Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, le 5 décembre dernier, ma bonne
amie Arlette Vittecoq et sa complice, Isabelle Renaud, signaient de leurs
pattes d'oie l'album sur lequel elles
planchaient depuis plusieurs mois. Ce
livre de photos, d'illustrations et de textes, arrivent à point nommé. Tel un cadeau à saveur locale, il est sorti
en effet à quelques jours de Noël, mais surtout dans la foulée toute récente
d'une nouvelle gouvernance à la Ville de Sherbrooke.
Sans vouloir tergiverser sur les résultats de la récente élection
muncipale de la Ville Reine des Cantons-de-l'Estrie, il appert que ce recueil
de quelque 123 photos, de huit illustrations originales et de 20 textes
d'auteurs et d'autrices parmi les plus en vue, tracent la fin et le début d'un
pan de notre histoire sherbrookoise.
On compte presque et déjà 220 ans (1802-2022) pour cette bourgade,
soumise d'abord au contôle des Mohawks à l'arrivée de Samuel de Champlain en
Canada. Sous la gouverne des Abénaquis,
de Nikitotegwak à Ktinéketolekwak, la colonisation nous rappelle aussi les
relents de la Guerre de sept ans entre la France et la Grande-Bretagne
(1756-1763), puis ceux de la Révolution américaine (1765-1791), de
l'Indépendance des États Unis (1776) et du Traité de Paris (1783), qui suscitent
bientôt l'exil des Loyalistes dont les convoitises territoriales laisseront des
traces aussi significatives que les artefacts repêchés à Shacewanteku, là où on
fume...
Sans doute le plus
achevé à ce jour des ouvrages sur la Cité des rivières devenue, l'album recense
des vues imprenables, des instantanés, des fantaisies coloriées, qui illuminent
les secrets bien gardés de cette ville qui nous a vu naître, grandir, mûrir!
Si bien que pour la
graphiste aux doigts de fée et pour la chasseuse d'images, Française d'origine,
Italienne de tempérament et Sherbrookoise d'adoption, les Fenêtres sur ma ville n'ont ici d'égal que l'urgence de
partager un héritage longtemps ourdi, pandémie oblige.
En pareilles
circonstances, on comprend mieux ce chant du cygne, ce parcours parfois insolite dans la vie de l'artiste qui, comme
Gérard Foucault, alias La Rochefoucault
de Sherbrooke, aura marché ou déambulé la ville. D'est en ouest, de long en
large, d'une rivière à l'autre, voire de Pskasewantekw à Alsigontekw, elle aura
ainsi promené son kodak au prix de quelques mésaventures aussi hasardeuses
qu'anecdotiques.
Choisis sur le
volet, quelques auteurs et autrices ont également participé à ce tour de ville
pour le moins escarpé : Étienne Beaulieu, Sonia Bolduc, Anne Dansereau, Lynda
Dion, David Goudreault, L'Être persane, Christiane Lahaie, Jean-François
Létourneau, Tristan Malavoy, Mélanie Noël, Nathalie Plaat, Suzanne Pouliot,
Angèle Séguin, Fannie Vittecoq et, enfin, le défunt cinéaste Pierre Javaux...
Quant à Monique
Nadeau-Saumier, Suzanne Pressé et
moi-même, respectivement conservatrice, historienne d'art et animatrice
culturelle, nous signons tour à tour le prologue, la notice de la photographe
et l'épilogue, lesquels imprègnent nos doucereuses mémoires.
Le dimanche 12
décembre, comme pour jeter les amarres, les artistes accueilleront les ami.e.s
et le public, de 11 h à 16 h, à la Galerie d'art La Chasse-Galerie, du 94 de la
rue Wellington Nord, au centre-ville. À 14 heures, un verre de l'amitié sera
servi, suivi d'une lecture et d'une présentation bien senties. C'est gratuit mais mesures sanitaires
applicables. À noter que les profits de
la vente du livre iront à deux organismes : Cultures du coeur - Estrie et à la
Chaudronnée.
Sylvie L. Bergeron