Je veux vous raconter l'aventure d'une femme que je connais bien, du moins de mieux en mieux puisque je fais de plus en plus souvent contact avec elle.
Elle a disparu longtemps, gênée de ses particularités, cherchant le moule, oui oui, celui qui, le croyait-elle, était commun à tous... et malgré des années de quête, elle n'a jamais su y entrer.
En vous épargnant les détails de son périple, elle s'est retrouvée emprisonnée dans un lieu blanc, vide et froid. Plus rien... elle venait d'arriver au bout d'elle-même dans un endroit où il est impossible de fuir, là où le temps s'écoule lancinant. Elle saisissait de mieux en mieux qu'au moment de son incarnation, l'atterrissage avait été raté, comme pris entre deux mondes : pas entièrement là-bas ni tout à fait d'ici. Un sentiment de vivoter, muté sur pause, en quête du bouton reset.
En réalité j'étais à l'éveil d'une longue hibernation dans ma vie. Il n'y avait que du lumineux-immobile dans la solitude qui m'avait présenté toutes ses facettes. En commotion, en état de choc, j'attendais qu'on se rende compte que j'avais frappé un mur, que je me vidais de moi-même... si moi-même il y avait. Je cherchais le bouleversement qui viendrait tout changer, une expérience de mort imminente était ma pressante prière. Partir ou rester, peu m'importait, mais dans ce dernier cas, je devais reprendre mon atterrissage, le réussir cette fois afin que la vie parvienne à se mouvoir en moi.
Que pouvais-je faire de mon existence à partir de maintenant, puisqu'évidemment je me devais de renoncer à l'espoir d'un passé meilleur et sans contredit je m'éveillais tous les jours encore ici? Aussi, comme cet avant misérable m'avait conduite en ce lieu désert, me laissant seule avec les vestiges d'une histoire dont je ne pouvais brûler les pages, j'en conclus que l'issue se trouvait probablement exactement là, sinon quoi? J'avais tant investigué chaque racoin de mon existence, j'étais du moins parvenue à la conscience que seule je détenais la clé de ma prison, sans une quelconque idée du comment. Aussi je fouillai mon passé; comme celui-ci demeurait silencieux, ce mutisme m'invita à fouiller dans mes profondeurs. J'y trouverais certainement la substance qui réenclenchera mon mouvement. De ma perquisition émergeait une odeur nauséabonde, celle de cette foutue différence. Différence de logique, de pensée, d'optique, d'expression... toujours trop de quelque chose, surtout du trop clair!
C'est alors que j'entrai en contact avec ma colère et me levai. Puisqu'elle se voulait prégnante, j'allais l'utiliser, la mettre de l'avant cette singularité d'Être mal incarné, acquiesçant au fait que ma route ne serait pas défrichée, je créerais ma propre voie.
C'est incroyable l'énergie que l'on perd à lutter contre soi!
Depuis, j'expérimente et j'avance en m'assumant de mieux en mieux. Nombreux sont ceux qui considèrent ma lumière trop vive et s'en trouve ombragés, qui me reconnaissent toujours et encore trop quelque chose et bien, sachez que justement c'est ce trop qu'aujourd'hui j'assume et que je choisis de partager!