Acheter local, c'est
favoriser l'achat de produits manufacturés ou cultivés dans notre région. C'est
choisir de faire ses achats dans des commerces indépendants, plutôt que de
privilégier les multinationales. Acheter local, c'est éthique, c'est écoresponsable,
c'est équitable. Notre région foisonne justement de produits d'artisans et
producteurs passionnés de qualité. Cette rubrique « Fait en Estrie »
se veut une vitrine pour ces entrepreneurs.
Francis Delage roule sa bosse depuis belle lurette en restauration
et en divertissement. Il fut entre autres le fondateur du mythique Liquor Store
à Magog, il a opéré divers restaurants et bars et il est l'agent de Corneille,
2Frères et Marc Dupré. Il partage d'ailleurs une relation d'amitié particulière
avec ce dernier, et le duo était à la recherche d'un projet commun. « Il
faut toujours se renouveler. Le jour où tu penses que tu es arrivé, c'est le
jour où tu es sur ton départ! », lance Francis en riant.
Quand l'amour des
cocktails mène à un projet
« Marc Dupré est un hôte hors pair. Il adore recevoir,
cuisiner, mixer des cocktails,
raconte Francis Delage. C'est ce qui nous a amené l'idée de créer nos propres
alcools. » Les comparses ont eu envie de suivre la tendance des
microbrasseries, qui sont bien populaires, mais en empruntant un créneau
différent de la bière. En 2014, ils ont lancé leur propre ligne de spiritueux
en fût, distribués entre autres au bar La Commission des liqueurs. Une
rencontre coup de cœur avec la Distillerie Les Subversifs a permis à Marc et à
Francis d'apprendre les rudiments du métier, d'expérimenter et de préciser leur
projet à venir. Francis poursuit : « Marc et moi, on avait envie d'un
projet qui nous branche et dans lequel on pouvait inclure nos enfants, et avoir
du fun. »
Les gars ont donc conçu une vodka, produite par les
Subversifs, qui a rapidement connu un grand succès en SAQ. Ils ont pris le
temps de se concentrer sur l'aspect marketing de leur projet, de tâter le
terrain du milieu et de perfectionner différents rouages de leur art. Le temps
libre imposé par la pandémie leur a permis de s'instruire en participant entre
autres à divers séminaires.
Une bâtisse, comme un
cadeau
Puis, se présente une occasion en or. On leur propose
d'acquérir l'ancienne église anglicane St-Luke, rue des Pins à Magog. Une
église dont la construction remonte à 1870. Une bâtisse magnifique. « Je
me plais à dire que c'est la bâtisse qui nous a trouvés. C'est ce qui a fait
naître le projet concrètement. », confie Francis. Il précise que Marc et
lui sont des artistes, des créateurs. L'idée d'opérer une usine dans un parc
industriel ne leur disait rien qui vaille. Selon ses dires, ce sont la création
et la poésie qu'on peut insuffler à un projet, quel qu'il soit, qui les
inspire. La distillerie Cherry River,
dont le nom est emprunté à la rivière qui traverse le parc du Mont-Orford et
qui se jette dans le lac Memphrémagog, a donc vu le jour en les murs de cette
ancienne église. Tout y est centralisé, et on y travaille en famille. Anthony,
le fils de Marc, gère tout ce qui a trait au service à la clientèle et
Frédéric, le fils de Francis, est maître distillateur.
Cherry River,
c'est une petite distillerie sympathique et artisanale, nichée au cœur d'un
décor majestueux et dotée d'équipements à la fine pointe de la technologie.
L'équipe a choisi de préserver l'aspect artisanal plutôt que l'expansion qui
industrialiserait le projet. Ici, on produit au fur et à mesure que les
commandes entrent; ce sont entre 1000 et 2000 caisses de canettes de prêt-à-boire
par semaine qui sont produites, ainsi que 5 ou 6 palettes de bouteilles de
spiritueux. Les produits Cherry River
jouissent d'une belle popularité en SAQ ainsi que dans les différents
établissements de restauration et d'hôtellerie du Québec. 3 variétés de vodka, 6
de gin et un mojito en format prêt-à-boire.
Récemment, le diocèse anglican du Québec leur a offert de
revitaliser une nouvelle église, dans Sillery à Québec, cette fois. « Le
même genre d'endroit charmant, avec beaucoup de cachet », s'enthousiasme
Francis Delage. Cherry River est donc en train de faire des petits. On double
la production, mais en deux lieux différents qui possèderont chacun leur
distillerie et leur boutique, toujours dans la philosophie de conserver
l'aspect artisanal de la chose. Toujours dans une ville où l'agrotourisme est
très présent.
Visiter, déguster et
l'adopter
En les installations de la rue des Pins à Magog, on invite
le public à visiter et découvrir le fonctionnement de la distillerie, à
déguster les produits et à en faire l'achat en boutique. Dès juin, ce sont deux
formules de visite qui seront proposées. En semaine, lors de la production, des
présentations virtuelles seront présentées à toutes les heures, ainsi que
l'accès au salon de dégustation et à la boutique. Les weekends, une visite
complète des installations est possible. Chose certaine, l'expérience est riche
et complète en tout temps.
À la boutique, on propose 8 saveurs de gin, 3
vodkas, 10 saveurs de cocktails
prêt-à-boire en canette, des allongeurs à cocktails
et des sirops. De tout pour concocter les meilleurs drinks à la maison! La visite en vaut la peine, une belle sortie à
faire en couple ou entre amis