La deuxième phase de la vaste enquête de santé publique entamée l'an dernier démontre que la santé psychosociale des Méganticois est loin de s'améliorer depuis le 6 juillet 2013. Entre autres, 67 % des adultes manifesteraient des symptômes de stress post-traumatique modérés ou sévères.
Des résultats plus négatifs qu'autre chose
L'enquête populationnelle entamée en 2015 vise à observer la présence d'effets possiblement en lien avec la tragédie de juillet 2013. La phase deux de l'enquête visait 800 adultes de la région du Granit et 800 adultes de l'Estrie.
Selon Dr. Généreux, il y a très peu d'améliorations depuis 2014, « même que l'on note une détérioration de l'état de santé global et psychologique des habitants de Lac-Mégantic. L'an dernier, l'enquête avait ciblé les victimes directes de la tragédie, par exemple ceux qui avaient perdu un proche. En élargissant la cible, on constate que l'impact psychosocial de la tragédie se fait sentir dans la communauté en entier. »
À la question « vous percevez-vous comme en bonne santé? », 20 % des Méganticois ont répond par la négative, une proportion deux fois plus importante qu'en 2014 et qu'ailleurs en Estrie. Par ailleurs, 14 % des adultes sondés en 2015 ont affirmé souffrir d'un trouble anxieux diagnostiqué par un médecin, alors que la moyenne estrienne s'établit à 7 %.
« Vous sentez-vous en sécurité dans votre quartier? » : 13 % des répondants ont affirmé que non, une proportion encore une fois à la hausse depuis 2014.
« C'est possiblement en lien avec le retour du train au centre-ville qui devient une source de stress pour les habitants. Le train qui passe, qu'on entend dans la nuit, cela peut avoir comme effet de réactiver le traumatisme, explique Mélissa Généreux. J'espère que les décisions relatives à la voie de contournement tiendront compte de nos résultats. »
Une nouvelle mesure a par ailleurs été ajoutée à l'enquête cette année, soit une série de questions en lien avec les symptômes du stress post-traumatique.
« Deux ans et demi plus tard, on constate que 70 % des adultes de Lac-Mégantic présentent des manifestations de stress post-traumatique de modérées à sévères. Ils peuvent avoir de la difficulté à dormir, des images qui reviennent constamment dans leur esprit. Des personnes qui n'ont pas été touchées directement par la tragédie, mais qui y ont été exposées par les médias ou des victimes directes peuvent développer ces symptômes aussi », explique-t-elle.
Malgré une proportion croissante de gens affecté par la tragédie, la consultation de psychologues ou de travailleurs sociaux a chuté de 32 à 16 % entre 2014 et 2015.
Et maintenant?
Selon Dr. Généreux, les résultats de cette deuxième phase de l'enquête populationnelle démontre que le temps est venu de prendre du recul et que tous les intervenants concernés entament une réflexion sur comment empêcher la progression de ces données plutôt alarmantes sur l'état de santé psychosocial de la région du Granit.
« Les élus, les groupes communautaires, le CIUSSS de l'Estrie et tous les autres intervenants devront tous ensemble réfléchir à la question et en venir à annoncer une forme de plan d'action visionnaire pour les prochaines années. Il m'apparaît essentiel de mener cette réflexion. »
Par ailleurs, Dr. Généreux annonçait jeudi une somme de 125 000 $ en provenance du ministère de la Santé et des Services sociaux et du CIUSSS de l'Estrie, destinée à soutenir des initiatives citoyennes et des projets de mobilisation communautaires.
« Les gens pourront se permettre d'avoir des idées et de les mettre en pratique grâce à ce levier financier », conclut Dr. Généreux.