Lorsque
François Lafleur du journal internet EstriePlus.com., m'a relancée en
octobre pour discuter de l'actualité artistique et culturelle chez nous, la gamine
en moi s'en est trouvée à la fois excitée et fébrile. L'expression « excitée et fébrile comme
une gamine » me vient des insultes et critiques que Ségolène Royal a reçues
et recensées dans son livre, Ce que je peux enfin vous dire, paru en 2018,
alors qu'elle était ministre de l'environnement sous le gouvernement de François
Hollande, en France.
Loin
de moi l'idée de revenir sur « le virage social-libéral » du Parti
socialiste, avec notamment « le pacte de la responsabilité » en France,
mais on peut faire quelques parallèles entre les efforts à consentir des femmes
en politique, qu'elle soit municipale, provinciale ou fédérale, et la place des
arts, de la culture et du tourisme dans le débat socio-démocratique de la
décennie.
Si
on observe que la parité hommes-femmes en politique gagne du terrain au Québec
et au Canada, qu'en est-il vraiment du secteur des arts, de la culture et du
tourisme comme enjeux du mieux-vivre ensemble en cette période pandémique et de
relance économique ?
Excitante
pour le moins, la présente campagne municipale à Sherbrooke risque au mieux d'ébranler
le château fort de l'Hôtel de ville à Sherbrooke. Dans la balance, il nous faut considérer en
effet le départ de sept élu.es parmi lesquels les plus expérimentés, et cette course
à la mairie que se disputent trois candidates et candidate très sérieux, en
provenance des secteurs chauds de l'immobilier, de l'économie, des sciences
politiques.
Pour
avoir suivi de près les engagements des aspirants et aspirante à la mairie en matière
d'art, de culture et tourisme, c'est un vaste chantier qui nous attend au cours
des quatre prochaines années. Admettant
sans détour que les arts vivants, la culture et le tourisme ont été durement touchés
pendant la pandémie et qu'ils restent encore à la traîne, force est d'admettre que
les artistes, les travailleurs culturels et les actants touristiques de la
ville et de la région n'ont pas tort, ici, d'attendre GROS de nos prochains gouvernant.es
ou élu.es.
Pour
réinventer la ville et participer aux défis du 21e siècle post-Covid,
il n'y a pas qu'un pont signature à construire, à édifier.
Évaluer,
choisir, prioriser certes, mais surtout oser.
Oser la création d'un conseil des arts de Sherbrooke, la création d'un
pôle culturel régional phare, la création de résidences et d'ateliers d'artistes
au centre-ville. Oser la bonification de
l'entente de financement sur trois ans entre la ville et le ministère de la Culture
et des communications du Québec. Oser l'augmentation
du financement de la Bibliothèque municipale Éva-Senécal et le renforcement du réseau
des bibliothèques des arrondissements. Oser
la mise à jour et l'application des actions de la Politique culturelle de la Ville
qui arrive à échéance en 2026. Oser le
renouvellement de la politique du patrimoine bâti et considérer la prison Winter,
les manèges militaires et le Domaine Howard comme attraits touristiques majeurs. Oser la culture comme axe de développement touristique
et de relance économique dans la conjoncture actuelle...
Et
pourquoi, en définitive, ne pas positionner Sherbrooke à titre de capitale culturelle,
musicale et touristique au Québec ? Pour
moi, excitée et fébrile que je suis, il y a pire comme aspiration, non ?
Sylvie L. Bergeron,
à la veille du résultat des élections
municipales à Sherbrooke