« Come on, juste un petit verre » Avouez que vous l'avez entendu (ou peut-être même prononcé) souvent lorsque la sobriété était votre choix de soirée... Ou encore « ça reste entre nous là, même si tu déroges une fois... personne ne le saura », « voyons, t'as pas de problème d'alcool pourtant... ». Ces phrases ont été d'une popularité inouïe en février de l'an dernier lorsque j'ai décidé de relever le Défi 28 jours sans l'alcool.
Un défi, que je croyais inoffensif, en agaçait pourtant plus d'un. Parce que je sortais de ma zone de confort, je heurtais systématiquement ceux qui ne l'avaient pas fait depuis un moment ou qui se croyaient incapables de réaliser un défi similaire. C'est humain de se comparer me direz-vous, c'est vrai, mais je l'avais sous-estimé.
À l'ère où l'on tapisse nos réseaux sociaux de multiples messages sur la croissance personnelle, je trouvais la situation ironique. On jubile lorsque vient le temps de donner des conseils, d'haïr les cheveux d'une collègue ou encore de critiquer la performance de Justin Timberlake au Super Bowl, mais lorsque vient le temps de faire briller le positif, un travail supplémentaire s'impose et le naturel y est moins.
Pour ma part, l'attitude de ces pseudos prophètes du don de soi a été un moteur pour ma conviction d'atteindre mon objectif. Même si, au départ, mes doutes étaient plus grands que l'égo de Donald Trump, mon sentiment de fierté s'est mis à décupler de semaine en semaine par cette résistance aux tentations et mon entêtement à aller jusqu'au bout.
Non pas que j'avais un « problème d'alcool », même qu'au départ je le faisais parce que le mot défi m'allumait autant que les lumières sur la King, ce qui veut dire beaucoup. (Rires) Mais, de fil en aiguille, je réalisais que ma consommation était plus importante que je ne le croyais, non pas en quantité, mais en fréquence.
Lorsque je passais de longues heures au bureau, que ma journée avait été infernale et que même mes cheveux essayaient de s'enfuir tellement mon cerveau était en ébullition, j'arrivais à la maison et l'effluve de ce doux nectar réconfortant m'apaisait. Arrivaient aussi les journées productives et les nouveaux contrats qui méritaient d'être soulignés avec ce parfum d'agrumes aux accents d'herbes fraîchement coupées, puis les 5 @ 7 de bureau, les soupers entre amis, les dimanches après-midi... les prétextes étaient et sont toujours infinis.
Mais, ce qui m'a le plus frappée durant ces 28 jours de sobriété, c'est que tous les prétextes de consommation étaient reliés par une seule chose : mes émotions. Tantôt pour engourdir une angoisse, tantôt pour amplifier un moment heureux. Ma consommation d'alcool était émotive ; c'était une façon de les fuir en quelque sorte. Le défi m'a permis d'en prendre pleinement conscience et d'y remédier.
J'ai fait la même chose avec le sucre et le café (mais pas dans le même mois rassurez-vous, je ne suis pas maso tout de même) (Rires)
Depuis, ma consommation a largement diminué, par choix et parce que je n'en ressens pas le besoin. En un mois, j'ai goûté à de nombreux breuvages sans alcool qui étaient délicieux, qui n'altéraient pas mes facultés à conduire et me procuraient autant de plaisir. J'ai vécu des soupers mémorables durant cette période sans que ma tête soit endolorie le lendemain.
Cela ne m'empêche pas d'être une grande amatrice de vin blanc, de bières québécoises et de gin. Découvrir un nouveau produit m'emballe autant que le premier vingt degrés de l'année, mais je choisis mieux mes moments pour les consommer et je les apprécie d'avantage.
À vous qui participez au défi cette année, je vous souhaite qu'il soit aussi bénéfique qu'à moi et surtout je vous félicite. Vous êtes passés à travers la première semaine et le Super Bowl en même temps : le pire est derrière vous. Surtout, ne vous laissez pas séduire par ceux qui tenteront de vous dicter l'inverse de vos convictions.
Cheers ... de moût de pommes bien sûr ! :)
Isabelle