Arriver à la maison après une journée de travail (jusque-là tout va bien) et déverser le contenu de sa rude journée au creux de l'oreille attentive de son/sa confident(e)... l'avez-vous déjà fait ? Si j'ai un mea culpa à faire, c'est celui-ci ! Ça m'est arrivé ré-gu-li-ère-ment. Ça fait tellement de bien de vider son coeur et son esprit à quelqu'un qui d'emblée n'est pas là pour juger et surtout qui n'interfère en rien dans nos relations avec les autres.
Comme le glucose qui rend mes cellules accros dès la première bouchée de gâteau, je me suis rendue compte au fil des années que ce genre de confidences agissait comme un poison sur l'indice du bonheur du couple.
Il y a quelques années, je conservais certaines frustrations ou incompréhensions au plus profond de ma poitrine toute une journée de peur de déplaire ou de froisser un collègue. Je sais que c'est niaiseux. Il n'y a rien de mieux qu'une bonne discussion franche et réfléchie (de préférence) pour régler et/ou prévenir une situation. Inévitablement, les relations avec les collègues deviennent plus solides et honnêtes par la suite. Mais, ça prend un minimum de courage pour aborder des sujets moins agréables... C'est si simple de repousser au lendemain et d'attendre le bon moment... qui ne se présentera jamais.
À certains moments, je finissais par m'accrocher à cette solution clé en main qu'est la présence de chéri pour verser ce fleuve de négativité refoulée (parce qu'on s'entend, les émotions non-exprimées ne cessent de fleurir durant la journée).
C'est même déjà arrivé que ce genre de discussion s'immisce sur une terrasse un jeudi soir autour d'une coupe de vin. Une fois, c'est normal. Deux fois, ça peut arriver. Mais à un moment donné, c'est carrément un tue-l'amour. Quand le travail comble plus de la moitié des sujets de discussion... il y a un problème.
Je l'ai observé récemment chez un couple d'amis qui travaillait dans le même domaine. C'était infernal. Un parlait de son travail et l'autre renchérissait... Il n'y avait pas moyen de les raisonner. Ils se « crinquaient » mutuellement. Pour sauver l'ambiance des soupers d'amis, on évitait d'aborder le sujet trop longtemps. Je ne crois pas que ce soit l'unique raison de leur séparation, mais voilà qu'ils ne sont plus ensemble aujourd'hui.
Ils m'ont fait énormément réfléchir. Une équipe passe à travers différents chemins sinueux et trépidants qui au final contribueront à sa solidité. C'est normal d'écouter et de réconforter l'autre, mais y'a rien d'excitant à ce que ça devienne le centre de la relation.
Avec le temps, j'ai appris à parler des irritants aux bonnes personnes. Souvent, le principal trouble-fête s'appelle perception. Lorsqu'on part du principe que tout le monde essaie de faire de son mieux (même si ça ne semble pas toujours être le cas), ça aide à calmer ses ardeurs.
Les trajets en voiture et l'activité physique aident aussi à réduire les tensions et à relativiser une situation. Chéri(e) n'est pas obligé de tout savoir. Plus on parle d'une situation, plus on y accorde de l'importance et plus les proportions deviennent démesurées...
Cela dit, c'est sain de se confier à l'autre sur les différents défis du quotidien. Ce genre de discussion permet de mieux se comprendre.. Y'a rien de mieux qu'un bon « chialage » pour se sentir plus léger... N'empêche que moins on insiste sur le négatif et plus notre baromètre de bonheur est en santé.
Isabelle