En déplacement ce dimanche, je n'avais guère anticipé combien les conditions routières s'avéreraient exécrables. Après un moment à me dire que ça irait en s'améliorant, j'ai dû me rendre à l'évidence : je n'aurais pas dû sortir!
Sauf que... des dizaines de personnes dont certains partaient de loin s'étaient engagées à venir entendre ma conférence. C'est sur cette base j'avais pris ma décision. De toute façon, rebrousser chemin équivalait à poursuivre. De profonds inspirs afin de contrecarrer la peur créant ce blocage au ventre et me centrer de près sur l'ici et maintenant, faisant fi de la glace et du grésil s'acharnant à me tirer hors route. En cet instant, je devais focaliser sur : maintenir le volant fermement évitant à tout prix les freins.
Mmmm! puisque ma nature symbolique est encline tout naturellement à extrapoler, j'ai réalisé que c'est exactement ce que je fais lorsque la souffrance m'assaille. Tout comme quand l'hiver perdure, j'utilise le même mode d'emploi devant les douleurs tenaces. Les deux mains sur le volant, je mets l'accent sur l'ici et maintenant, inspirant profondément, je maintiens le pied tout doucement sur l'accélérateur, jetant occasionnellement un œil sur le GPS qui affiche joyeusement la décroissance des kilomètres en direction de la destination. Je refuse donc de mettre une quelconque énergie sur le fait que l'hiver devrait depuis un bon moment avoir cédé sa place au printemps, puisque celui-ci finira par se pointer envers ou contre toutes nos récriminations, tout comme j'arriverai à destination, exténuée et heureuse. Aussi, j'évince tous sentiments de culpabilité ou de regret de m'être engagée sur cette route impraticable, car ces émotions ne me servent qu'à me priver de mon plein pouvoir du moment. Et hop! On regarde le décompte des kilomètres et le but qui s'approche!