Selon l'Association des professionnels de la
construction et de l'habitation du Québec de la région de l'Estrie
(APCHQ-Estrie), aucune mesure structurante n'a été faite pour combler le
déficit du parc de logements à Sherbrooke.
Les mises en chantier
Alors que les mises en chantier résidentielles à
Sherbrooke sont à 50 % de moins qu'en 2021, les prévisions de l'APCHQ-Estrie
pour la région métropolitaine de Sherbrooke sont un peu meilleures pour 2024.
Toujours selon l'APCHQ- Estrie, il y aura un
léger rehaussement des mises en chantier cette année et en 2025, notamment de
15 % et de 11 %. Par contre, ces niveaux de construction anticipés seront
insuffisants pour espérer combler la pénurie de logements.
D'après l'organisme, il y aura donc un léger
rehaussement. Cependant, au rythme où vont les choses, ce n'est pas demain que
le manque de logements sera réglé à Sherbrooke où un plan d'urbanisme est
curieusement inexistant.
Il est clair que le niveau de construction
anticipé sera vraiment insuffisant pour espérer combler la pénurie de logements
alors que l'on assiste à l'exode des entrepreneurs vers les régions
périphériques de Sherbrooke. Ceux-ci demandent des améliorations majeures. « Je
m'attends à ce que la Ville de Sherbrooke nous propose des solutions concrètes
et à court terme pour sortir de l'immobilisme créé par le Plan Nature et le
règlement de contrôle intérimaire. De plus, certains projets développés depuis
2010, étaient très avancés avant le dépôt du Plan Nature et ne sont toujours
pas réalisés. Jamais nous n'avions envisagé que la Ville arrête nos projets de
la sorte, du jour au lendemain, si prêt pour certains de leur aboutissement. D'un côté, la Ville souhaite agir et
réagir promptement à la crise en accélérant la création de logements. De
l'autre, elle impose les freins aux promoteurs ayant des projets
résidentiels », explique le président du Groupe Laroche, Éric Laroche.
Dans les plus petits centres urbains, le nombre
de constructions est en hausse avec une augmentation de 61 % de la construction
résidentielle. Pendant le mois de février, seulement 347 mises en chantier ont
été dénombrées.
Toutes les autres régions du Québec ont vu leur
nombre de mises en chantier augmenter en février, soit de 247 % à
Trois-Rivières (132 mises en chantier), de 121 % à Saguenay (30 mises en chantier)
et de 21 % à Drummondville (40 mises en chantier). L'exception est Sherbrooke,
où le nombre de nouvelles fondations coulées est demeuré bas et identique, avec
seulement 36 mises en chantier.
«Prêcher dans le désert»
Par ailleurs, même si on anticipe de légères
augmentations de la construction de maisons individuelles et de logements en
copropriété, les volumes seront néanmoins anémiques en regard des moyennes des
deux dernières décennies.
« On a l'impression de prêcher dans le
désert, pour sortir de la crise, et vu l'urgence d'augmenter considérablement
l'offre de logements afin de combler un manque flagrant, la ville semble être
au neutre », mentionne directeur général de L'APCHQ - Estrie, Sylvain
Mathieu.
À titre d'exemple, en 2022, le repli des mises en
chantier était nettement plus prononcé à Sherbrooke que dans l'ensemble de la
province (-33 % comparativement à -16 %). De plus, à Sherbrooke, les budgets et
mises à jour économiques ne contiennent aucune mesure structurante pour combler
le déficit du parc de logements qui est très vieillissant et énergivore. Depuis
le relèvement des taux hypothécaires, nous sommes aussi en train de créer la
première génération qui n'aura pas accès la propriété. À Sherbrooke, il manque
cruellement de propriétés à vendre, de sorte que les conditions du marché
demeurent clairement à l'avantage des vendeurs et que les prix sont encore et
toujours en nette progression. Selon la Société canadienne d'hypothèques et de
logement (SCHL), ce n'est pas moins de 2000 nouvelles constructions par année
pendant 10 ans dont la région a besoin afin de combler le manque de logements à
Sherbrooke.
La situation n'est guère mieux au niveau de la
construction de nouvelles rues en ville. L'APCHQ - Estrie confirme qu'il n'y a
eu que deux nouvelles rues seulement en 2023, ce qui est loin et nettement
insuffisant pour régler la situation.
Des maisons et des logements pour les nouveaux travailleurs ?
La ville de Sherbrooke réussi, depuis quelques
années, à attirer de nouvelles entreprises chez elle. On n'a qu'à penser à
Ubisoft qui amènera beaucoup de nouveaux travailleurs. De plus, le parc
industriel va bon train et le taux de chômage y est bas. Toutefois, où pourront
loger tous ces nouveaux habitants, travailleurs, professionnels et ces
nouvelles petites familles qui ont quitté la région métropolitaine (ou une
autre) pour venir s'établir à Sherbrooke ?
Coaticook, Dixville, Saint-François Xavier Brompton, Waterville et Compton
Donc, tout ce nouveau monde sera forcément obligé
d'aller vivre ailleurs en région périphérique de Sherbrooke, dans les autres
municipalités avoisinantes ou, comme par hasard, il y a une augmentation de 61
% de la construction résidentielle. Des municipalités comme Coaticook
grossissent avec 300 nouvelles portes du Groupe Custeau en 2023 (et qui, selon
nos sources, a encore plusieurs millions à investir dans la Vallée Enchantée).
À Dixville, le projet de minimaisons a connu beaucoup de succès. À
Saint-François Xavier Brompton, 700 nouvelles maisons seront disponibles sur
les rangs 6 et 7. Waterville est de plus en plus populaire. À Compton, de
nouvelles propriétés seront bientôt mises en vente avec l'ouverture d'une
nouvelle rue.