À l'ère où courir est presqu'aussi populaire qu'aller faire son épicerie le dimanche après-midi, c'est plutôt surprenant de lire une phrase comme celle-ci. Je suis juste d'avis qu'avant de suivre une tendance, il faut connaître ses limites, ses capacités et ses envies.
On s'entend, je suis moi-même une joggeuse à temps partiel. J'entretiens une étroite relation avec ce sport, d'aussi loin que je me souvienne. À l'époque, on n'écrivait pas nos temps et nos kilomètres parcourus sur le babillard de la cafétéria (c'était avant l'avènement des réseaux sociaux, on s'organisait comme on le pouvait), on ne ressentait pas le besoin de le faire. De toute façon, la course n'était pas plus « cool » qu'une autre activité.
Mais voilà qu'avec les années, j'ai l'impression qu'une certaine pression s'est infiltrée dans le solage de nos perceptions, donnant ainsi à certains la fausse impression que pour être en forme, il faut nécessairement courir. Jouer au football aussi peut nous garder en forme, solidement en forme même... Pourtant, d'emblée on est capable de constater que cette discipline n'est pas faite pour tout le monde (je ne sais pas pour vous, mais juste m'imaginer effectuer un botté de dégagement me donne envie de rire).
Bon, ça semble rigolo comme comparaison, mais c'est la même chose pour la course à pied. Je discute beaucoup avec mes entraîneurs, ma tante orthopédiste et des sportifs de différentes disciplines et je réalise qu'énormément de blessures pourraient être évitées si l'on choisissait des activités adaptées à notre corps.
C'est vrai pour n'importe quelle discipline d'ailleurs. Récemment j'entendais de nouveaux coureurs expliquer que leur unique motivation était de perdre du poids sans plus d'attachement pour le sport. (insérez ici un bruit de buzzer de mauvaise réponse). Je ne suis pas une experte, mais j'aurais eu envie de leur dire qu'il y a d'autres façons de garder la forme. Trente minutes d'activité physique par jour peuvent faire un bien fou à l'organisme souvent même plus qu'une longue course.
Je pense aussi qu'inconsciemment le nombre de « like » qu'attire une photo post-course peut influencer les indécis... mais le venin de l'amour artificiel et éphémère n'est pas sans danger. Ce type de sportif finit par accorder plus d'importance aux internautes qui ont cliqué « j'aime » distraitement en buvant une bière autour d'un BBQ en flippant des boulettes qu'à ce qu'il pense de sa propre performance... Je ne critique pas ici la publication Facebook. Je suis bien mal placée pour le faire publiant moi-même des photos de chacune de mes courses. Y'a pas de mal à être fier de ses accomplissements. Il ne faut juste pas que cette popularité sur les réseaux soit le moteur d'une décision.
(P.S. Si jamais c'est le nombre élevé de « like » qui te donne des palpitations cardiaques de bonheur, sache que les photos de chats « pognent » pas mal, et ce, sans risques de blessures)
Je pense qu'avant tout, ça semble très basique, mais il faut se demander si le sport nous interpelle réellement. Après quelques sorties, est-ce que notre corps réagit bien ?
S'entraîner pour un demi-marathon, par exemple, prend du temps dans l'horaire. Il faut le prévoir plusieurs mois d'avance, adapter son alimentation et son emploi du temps. À moins de t'appeler Clark Ken (et oui, mea culpa j'ai regardé Smallville), on ne peut pas s'improviser marathonien sur un coup de tête; même si ça semble facile sur photos et accessible vu le peu d'équipement que ça nécessite. Pour ma part, je trouve que ça demande beaucoup de discipline, mais ça m'allume. Même que la portion préparation est souvent plus intéressante que la course elle-même.
Je continue de penser que la course est un super sport, mais qu'il faut l'exercer parce qu'on a envie de le faire et surtout de façon sécuritaire.
Isa Perron