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Notre histoire en archives – Les gares ferroviaires de Sherbrooke


Par Gregory Savioz-Buck, stagiaire aux Archives nationales à Sherbrooke
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Archives nationales à Sherbrooke Par Archives nationales à Sherbrooke
archives.sherbrooke@banq.qc.ca
Jeudi le 4 août 2022

Au Québec, les XIXe et XXe siècles voient le réseau de chemin de fer prendre de l'expansion : plusieurs villes et villages ont désormais leur gare ferroviaire. Au fil du temps, certains de ces bâtiments sont appelés à disparaître afin de laisser place à la modernité. D'autres, par contre, conservent leur place au milieu des nouveautés architecturales et continuent à ce jour de marquer le paysage québécois. Ainsi, malgré la transformation des besoins en matière de transport, plusieurs localités possèdent encore des gares ferroviaires. Pour assurer leur préservation, certaines villes les classent à leur patrimoine matériel, tandis que d'autres les rénovent ou revoient leur vocation. À Sherbrooke, deux stations ferroviaires ont ainsi adopté de nouvelles missions.

Union Station de Sherbrooke

 

Vue sur la Union Station de Sherbrooke, où se trouve actuellement la microbrasserie Siboire, sur la rue du Dépôt, [avant 1905]. Archives nationales à Sherbrooke, collection Freeman Clowery (P14, S71, P151). Photographe : A. Z. Pinsonneault.

 

Entre 1845 et 1853, on construit une ligne de chemin de fer reliant Montréal à Portland, dans le Maine. En 1852, Sherbrooke est choisie pour faire partie des arrêts de la ligne; une station y est donc érigée. Dès lors, la ville connaît un essor industriel et commercial important. En 1890, la première station est remplacée par la gare actuelle, sur la rue du Dépôt. Partagée par diverses compagnies, elle prend le nom de Union Station. Cette nouvelle gare est plus grande que la précédente et possède un deuxième étage. Elle est surtout plus pratique, puisque le chemin de fer est aménagé à l'extérieur du bâtiment : les trains ne passent donc plus dans la gare, comme c'était le cas auparavant. Cet aménagement facilite son agrandissement en 1907, devenu nécessaire en raison de l'afflux croissant de visiteurs et de marchandises à Sherbrooke. 

En 1923, le Canadien National (CN) devient propriétaire du bâtiment, d'où le changement de son appellation. À partir de décembre 1964, à la suite de l'ouverture de l'autoroute 10, la gare du CN est de moins en moins utilisée. Elle accueille ses derniers voyageurs en 1994. 

La gare du CN de Sherbrooke est classée au patrimoine matériel de la ville au début des années 2000, en raison de son importance dans l'histoire de la municipalité et de son architecture particulière. Cette dernière est d'abord fonctionnelle, mais elle est agrémentée d'éléments décoratifs tirés de l'architecture domestique, qui donnent à la gare un caractère unique. 

En 2003, la compagnie de transport en autobus Limocar devient propriétaire du bâtiment. En 2007, la microbrasserie Siboire s'y installe à son tour. Cette dernière en devient propriétaire en 2018, peu après que Limocar a déménagé ses bureaux dans un bâtiment voisin, sur la rue King Ouest. Encore aujourd'hui, la valeur historique du bâtiment est loin d'être négligée : le Siboire offre des visites guidées de la microbrasserie, mettant en lumière l'histoire du lieu et des brasseries sherbrookoises. 

    

Gare du Canadien Pacifique

 

Vue sur la gare du Canadien Pacifique, devenue le Marché de la gare de Sherbrooke, [vers 1945]. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Chambre de commerce de Sherbrooke (P1, S6, SS10, D1, P14). Photographe : Roméo Duford.

 

Pour répondre à l'accroissement du développement industriel et commercial de la ville de Sherbrooke, une deuxième gare, celle du Canadien Pacifique, est construite entre 1909 et 1910, à l'embouchure de la rivière Magog (aujourd'hui le lac des Nations). Afin de combler les besoins des voyageurs, de nombreux hôtels et commerces sont érigés autour de cette halte.

La gare deviendra un réel pôle de croissance pour la ville de Sherbrooke. Une série de travaux de construction y sera effectuée au fil du temps afin d'assurer adéquatement le transit des passagers et des marchandises. Notamment, au cours des années 1920, des étages supplémentaires sont ajoutés. Au milieu du XXe siècle, le bâtiment est considérablement allongé.

Progressivement, l'amélioration du réseau routier québécois a raison de la gare du Canadien Pacifique : celle-ci subira le même sort que la gare du Canadien National. Dès 1981, elle ne sert plus au transport de passagers; en 1994, le transport de marchandises y cesse également. Bien que la station soit classée au patrimoine matériel de la ville en 1993, elle demeurera vacante jusqu'en 2006. À ce moment, la Ville de Sherbrooke en fait l'acquisition; elle y apportera des rénovations majeures. À partir de l'année suivante, le bâtiment accueille le Marché public de Sherbrooke, qui propose des produits locaux à longueur d'année, à l'intérieur ou à l'extérieur (pendant la saison estivale). De plus, le train touristique Orford express termine son trajet à l'ancienne gare, rappelant ainsi la mission originale du lieu.

Les lignes et les gares ferroviaires sont importantes dans l'histoire du développement de Sherbrooke. Au XIXe siècle, ce sont elles qui ont permis à la ville de s'établir comme plaque tournante des Cantons-de-l'Est, notamment par la création de liens avec les États-Unis et les autres régions du Québec. Leur histoire demeure bien vivante à travers les bâtiments qui ont toujours pignon sur rue; que ce soit grâce à des entrepreneurs privés ou à un soutien public, les gares ferroviaires de Sherbrooke ont pu se renouveler et participer à établir un pont entre histoire et modernité.

 

 

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Les Archives nationales à Sherbrooke sont situées au

225, rue Frontenac, bureau 401

819 820-3010, poste 6330

archives.sherbrooke@banq.qc.ca

 

Sources

KESTEMAN, Jean-Pierre, Peter SOUTHAM et Diane SAINT-PIERRE, Histoire des Cantons-de-l'Est, Québec, Les Presses de l'Université Laval, coll. « Les régions du Québec », 1998, 830 p.

GRAND QUÉBEC, « Centre d'histoire de Sherbrooke », Grand Québec, Le Québec dévoile ses mystères, grandquebec.com/cantons-est/centre-histoire-sherbrooke/ (consulté le 2 mars 2022). Société d'histoire de Sherbrooke, IS1, fiche 4125, www.histoiresherbrooke.ca/list_sheets.php?uid=10472&category_uid=7&start=15040.

MHIST, « Les marchés publics sherbrookois : une tradition vieille de plus de 180 ans! », Musée d'histoire de Sherbrooke, mhist.org/actualites/les-marches-publics-sherbrookois-une-tradition-vieille-de-plus-de-180-ans/ (consulté le 21 mars 2022).

Ministère de la Culture et des Communications du Québec, « Gare du CN de Sherbrooke », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=93306&type=bien (consulté le 23 février 2022). 

Ministère de la Culture et des Communications du Québec, « Gare du CP de Sherbrooke », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=98893&type=bien (consulté le 23 février 2022). 

« L'Office des Autoroutes du Québec », La Tribune, 21 décembre 1964, p. 6.


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