Nous sommes à Bali
depuis quelques semaines et une visite de l'Île de Komodo est prévue à notre
horaire.
L'Île est desservie par un seul vol et les deux lignes aériennes s'y
rendant sont inscrites sur une liste noire de Skytrax Air Travel Rating (site
web intéressant à consulter quand vous ne connaissez pas la compagnie aérienne
avec laquelle vous voyagez). Pas très rassurant, mais nous achetons quand même
nos billets pour le surlendemain. C'est Transnusa Airlines qui nous y amène et
ce transporteur vole seulement entre Bali et ces petites îles. Nous ne sommes
que 14 personnes à prendre cet avion préhistorique et je suis assise vis-à-vis
une hélice. Robert essaie de me rassurer, mais l'heure et trente de vol m'aura
paru une éternité.
L'avion atterrit à Lubang Bajo sur l'Île de Flores, la plus grande des Îles de
la Sonde. Nous sommes toujours en Indonésie dans l'océan Indien et c'est à
partir du port de mer de cette ville que nous prenons le lendemain un bateau
pour se rendre sur l'Île de Komodo.
Le départ est très tôt, à 6 heures du matin, et vers 8h30 nous accostons à un
quai appartenant au Parc national de Komodo qui fut créé en 1980 et qui se
classe depuis 1989 sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. Sur présentation de
nos passeports et visas nous recevons une passe d'un jour pour le Parc. Nous
devons cependant être accompagnés d'un Ranger. Le nôtre se prénomme Hermann et
il parle très bien l'anglais.
Après s'être procurés plusieurs litres d'eau et chaussés de bons espadrilles,
nous voilà partis en suivant notre guide sous un soleil brûlant de 38 degrés C.
J'ai très vite enlevé mes verres fumées car je suis devenue une éponge
ruisselante. On ne se décourage pas, on veut voir des dragons.
La piste longe des collines rocailleuses couvertes d'une savane sèche parsemée
d'épineux qui font contrastes avec les plages de sable que nous venons de
quitter. Nous observons une grande variété d'oiseaux, surtout des cacatoès. À
un certain moment, tout le monde arrête de marcher et ENFIN nous voyons l'un
des plus gros dragons de l'île selon notre guide. Ce varan est bien visible et
est tout allongé sur un tas de roches. Au dire de notre guide, bien que la
plupart du temps ces animaux semblent plutôt somnolents, ils peuvent atteindre
la vitesse de 20 kilomètres/heure en une fraction de seconde. Les hommes ne
faisant pas partis de leur chaîne alimentaire, ils ne sont pas vraiment
dangereux pour nous, mais il faut quand même rester vigilants. Il leur arrive
parfois d'être cannibales et de manger leurs bébés varans.
La découverte de ces dragons remonte à près de 100 ans lors de l'écrasement
d'un avion dans la mer de Komodo durant la Première Guerre mondiale. Ce sont
les plus gros lézards au monde. Ils peuvent atteindre jusqu'à 3 mètres de long
et peser jusqu'à 150 kilogrammes... Et ils sont environ 5700 dans le Parc. Tout
le long de notre parcours nous voyons aussi des carcasses de cochons sauvages
et de buffles d'eau. Ce sont leurs proies préférées. Ils détectent aussi la
charogne à des kilomètres. Un dragon adulte peut consommer jusqu'à 80% de son
poids corporel en un seul repas. Il y a une bactérie dans leur salive que lorsqu'ils
mordent une proie, celle-ci est infectée et meurt quelques heures après d'une
septicémie.
Notre guide nous a montré des oeufs, environ une vingtaine recouverts de mousse
des champs. Ce qui est très particulier chez ce reptile, c'est que la femelle peut
donner naissance à des bébés sans avoir été fécondée par un mâle. Difficile à
comprendre...
Normalement, il est interdit d'avoir des dragons de Komodo chez-soi, mais
certains passionnés des reptiles parviennent tout de même à s'en procurer.
Faites-vous parti de ces incorruptibles de la faune sauvage ? Si non, vous
pouvez toujours les voir dans les zoos de Singapour, Londres, Washington et,
depuis peu de temps, à Toronto si vous n'allez pas sur l'Île de Komodo.