Les trois musées majeurs de Sherbrooke, le Musée des
beaux-arts, le Musée d'histoire et le Musée de la nature et des sciences, tirent la sonnette d'alarme. Face à une série de décisions budgétaires et de
réformes touchant directement le domaine culturel, ces institutions expriment
leur vive inquiétude.
« Les mauvaises nouvelles fusent de toutes parts. Nous
vivons présentement un gel dans les sorties scolaires, nous apprenons de l'autre
côté une réforme drastique du Programme du premier dimanche du mois gratuit
dans les musées et nous sommes toujours en attente des critères de financement
pour le Programme d'aide financière aux institutions muséales 2025-2028. C'est
très peu rassurant pour le milieu muséal. C'est aussi très décevant pour la
population qui perd un service direct avec l'abolition de la gratuité pour les
plus de 20 ans le 1er dimanche du mois », mentionne Alex Martin, directeur
général du Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke.
Des impacts sur
l'accessibilité culturelle
Situés au centre-ville de Sherbrooke, ces trois musées
jouent un rôle clé dans la diffusion de la culture. Qu'il s'agisse des arts,
des sciences ou de l'histoire, ils se veulent complémentaires et accessibles à
tous. Cependant, les récentes décisions menacent cette universalité.
Maude Charland-Lallier, directrice générale et conservatrice
en chef du Musée des beaux-arts de Sherbrooke, insiste : « Ces annonces ont des
impacts négatifs considérables pour les institutions culturelles, notamment au
niveau financier. Au-delà de cet aspect, les conséquences sont également
majeures pour les générations actuelles et futures. Le programme des sorties
scolaires culturelles est une initiation au domaine culturel, bien souvent un
premier pas dans un musée pour les enfants. Alors que le programme du dimanche
gratuit offre l'accessibilité aux musées et à la culture, peu importe les
revenus familiaux. Nous sommes persuadés que ces coupures menacent l'universalité
de l'accès à la culture, créant des inégalités sociétales à ce niveau. »
En 2024, plus de 10 000 visiteurs avaient profité des
dimanches gratuits dans ces trois musées, démontrant l'importance de ce
programme pour la population locale et régionale.
Un milieu déjà
sous-financé
Conscients des défis économiques actuels, les trois
directeurs rappellent que le milieu muséal est sous-financé depuis plusieurs
années et demeure fragile. David Lacoste, directeur général du Musée d'histoire
de Sherbrooke, souligne : « Récemment, on apprenait la mise sur pause du Musée
régional de Rimouski et la mise à pied de personnel au Musée de la civilisation
de Québec. Le milieu muséal doit composer avec l'ensemble des contraintes
économiques (inflation, augmentation des coûts des matériaux et des
fournisseurs, salaires concurrentiels, etc.). Nous croyons que le soutien au
milieu muséal se doit d'être bonifié et que la culture doit demeurer une source
de fierté. La culture constitue une richesse à supporter, non pas un secteur à
amputer davantage. »
Des retombées
économiques significatives
Les trois musées, avec un chiffre d'affaires annuel de 4
millions de dollars et environ 60 emplois, participent également aux retombées
économiques et touristiques de Sherbrooke. Au-delà des chiffres, ils
contribuent à l'effervescence culturelle de la région en offrant des espaces de
découvertes et d'apprentissage pour tous.
Les musées appellent à une mobilisation pour préserver
l'accès à la culture et l'intégrité des institutions muséales. Selon eux, il
est primordial que la culture soit reconnue comme un pilier de développement et
de bien-être collectif, et non comme un secteur à négliger.
Sources :
Alex Martin, directeur général, Musée de la nature et des
sciences de Sherbrooke
Maude Charland-Lallier, directrice générale et conservatrice
en chef, Musée des beaux-arts de Sherbrooke
David Lacoste, directeur général, Musée
d'histoire de Sherbrooke