5- La Compagnie Dominion Lime Ltd
Dès leur arrivée sur les terres de Dudswell, les nouveaux colons découvrirent la pierre à chaux. Ce type de roche fut construit par des colonies récifales entre 400 et 320 millions d'années dans la mer Iapetus peu profonde. Cette découverte était pour ces valeureux pionniers un don du ciel, car les terres fraîchement dénudées de leurs verdures étaient très acides et avaient donc besoin d'amendement. Un bon dosage de chaux et de fumier assurait à tout coup une bonne récolte. Le chaulage de l'intérieur des cabanes, à l'aide du lait de chaux, éloignait l'humidité et la vermine. Ils savaient également qu'un peu de chaux jetée dans le puits familial détruisait les bactéries et les algues. Elle servait également à faire du mortier que l'on utilisait pour boucher les fentes entre les rondins des cabanes et à réaliser des travaux de maçonnerie, entre autres, le four à pain, les solages de cabanes... Au début des années 1820, la production artisanale de la chaux était assez importante pour en exporter vers les États-Unis et le reste du Bas-Canada. À cette époque, c'est M. Richard Smith qui s'occupait du transport de cette précieuse matière. Le recensement de 1851 nous apprend que 10 colons fabriquaient de la chaux: 5,600 barils pour l'année.
En 1828, M. Lawrence Castel acheta le lot 13 du rang No 6. En 1835, le même M. Castle se fait concéder les lots 11, 12, 14 et 15 du même rang. La plupart des carrières exploitées ou qui l'ont été à Dudswell, sont situées sur ces lots. Il est clair que ce monsieur savait ce qu'il faisait. En 1835, un groupe d'hommes d'affaires fondèrent la Dominion Lime Ltd comptant sur
l'inauguration récente du chemin Gosford pour transporter leurs chaux, soit vers Sherbrooke et les USA ou vers Québec et la Beauce. Il existe, dans les archives de cette compagnie une "commande" de chaux de William Sawyer, du canton d'Eaton, daté du 12 juin 1846. (ne pas confondre avec la compagnie Dominion Lime Ltd des années 1940-50 à Lime Ridge).
À la fin des années 1850, la Dominion Lime Ltd entreprit la construction de quatre nouveaux fours. Les blocs de granit utilisés pour leurs constructions provenaient d'une carrière près de Lac Weedon (aujourd'hui Saint-Gérard). Ils furent transportés par barge sur la rivière Saint-François jusqu'à Bishop's Landing, (à l'entrée du pont de Bishopton) puis de là, en charrette à bœufs jusqu'au site de la compagnie. Les quatre fours avaient 4 mètres carrés à la base et 6 mètres de hauteur. Aujourd'hui, nous pouvons encore voir les ruines d'un de ces fours sur la terre d'un M. Breton. (Photo ci-contre) Ce sont les plus vieux fours à chaux industriels du Québec. La Dominion Lime Lte fit construire, près des fours, plusieurs petites maisons pour loger ses employés. Elle continua à produire de la chaux jusqu'à la fin des années 1880. En 1887, elle fit construire un chemin de fer entre ses installations et le Québec Central à un endroit qui bientôt s'appelera Dudswell Jonction.
En 1888, les nouveaux propriétaires de la Dominion Lime Ltd décidèrent de faire l'acquisition de la "Dudswell Lime and Marble Company", installée à Lime Ridge depuis 1876. Le nom de Dominion Lime Company fut donné à la nouvelle compagnie. Il fut décidé de fermer la mine près des quatre vieux fours et déménager les petites maisons à Lime Ridge (sauf deux maisons qui furent assemblées pour en former une seule, maison que l'on peut encore admirer aujourd'hui). Le chemin de fer construit en 1887 fut dévié vers Lime Ridge. Il fut incorporé au nouveau chemin de fer du Main Central finalisé en 1889. La production de la chaux se fera désormais à une seule place, à Lime Ridge.
William Stacey avait son moulin à scie sur le ruisseau Stacey qui se jette dans le lac Miroir. Il était près des vieux fours à chaux. C'est près de là que se trouvait le magasin de la Dominion Lime dont John Andrews était gérant.
6- Église du Good Shepherd
À Duswell Corner, il y avait une seule église, celle des Méthodistes, construite en 1860 en face du chemin Martin-Grenier, sur la 255 aujourd'hui. Dudswell Corner était sur le circuit missionnaire du révérend Thomas Shaw Chapman, pasteur anglican établi à Marbleton depuis 1850. C'est en 1877 que les anglicans de la place érigeront leur lieu de culte sur un terrain acheté en novembre 1876 de M. William Lothrop. Elle fut construite en 77 sur le lot 13b du cinquième rang. Elle était située près de la route principale, le Gosford road.
Cette église fut réalisée selon les plans du révérend Chapman qui a également conçu les églises Saint-Paul à Marbleton et Christ Church d'East Angus. Elle possédait un carré de 62 pieds par 24 pieds, une flèche de clocher s'élevait à 80 pieds et pouvait recevoir jusqu'à 250 fidèles. Sa consécration aura lieu le 11 décembre 1877. L'ensemble de ce lieu de culte, avec son église et son cimetière, faisait toute la fierté du révérend Chapman. Le style architectural de cette église anglicane est représentatif du néo-gothique «ecclesiologist». De plus, elle fait partie d'un style régionaliste développé par M. Chapman. Derrière ce beau temple, une étable avait été construite pour abriter les chevaux pendant les offices.
En mai 1898, l'église fut frappée par la foudre au cours d'un office. Nous pouvons voir une éraflure causée par l'éclair dans le plancher près de la colonne arrière, celle de gauche. Heureusement, il ne fit aucun blessé et ne causa pas d'incendie.
La photo de gauche montre l'église sur son site d'origine à Dudswell Corner.
La venue du chemin de fer du Québec Central dans le canton de Dudswell favorisa rapidement le développement d'un nouveau village, Bishop's Crossing, au détriment de Dudswell Corner. Vers 1910, les anglicans se retrouvèrent devant un véritable dilem. Devait-on considérer le déménagement de l'église à Bishop's Crossing, où il y avait une importante agglomération d'habitants ou encore la construction possible d'une nouvelle église laissant ainsi l'actuelle église anglicane à Dudswell Corner. À cette époque, le coût d'un tel déménagement était estimé à environ 750,00 $.
Plusieurs s'opposèrent au déménagement et une pétition fut signée condamnant cette solution. L'affaire resta sans réponse plusieurs années.
En mai 1916, l'Évêque anglican exprima son désir de déménager l'église à Bishop's Crossing étant donné le nombre décroissant des familles anglicanes à Dudswell Centre. C'est avec l'aide de rouleaux insérés sous le bâtiment et tirés par des chevaux et un treuil que l'église fut déménagée à son emplacement actuel, le lot l5f du rang 3, sur la rue Main de Bishop's Crossing. En 1917, les remises à chevaux furent construites et la propriété clôturée.
La photo ci-contre montre l'église à la croisée des rues Gilbert et Main.
Après son déménagement à Bishop's Crossing, un vent violent arracha le clocher, privant ainsi l'église d'une partie de son architecture. Il ne fut pas remplacé, car selon les responsables de l'époque, le bâtiment n'en n'aurait pas supporté un nouveau.
En 1915, des Fonds bBaptismaux en marbre furent acquis grâce au don des Willing Worker's Society, un groupe de gens travaillant fidèlement au support de l'église pendant de nombreuses années. Les noms des membres de la dite société sont graves en lettres d'or sur les dits fonds.
L'église du Good Shepherd "cache" dans son clocher, une cloche qui possède un merveilleux timbre. Elle sonnait avant chaque office et tintait lors des funérailles. Elles annonçaient la mort d'une personne et le nombre de coups indiquait son âge.
On peut lire sur cette cloche l'inscription suivante:
Church of the Good Shepherd
A.D. 1878 Rév. T.S. Chapman Incumbent
Z. Evans, T.C. Osgood, Church Wardens
"Non Glamor Sed Amor Cantat In Aure Dei" *
* TRADUCTION "Pas de charme mais l'amour. Elle chante dans les oreilles de Dieu".
Voir la carte du village de Dudswell Corner dans le précédent Papotin