À main levée, qui a déjà traversé des chemins sinueux remplis d'embuches et d'imprévus ? Ces routes qui vous ont donné du fil à retordre, mais qui vous ont rendus fiers de les avoir parcourues. Vous ne vous en n'êtes pas sortis indemnes, quelques ecchymoses et égratignures y sont encore perceptibles, mais on remarque par la brillance de vos yeux que vous êtes plus forts, plus grands.
C'est exactement ce dont on doit se rappeler dans les moments difficiles. Les épreuves se sont d'ailleurs déjà infiltrées chez plusieurs d'entre nous en ce début d'année, que ce soit par l'intrusion de la maladie, la perte d'un être cher, une séparation, une perte d'emploi... La vie est loin d'être un long fleuve tranquille... heureusement !
De facto, nous avons cette tendance à célébrer les nouvelles positives. Lorsque nous organisons de succulents soupers, nous le crions sur les réseaux sociaux et nous appelons nos proches afin de divulguer la bonne nouvelle. C'est une superbe initiative que de vivre et souligner chaque petite victoire que certains appellerons le renforcement positif.
Mais qu'en est-il des nouvelles plus sombres ? Ces moments douloureux que l'on a pas toujours envie de comprendre ou de rationaliser. Nos émotions veulent s'exprimer, mais l'on ose pas. Même que l'idée de prendre la fuite semble être un moyen excitant et abordable de prime à bord, jusqu'à ce que votre corps vous joue des tours.
Jusqu'à ce que ces larmes latentes finissent par inonder votre œil contre votre gré. Vous avez essayé tant bien que mal d'éviter le pire en ouvrant le plus grand possible vos paupières dans l'espoir que l'eau se rétracte, qu'un vent du nord impromptu souffle suffisamment fort pour tout assécher à l'abris de tous les regards.. mais en vain. Comme la rivière St-François sortant de son lit, vous perdez le contrôle. Une fuite sortant de votre œil droit est observée... puis votre œil gauche. Vous n'avez pu empêcher l'inévitable : vous pleurez. Oui, vous pleurez et c'est correct. Je dirais même que c'est sain.
C'est sain de pleurer, de se fâcher, d'être pris de vertige, de vouloir fêter, de s'enfermer.... à l'annonce d'une mauvaise nouvelle. Il faut prendre le temps de vivre et d'accueillir ces émotions. Les accepter vous mènera d'ailleurs plus rapidement au chemin de la guérison. On limite parfois à tord nos réactions par peur du jugement de l'autre et parce qu'être émotif a déjà été perçu comme un signe de faiblesse...
Le plus beau cadeau que je me suis fait dans les derniers jours a été de chasser ces pensées de mon esprit et de vivre tout ce qui remontait dans ma gorge et mon estomac noués. Ç'a été le processus le plus libérateur que j'ai fait durant les dernières années. Non seulement j'ai le sentiment de pouvoir rivaliser avec Popeye sans avoir mangé mes épinards, mais j'ai aussi l'impression d'être mieux armée en vue des prochaines tempêtes.
Je garde toujours en tête que derrière chaque réussite se cache des millions d'heures d'acharnements et de réajustements. Et comme dans chaque bon roman, le prochain chapitre est encore plus captivant que le précédent... même si ça semble difficile à croire à première vue.