Le réchauffement du climat est une évidence. Les
manifestations de plus en plus extrêmes de celui-ci nous le prouvent et nous
inquiètent. Nous ne sommes pas encore à la panique mais ...
Devant cette situation, quatre grands courants de pensée nous
interrogent : celui qui affirme que c'est normal et qu'on n'y peut rien,
celui qui croit que nous pouvons changer la situation tout en maintenant nos
modes de vie intacts, celui qui nous avertit que nous devons abandonner notre
objectif de croissance sans fin et celui qui nous annonce l'effondrement de la
société.
Nous n'y pouvons rien
Il y a des gens, quelques scientifiques y inclus, qui
croient que les phénomènes climatiques que nous connaissons sont dans l'ordre
des choses, qu'ils font partie des cycles naturels de l'évolution de notre
planète. Ils affirment qu'elle a déjà connu des périodes semblables à celle d'aujourd'hui.
Donc pas de panique.
S'ils reconnaissent le réchauffement, ils argumentent que notre
mode de développement n'y est pour rien. De ce raisonnement, ils concluent
qu'il ne nous reste plus qu'à nous y préparer et à s'y adapter. Le
réchauffement étant inévitable ils jugent donc farfelues, inutiles la
mobilisation actuelle de la communauté internationale et ses stratégies pour
renverser la situation.
Ces gens, qualifiés de climato-sceptiques, sont davantage de
la mouvance conservatrice. Tout en invoquant les nouvelles technologies, ils
prônent le maintien des structures économiques actuelles ainsi que nos modes de
vie.
Rétablir le climat par une économie verte
La très grande majorité des pays et des scientifiques
reconnaissent le phénomène du réchauffement démesuré du climat. Ils adhèrent à
l'analyse démontrant que notre système économique n'a pas su anticiper les
conséquences de l'utilisation des énergies fossiles à savoir la libération du
CO2 enfoui dans le sol depuis des millénaires. Pas plus qu'il n'a su
empêcher les émissions de méthane et quelques autres gaz qui, avec le CO2,
constituent le cocktail des GES.
C'est sous le chapeau de l'ONU, et au nom du développement
durable que d'aucuns appellent économie verte, que les pays cheminent de COP en
COP. La position centrale adoptée en 2015 (Accord de Paris) est à l'effet qu'il
est encore temps de réagir afin de maintenir l'augmentation du réchauffement à
+2 ℃
d'ici 2050, idéalement à 1,5 ℃. Mais l'on ne s'entend pas sur
les moyens d'y arriver. Chaque pays défend ses intérêts : on l'a vu à
Glasgow en novembre dernier.
Au rythme des manifestations extrêmes du réchauffement, le
consensus sur la carboneutralité en 2050 se raffermit. Non seulement les pays
mais aussi de grandes entreprises émettrices de GES et de grands investisseurs
internationaux mettent des freins à l'exploitation des hydrocarbures. Des
scientifiques explorent de nouvelles technologies de réduction des GES. Même si
l'étau semble se resserrer sur ces derniers les engagements des pays sont
nettement insuffisants.
Ces pays, sous l'égide de l'ONU, cheminent sans remettre en
cause les structures économiques actuelles et son moteur, la Croissance.
La décroissance comme nécessité
Il y a ceux qui, devant la dégradation de la situation
actuelle, croient qu'il faut remettre en cause la prémisse de la CROISSANCE
comme facteur de développement économique. Au contraire, ils affirment que
c'est sa poursuite qui a entraîné le chaos climatique actuel.
À l'échelle du globe, nous excédons déjà les capacités de
notre mère nourricière, la Terre, en utilisant plus de ressources qu'elle ne
peut nous assurer. Si tous les pays consommaient comme nous Canadiens nous
aurions besoin de 4,8 planètes Terre. L'objectif de cumuler la croissance
chaque année est une aberration, disent-ils.
Cette façon de voir considère que nous devons déjà planifier
la décroissance sinon nous y serons plongés en ordre dispersé et ce sera le
sauve qui peut à l'échelle du globe. Que sans remettre en cause la croissance,
la réflexion et les solutions actuelles sont vouées à l'échec. Qu'il faut
repenser complètement nos modes de production et de consommation.
Nous préparons notre effondrement civilisationnel
Une quatrième position nous avertit que nous posons
actuellement les jalons de l'effondrement de notre civilisation.
Ce sera l'imbrication de trois crises majeures : la crise
sociale caractérisée par le maintien des inégalités sociales et la
croissance de la population, la crise économique confrontée à l'extinction
des ressources non renouvelables et aux migrations économiques et la crise
environnementale caractérisée par le réchauffement du climat et la perte de
biodiversité. Ces crises s'aiguisent chaque jour, disent-ils.
Facteur aggravant, les luttes de pouvoir entre les superpuissances
empêchent la nécessaire cohésion pour affronter l'effondrement. L'ajout de la
résurgence inévitable de quelques virus mortels et ce sera le chaos total,
l'effondrement de notre civilisation. Il faut s'y préparer tout de suite. Il
faut changer de paradigme, c'est urgent, ajoutent-ils.
Prendre le taureau par les cornes
À part la position climato-sceptique, nous sommes obligés de
constater qu'il faut se retrousser les manches. Les analyses scientifiques convergent
à l'effet que la situation est plus grave que prévue, que tout peut basculer
rapidement. Nous sommes déjà dans l'obligation de mesures d'adaptation au
climat en plus de la nécessité d'abandonner les énergies fossiles. Peut-on
croire encore en une économie même verte ?
Il faut bien reconnaître que la croissance infinie n'est pas
possible sur une planète à ressources limitées et qu'il faut se résoudre à
vivre en tenant compte des capacités réelles de celle-ci.
Il faut aussi considérer que l'histoire nous apprend que
l'effondrement est bien plausible et qu'une fois enclenchée la cascade d'événements
nous y entraînant, il sera impossible de l'arrêter.
Les tergiversations de la part des pays nous empêchant de
limiter le réchauffement climatique à 1,5 ℃ confortent, chaque année
davantage, les postions des adeptes de la décroissance et même celles de l'effondrement.
L'espoir passe par les mesures radicales et immédiates.