
récemment par l'OPPQ [Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec,
nldr] stipulent clairement que les
énergies invasives comprennent les formes d'énergie pénètrent au-delà de
l'épiderme ou des muqueuses notamment les appareils à ultrasons, intrasons,
ondes de choc radiales, courant interférentiel, ainsi que les TENS et
stimulateurs musculaires », pouvait-on lire dans le courriel.
Une règle
soudainement claire
L'article
37.1 du Code des professions est sans équivoque : Tout membre d'un des ordres professionnels
suivants peut exercer les activités professionnelles suivantes, qui lui sont
réservées dans le cadre des activités que l'article 37 lui permet d'exercer:
[...] 3° l'Ordre
professionnel de la physiothérapie du Québec: [...] e) utiliser des formes d'énergie
invasives;.
Une restriction d'usage validée par Thierry Voglr, directeur
des communications de l'OPPQ.
Selon nos informations, les formations sont dispensées et
les appareils vendus à forts prix malgré la restriction, écrite noire sur
blanc, dans le Code des professions.
À la Fédération québécoise en massothérapie (FQM), un autre
regroupement professionnel de massothérapeutes, on refuse et interdit l'utilisation
d'appareils par les massothérapeutes pour respecter les champs d'expertise des
différentes professions.
C'est ce qu'a confirmé au journal la directrice des
communications par intérim de la FQM, Sonia Zennaf.
« Il y a des activités qui peuvent se ressembler, mais tout
est fait dans un esprit de collaboration avec les autres professions. La
massothérapie, c'est des manipulations du corps par le corps, et non avec des
machines », souligne Mme Zennaf.
Des professionnels en
colère
Nathalie (nom fictif) est en colère contre son association. Formée
entre 2002 et 2005 à l'Académie de massage scientifique, elle traite les
douleurs de ses clients à l'aide des énergies invasives depuis quatre ans. Le
courriel reçu le 29 septembre l'oblige à cesser les traitements.
« Si en 2003, le Code des professions affirmait qu'on ne peut
plus s'en servir, pourquoi personne ne m'a avertie? Ma formation s'est
poursuivie, personne n'a rien dit! J'ai 8000 $ d'investis en formation et
pour la machine, et j'ai des patients qui sont satisfaits du traitement. Je
fais quoi maintenant? »
Pour la professionnelle, la seule excuse de son association,
soit d'avoir mal interprété la loi, est inacceptable. Aucune autre information
n'est parvenue aux membres quant à la suite des choses.
Au moment de mettre en ligne, Mon Réseau Plus et l'Académie
de massage scientifique n'avaient pas rappelé Estrieplus.com pour clarifier la
situation.