Votre petit de six ans arrive de l'école avec un air désemparé. Vous lui demandez comment s'est passé sa journée, et sa réponse s'en tient à un « je ne sais pas! ».
De votre côté, vous avez la sensation qu'il est en colère ou triste, car vous ressentez cette émotion en vous! Plus vous tentez de le faire parler par des questions du genre, «Est-ce que quelqu'un a été méchant avec toi? Si tu veux que je t'aide il faudrait que tu m'en parles», plus il se ferme et poursuis le «je ne sais pas» !
Une des positions inconfortables auxquelles le parent se retrouve parfois face à l'enfant est celle de la communication. Avec une intention tout à fait légitime, le parent a le réflexe de s'adresser à son tout-petit par les questions d'ordre rationnel, comme lorsqu'on s'adresse à un autre adulte. Il s'attend à une réponse plus ou moins claire dans ce même sens. C'est à ce niveau que le défi apparait.
Même si l'enfant présente des acquis au niveau de la parole, il est important de retenir que son mode premier de communication est d'abord émotionnel. Cela veut dire concrètement qu'en tant qu'adulte, nous avons des informations sur ce que l'enfant vit, ou tente d'exprimer au travers nos propres émotions, nos mouvements internes, nos réactions face à l'enfant.
Souvent, ce que l'on ressent parle du monde des émotions de l'enfant, donc des réponses ce retrouvent à ce niveau. L'enfant n'a pas acquis la façon d'exprimer clairement ce qu'il vit émotivement, et donc il présente une difficulté à l'exprimer. Il ne fait que ressentir l'émotion sans savoir comment l'aborder. C'est ce qui explique les « je ne sais pas ».
La clé pour le parent est donc de se servir du monde émotif. La communication avec lui pourrait ressembler à : «J'ai la sensation que tu es en colère, est ce que c'est possible?» Et il est très probable qu'il réponde par un oui ou non, mais l'ouverture à la communication se fera davantage!
Donc, petit truc, vous partez de ce que vous ressentez, et vous l'aidez à mettre des mots sur ce qu'il vit. En plus de l'aider à communiquer, vous l'aider à apprendre à se connaitre et à mettre des mots sur les sensations physiques qu'il ressent, car chaque émotion est liée à une sensation physique. De cette manière vous êtes en processus de guider votre enfant à ne pas avoir peur des émotions et à développer la capacité de répondre aux besoins sous-jacents!
Le défi est de faire la distinction entre l'émotion du parent et celle de l'enfant. Tout un défi, mais une clé pour mieux communiquer avec les tout-petits.
Caroline Caouette
Psychologue