Anciennement la «Côte-de-l'Or», le Ghana fut le
premier pays, après le Soudan, à obtenir
son indépendance parmi ceux colonisés par les empires européens. Aujourd'hui,
ses habitants sont très ouverts aux étrangers qui viennent les visiter.
Nous, les «Obroni», «ceux qui viennent d'ailleurs»,
avons droit à l'accueil des enfants qui courent vers nous à notre entrée dans
les villages plus reculés. J'y ai passé presqu'un an! Dû à ses nombreuses
régions et aux peuples qui les habitent, ainsi qu'à sa biodiversité variée, je
qualifierais le Ghana d'encyclopédie de l'Afrique occidentale. Akwaba
(bienvenue) dans un pays aux gens fiers et honnêtes qui pourrait alimenter mes
chroniques pour des mois...
Cependant, je vous en offre un petit aperçu et vous
laisse le loisir d'en découvrir davantage par vous-même. Je ne traiterai pas de
la région d'Accra, capitale politique et économique du pays, même si j'y ai
travaillé plusieurs mois, car je ne la considère pas aussi attrayante que les
autres régions.
Kumasi
et le peuple Ashanti
Dans cette région où le roi des Ashanti a autant
d'influence que le président du pays, il y a beaucoup à explorer. De
magnifiques forêts, une ville typiquement africaine très dynamique, des
villages où les habitants vivent selon une tradition matrilinéaire.
En fait, cette région est la source de l'or qui a
donné son ancien nom à la colonie britannique. Donc, nul besoin de dire à quel
point les souverains traditionnels utilisent ce précieux métal à de fins
d'ornementation.
J'y suis demeuré plus de trois mois, majoritairement à
KITA (Kumasi Institut of Tropical Agriculture), où j'ai appris à cultiver
plusieurs plantes tout en rencontrant des gens de différents coins du pays.
Nous avons même fait la chasse aux criquets géants et comme il n'y avait pas
d'endroit où les conserver avant des les manger, les poches de côté des mes
shorts ont servi de garde-manger! Lorsqu'ils sont frits et trempés dans une
bonne sauce piquante, les criquets géants sont une friandise très recherchée
ici.
J'ai aussi pu assister à un match de la finale de la
Coupe d'Afrique au stade des «Kotoko» (porcs-épics) de Kumasi, où tout le monde
portait du rouge et blanc pour soutenir leur équipe. Plus tard, j'ai acheté un
pangolin à un braconnier avant de le libérer ailleurs dans le but de protéger
ce mammifère à écailles, menacé de disparition.
À la suite d'une invitation officielle, j'ai assisté à
une célébration royale où j'ai été présenté au roi et aux nobles vêtus de
kente : des gens très souriants et curieux. C'est aussi en terre ashanti
que je me suis familiarisé avec leurs mets typiques comme le fufu, le banku et
l'agbélé : des boules de pâtes composées principalement de manioc,
d'igname et de banane plantain, que l'on façonne avec nos doigts pour un former
une «cuillère» permettant de manger la soupe ou la sauce qui l'accompagne. Un
régal!
Bronh
Ahafo et ses sites historiques et préhistoriques
Un des étudiants de cette institut très modeste (pas
d'électricité ni eau courante à l'époque), le prince Raymond, m'a fait
découvrir sa région natale : le Brong Ahafo. J'y ai visité des plantations
de noix d'acajou et d'autres lieux au cœur du monde agricole, mais ce dont je
me souviens le plus est ce site préhistorique truffé de cavernes aménagées par
leurs ancêtres. Certaines possédaient des genres de tables dans lesquelles des
bols étaient creusé pour facilité l'alimentation.
C'est à cet endroit que j'ai découvert pourquoi les
cachous sont si dispendieux : chaque cachou est lié à une «pomme» qui
provient d'un arbre très semblable au pommier... Imaginez donc qu'un arbre
produit chaque année seulement un pot de cette délicieuse noix! En goutant la
très juteuse pomme de cachou, je demandai à mon ami si je peux manger la noix
crue, comme ça. Il me dit que ce n'est pas bon. « Pas bon au goût ou pas bon
pour la santé ? », lui demandai-je. «Ça ne goûte pas bon.»
Étant très curieux de nature, je croque du coin de la
bouche. Ça brûle! Ça brûle tellement que la moitié de ma bouche fut soudée par
l'acide qui protège le cachou! J'ai tiré pour décoller mes lèvres, qui ont pris
une semaine à guérir... N'essayez pas ça à la maison.
La
région de Cape Coast et ses forteresses
Sur la côte Ouest du pays, on retrouve d'anciennes
forteresses portugaises, hollandaises et allemandes datant de l'époque de la
traite des esclaves. À l'intérieur de ces forteresses comme celles d'Elmina ou
de Princess Town, on peut ressentir une ambiance assez lugubre, voire morbide.
On pense à toutes ces pauvres personnes mises au cachot en attendant
d'embarquer dans un bateau négrier qui les transportera, s'ils ne meurent pas
avant, vers leur lourd destin d'esclave dans des plantations du Nouveau
Continent.
Je me suis posé près de quatre jours dans l'une des
chambres du Fort de Princess Town pour la modique somme de 12 $ par jour,
incluant les repas. Superbe expérience qui nous extirpe de notre quotidien et
nous fait vivre à un autre rythme et à une autre époque...
Se promener sur les plages avoisinantes, dans le petit
village ainsi que dans les forêts de mangroves en canot de bois nous permet de
déconnecter et de connaitre plus en profondeur les Ghanéens. De plus, à environ
100 km de Princess Town se trouve le Parc National d'Ankasa, où l'on peut faire
une randonnée dans la canopée (section la plus élevée des forêts, la cime des
arbres) sur des ponts suspendus qui forment un sentier de plusieurs centaines
de mètres. De cette hauteur, on peut avoir la chance d'apercevoir les rares
spécimens d'éléphants des forets ainsi qu'une foule d'autre animaux qui
trouvent refuge dans l'une des dernières forêts primaires de l'Ouest africain.
Dans la prochaine chronique, nous nous dirigerons plus
au Nord et à l'Ouest; vers un Ghana plus reculé où la rencontre des
hippopotames, des crocodiles «dociles», des phacochères et des éléphants de
savanes est plus que certain!
Bon voyage!
David Beaulieu