Ravie de sa participation au Gala de l'Association des photographes professionnels du Québec (APPQ) qui se tenait à Québec dernièrement, Manon Rousso, maître photographe vivant à Lingwick, en revient chargée d'honneur. Tirés de ses archives, elle a offert cinq portraits dont deux lui ont valu de prestigieux prix. « Secrètement caché, j'ai extirpé un négatif exposé en 2002 pour le présenter aux juges. Pour La grande traversée, j'ai obtenu le droit de l'intégrer à la collection permanente de l'APPQ », racontait-elle encore émue. Prise en hiver, dans une carrière de sable enneigée, la photo montre un barbu de blanc vêtu portant bâton qui semble s'extraire d'une formation nuageuse pour se diriger vers une nouvelle destination éthérée. Son autre cliché Ma fille, mon ange provient d'un négatif infrarouge monochrome pris en l'an 2000. « Je sentais qu'elle devait avoir une dominante bleuâtre », annonçait la maître photographe. Le rendu aigue-marine de la fille et sa mère et l'éclairage accentué autour des personnages donnent à cette dernière une dimension esthétique qui a impressionné les juges. Ils lui ont attribué le trophée dans la catégorie commerciale Portrait de couple. Après une absence de cinq ans au titre de compétitrice, Mme Rousso désirait s'assurer de toujours posséder la fibre sacrée. « Je voulais vérifier si j'étais encore capable de faire de la bonne photo ou si je devais arrêter », confiait celle qui a su évoluer avec la technologie et les retouches des épreuves électroniques. « Tous les portraits sont retravaillés, le médium est là, le monde l'utilise », expliquait-elle, fière de ses œuvres. Mme Rousso se situe à la croisée des chemins à son avis. Son rêve, enseigner la photo.