Dans le cadre d'une stratégie régionale de lutte contre les
espèces aquatiques envahissantes (EAE), le Conseil régional de l'environnement de l'Estrie (CREE) annonce la publication
de la première liste des plans d'eau contaminés dans la région de l'Estrie dans
une conférence de presse organisée en collaboration avec l'Association pour la protection du Lac Brompton (APLB). Cette initiative vise
à sensibiliser le public, à faciliter la gestion des sites contaminés et à
prévenir de nouvelles introductions d'espèces problématiques.
Cette étude cruciale a été réalisée dans le cadre du projet « Gouvernance stratégique régionale,
interrégionale et québécoise de l'enjeu des espèces aquatiques envahissantes
(EAE), le transfert de connaissances et la coordination sur le terrain
», financé par le ministère Pêches et Océans Canada. Plusieurs conseils
régionaux de l'environnement sont au cœur de ce projet, soient le Regroupement
national des conseils régionaux de l'environnement du Québec et les conseils
régionaux de l'environnement de l'Estrie, de l'Abitibi-Témiscamingue, des
Laurentides et de la Montérégie. C'est dans ce contexte que le CREE développe
en ce moment la stratégie régionale de lutte contre les espèces aquatiques
envahissantes, dans laquelle la liste des plans d'eau contaminés s'insère.
Le développement de cette liste s'inspire des meilleures pratiques observées
dans des régions voisines telles que New York et le Vermont, qui ont déjà mis
en place des outils similaires avec succès. « Nous avons constaté
l'efficacité de ces listes comme outil de sensibilisation et de gestion proactive
», explique Dr David O'Connor, chargé de projets en environnement au CREE.
Actuellement, la liste comprend 61 plans d'eau identifiés comme contaminés par
diverses espèces aquatiques envahissantes. Les plans d'eau sont classés en deux
niveaux de risque en fonction de la facilité avec laquelle les espèces peuvent
être introduites ou propagées involontairement. Les plans d'eau de niveau rouge
contiennent des espèces comme les moules zébrées (Dreissena polymorpha) et les vivipares
géorgiennes (Viviparius
georgianus) et chinoises (Cipangopaludina
chinensis), ainsi que d'autres organismes possédant un stade de vie
planctonique, difficiles à détecter visuellement. Le niveau jaune concerne des
espèces où le risque de propagation est jugé plus facilement gérable avec des
mesures de contrôle appropriées, comme les plantes et les poissons
envahissants. En tout, ce sont 19 plans d'eau classés rouge, et 42 plans d'eau
classés jaunes qui sont recensés en Estrie.
David O'Connor indique cependant que la liste est évolutive et sera mise à jour
régulièrement à mesure que de nouvelles données seront recueillies.
« Cette liste n'est pas exhaustive. Il faut partir du principe que si un
lac n'est pas mentionné sur la liste, il doit être considéré comme contaminé au
niveau rouge, faute de preuve contraire.», précise l'expert. « Il est
également essentiel que les résidents de l'Estrie restent vigilants et
signalent toute observation suspecte à travers des plateformes comme
l'application mobile SENTINELLE du ministère de l'environnement et
l'application iNaturalist. »
Lors des recherches ayant contribué à la rédaction de cette liste, c'est la
vivipare géorgienne qui a été découverte au Lac Brompton. La collaboration
précoce du CREE avec l'APLB, et la proactivité de cette dernière permettent à
ce jour une action rapide pour limiter l'envahissement du mollusque. Cependant,
l'association travaille également activement pour éviter l'introduction de
toute nouvelle EAE dans le Lac. M. Jean Nadeau, président de L'APLB, a
d'ailleurs invité les municipalités entourant le Lac Brompton à travailler main
dans la main pour mieux réglementer l'accès à l'eau et rendre le lavage des
embarcations obligatoire, en assurant le soutien de l'APLB dans leurs
démarches.
Finalement, le RAPPEL a souligné l'importance cruciale de nettoyer rigoureusement
les embarcations selon la méthode « Inspecter, laver, vider,
sécher », en utilisant de l'eau chaude à 60°C et en respectant les durées
recommandées par le ministère de l'environnement. Ces mesures assurent la mort
de toute EAE sur les embarcations. L'organisme effectue d'ailleurs plusieurs
journées de sensibilisation sur le lavage des embarcations ce mois-ci. Pour
plus de détails sur les techniques de lavage des embarcations, il est possible
de consulter le site Web du RAPPEL ainsi que la page dédiée aux Méthodes pour prévenir l'introduction et la propagation
d'EAE du Ministère de l'environnement.
« La présence d'espèces aquatiques envahissantes peut avoir des conséquences
graves sur nos écosystèmes locaux, mais aussi nos activités de loisir et la
qualité de nos infrastructures d'eau potable. », souligne Dr David O'Connor.
« C'est pourquoi il est essentiel que nous agissions ensemble, au-delà des
frontières administratives, pour protéger nos plans d'eau et prévenir de
nouvelles introductions. »
En conclusion, le Conseil régional de l'environnement de l'Estrie invite tous
les utilisateurs des plans d'eau à adopter des pratiques responsables pour
prévenir la propagation des EAE et protéger nos magnifiques plans d'eau
estriens.
Dix-neuf (19) plans d'eau sont de niveau Rouge en Estrie. Ce
niveau de contamination
indique la présence d'une EAE avec un stade de vie planctonique
invisible à l'œil nu. La
présence de ce type d'espèces implique une nécessité absolue de
décontamination à l'eau
chaude, avec une pression haute puis basse, de toute embarcation
et matériel entré en
contact avec l'eau contaminée. L'eau chaude à haute pression est
utilisée pour enlever les
EAE qui peuvent être installées à l'extérieur de l'embarcation,
tandis que la pression basse
est nécessaire pour tuer les individus qui se trouvent dans les
espaces clos de
l'embarcation (p. ex. : les viviers, le fond de cale, le système
de refroidissement du moteur,
les ballasts des bateaux Wake, etc.). Concernant les ballasts
des bateaux Wake, ces
derniers étant impossibles à vider au complet, il est important
de noter qu'ils peuvent
héberger des larves d'EAE pendant plus de 30 jours s'ils ne
subissent pas de rinçage à l'eau
chaude.
Quarante-deux (42) plans d'eau sont de niveau Jaune en Estrie.
Ce niveau de
contamination indique des plans d'eau possédant des EAE évaluées
comme étant plus
faciles à retirer. Celles-ci incluent plusieurs plantes pour
lesquelles un lavage à haute
pression et une vérification des espaces clos pourraient réduire
le risque de propagation.
D'autres espèces considérées dans le niveau Jaune sont des
poissons pour lesquels le
transport et l'introduction accidentelle dans un nouveau plan
d'eau sont presque
impossible.