Il était une fois, dans un atelier éloigné de Lennoxville, un personnage mythique appelé Runningman qui avait une seule mission : se faufiler à travers les panneaux de signalisation occupant le paysage urbain et moderne.
Le projet de l'intervention extérieure Le Runningman a d'abord pris forme sur des panneaux de signalisation en 2007, mais Jacques Desruisseaux, un artiste natif de Sherbrooke, ne voulait pas « faire une exposition dans une galerie en présentant simplement des panneaux de signalisation. » Il désirait plutôt les mettre en contact avec la réalité quotidienne de l'être humain, c'est-à-dire les disposer un peu partout dans la ville, à l'insu de tout un chacun. « Je voulais que les panneaux se fondent dans le décor, comme si c'était des vrais panneaux, sauf qu'ils sont tous personnalisés! », affirme le créateur. Idée farfelue? Cette approche a piqué ma curiosité.
L'art dehors
Si vous n'êtes pas familier à l'univers artistique de Montréal, - sans vouloir prétendre que je connais la métropole aussi bien que le fond de ma poche - les artistes ont définitivement pris d'assaut l'espace public depuis les dernières années. Que ce soit sur les trottoirs, sur les murs de brique, sur des espaces publicitaires non occupés, l'art sort des lieux confortables que sont les galeries pour occuper une place plus importante dans notre routine essoufflante et banale. Ce phénomène se nomme « art urbain », une pratique que l'on peut découvrir lentement, mais sûrement en région. C'est une des raisons pour lesquelles l'intervention extérieure de M. Desruisseaux m'a accrochée. « Quand on fait de l'art urbain, ça prend aussi un personnage! », lance celui qui a présenté près d'une vingtaine d'expositions solo.
En plein cœur du centre-ville, l'infiltration extérieure du Runningman se veut « à mi-chemin entre l'art, la mode, la signalisation, la publicité et la communication, m'explique-t-il. Ce qui est nouveau pour moi dans ce projet-là, c'est l'utilisation des mots que j'ai poussée beaucoup plus loin qu'auparavant. » L'artiste m'a aussi fait part du travail de réflexion qu'il a dû entreprendre, et ce, en créant des listes de mots, des croquis et en prenant des notes, tout ça dans le but de réaliser un tout et, surtout, porteur de sens. Ce n'est pas des mots à caractère environnemental, m'assure M. Desruisseaux, mais plutôt à caractère social : « c'est des mots comme "construire", "reconstruire", "commencer" ou "recommencer", dit-il avec un certain rythme. Je voulais des mots qui amènent une séquence, une cadence... comme les gens qui se promènent, qui réfléchissent, qui parlent au téléphone, qui arrêtent, qui débarquent de l'auto, qui rembarquent... » Nous pourrons découvrir l'infiltration urbaine Le Runningman du 20 janvier au 3 avril!
Dans un local vacant situé au 56, rue Wellington Nord (au-dessus du Boquébière), Jacques Desruisseaux présentera son exposition le 20 janvier lors d'un 5 à 7. « Toujours sous la forme d'affichage, j'utilise les vitrines du local qui est à louer pour montrer des images et des mots qui, aux yeux d'un passant, peuvent avoir une signification particulière pour lui, affirme-t-il. Selon la propre expérience de chacun, tout le monde peut interpréter l'œuvre d'une façon différente. » Lors du vernissage, vous pourrez voir ses créations rassemblées durant ce happening d'un soir! Les panneaux seront par la suite dispersés individuellement à plusieurs endroits dans la ville. Pour avoir un avant-goût, visitez le http://www.lerunningman.com/ ou pour plus d'information, allez sur le site de la jolie galerie Sporobole : http://www.sporobole.org/.
Crédit photo : Jacques Desruisseaux