Vous connaissez la fameuse règle des trois « R » : Respire. Reste calme. Relaxe. (Bon, ok je viens juste de l'inventer... mais ces mots si simples sont d'une utilité désarmante dans la tourmente de nos émotions.) Oups ! j'ai glissé le mot sans donner de préavis. Si vous continuez de lire ceci, sachez que je vais récidiver ; c'est à vos risques et péril !
Je rigole, mais j'ai souvent eu honte moi-même d'être émotive. Je le voyais comme un signe de faiblesse. Comme si la «normalité» était de vivre un paquet d'expériences sans que rien ne nous touche. Pourtant, je n'y peux rien, je suis comme ça. Je pleure devant Le Roi lion (des pleurs de professionnelle avec soubresauts et tout (rires)), j'ai une peur bleue des araignées, je ris devant n'importe quel jeu d'esprit, ...
D'ailleurs, en vieillissant, mes émotions s'amplifient. Je suis certaine que je ne suis pas la seule. Je m'émeus devant des trucs que je trouvais sans intérêt il y a quelques années à peine. La beauté de la chose, c'est qu'en travaillant sur moi, j'ai fini par l'accepter (même si j'ai encore des rechutes) et par réaliser à quel point c'est une force d'être émotive.
Au fait, j'ai réalisé qu'on l'était tous, à différents degrés. Certains sont sceptiques ? Alors pourquoi les sauts en parachute, la vitesse en voiture, les sports extrêmes attirent certains ? Pourquoi les voyages, la gastronomie, l'alcool sont si populaires ? Pourquoi Tinder, Réseau Contact et Facebook regorgent de chercheurs d'âme soeur ? Parce que l'être humain a besoin de se sentir vivant, de vibrer, de découvrir...
Je vous l'accorde, ce n'est pas simple d'avouer ses sentiments et de partager ses états d'âme. Ça prend du courage, beaucoup de courage et un énorme travail sur soi. Mais, c'est la beauté de la chose.
Un émotif assumé a de la difficulté à vivre avec les mensonges et les cachotteries malsaines ; l'authenticité fait partie de ses qualités premières. Pour ma part, jongler avec cette complexité m'a permis de grimper mon empathie à un niveau olympique, l'écoute de l'autre est devenue plus sincère et ma vision de la détresse cachée au fond des yeux de certains est devenue plus claire. Ma sensibilité me donne un accès rapide au bonheur facile. L'amour que je porte pour mes proches est inconditionnel. Ça devient éprouvant de laisser quelqu'un sortir de ma vie d'ailleurs.
Avec le temps, ma sensibilité m'a rendue fière. Grâce à elle, j'ai pu surmonter beaucoup d'obstacles. Cette flamme passionnante qui se consume à l'intérieur de moi m'a permis de me reconstruire chaque fois et n'a jamais faibli avec le temps. Certains appelleront cela la résilience.
J'ai pu faire des choix avec ma petite voix intérieure, comme certains l'appellent, ou encore avec mes fameux «feeling» parce que j'ai appris à les écouter et à les assumer.
Ce n'est pas toujours simple, mais le travail et la compréhension de chacune de ses émotions nous amènent à être plus grands et plus forts chaque fois.
Et quand rien ne va plus, que la gestion de ses derniers devient compliquée; Respire. Relaxe. Reste calme. (Tsé la populaire règle des trois « R » (rires)) et ça ira mieux demain.)
Isabelle Perron