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Analyse et solutions afin d'améliorer le développement des jeunes joueurs de baseball québécois

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Depuis mes premiers pas dans le coaching au baseball à l'âge de 12 ans alors que j'intervenais avec une équipe atome (j'étais à ce moment-là un joueur pee-wee) jusqu'à aujourd'hui où j'ai développé une expertise de haut niveau dans ce magnifique sport qu'est le baseball, j'ai toujours eu le réflexe d'analyser celui-ci.

J'aime le décortiquer, le comparer avec ce qui se fait de mieux et apporter des solutions pour l'améliorer. C'est donc sur cette base que j'en fais l'analyse sur ce que je constate depuis fort longtemps.

Par ailleurs, afin d'apporter un point de vue complémentaire sur la question, j'ai interrogé Jean-François Maynard, un entraîneur de la région des Laurentides qui possède 20 ans d'expériences diversifiées en coaching notamment au sein du réseau de développement midget AAA et au junior élite. Fier papa, ce dernier a été entraîneur au niveau atome A lors des deux dernières années et ce, afin de pouvoir vivre de merveilleux moments auprès de son fils tout en occupant un poste de vice-président du niveau AA au sein de l'organisation des Red Sox des Laurentides.

Une analyse basée sur qui et sur quoi ?

Depuis de nombreuses années, j'ai côtoyé plusieurs centaines de dirigeants, de joueurs et d'entraîneurs évoluant tous à des niveaux différents. À chaque fin de saison, je me disais toujours la même chose, comment peut-on améliorer l'encadrement offert à nos jeunes joueurs durant l'été afin que ceux-ci se développent de façon optimale ? Spécifiquement dans le but d'écrire une chronique sur le sujet, j'ai pris le temps d'observer plus de 150 parties et entraînements depuis 5 ans, et ce, dans les niveaux A, B et AA de l'atome à bantam. Il est aussi important de noter que cette analyse ne concerne pas l'encadrement offert aux jeunes durant l'hiver notamment dans les programmes sport-études, que je considère d'une très grande qualité dans la majorité des cas.

Puisque j'y demeure et que ma démarche en était du même coup facilitée,  j'ai ciblé des équipes venant d'un peu partout en Estrie (Coaticook, Cookshire, Sherbrooke, Magog, Lac-Mégantic, Farnham, Granby, Drummondville), mais également provenant de la région montréalaise et de la Montérégie, de la Mauricie, de Québec et de Gatineau. Ces dernières régions ont été principalement analysées en situation de match lors des tournois situés près de chez moi ou lorsque mes fils évoluaient dans leurs tournois. Pour les entraînements, ce sont les équipes de la région de l'Estrie qui ont été analysées.

Comment ai-je procédé ?

Dans le cas des équipes qui jouaient contre mes fils, c'était facile puisque je notais discrètement ce que je constatais tout au long du match. Pour les autres, je m'installais tout bonnement près du terrain pour observer et je me faisais plus discret dans le cas des entraîneurs qui me connaissaient.

J'ai ciblé plusieurs éléments qui nécessitent une amélioration à mes yeux. Des aspects qui reviennent constamment année après année et qui pourraient facilement être corrigés si on prenait le temps de l'indiquer à nos dirigeants.

Ici, il est important de noter que cette analyse n'a rien de scientifique en termes de méthodologie et n'a que pour seul but d'améliorer l'intervention offerte aux jeunes et de permettre à ceux-ci de vivre une pratique du baseball stimulante, enrichissante, amusante et évolutive.

La préparation d'avant-match 

En général, j'ai remarqué que la préparation et les échauffements d'avant-match manquent encore de contenus, de stimulations motrices et les jeunes se lancent encore trop souvent pour s'échauffer au lieu de s'échauffer pour se lancer. Par ailleurs, il est triste de constater que la période consacrée au lancer et à l'attraper est rarement encadrée. Pourtant, on parle ici des deux habiletés les plus souvent utilisées durant un match et c'est celle que l'on s'occupe le moins. Il n'est donc pas rare de voir les jeunes se lancer sans grande conviction et sans intention précise, ce qui résulte à des résultats forts décevants en termes d'apprentissages moteurs.

Je constate que les entraîneurs manquent d'idées et ont un urgent besoin d'aide sur ce qu'il faut cibler comme fréquence et volume ainsi que le type d'échauffement à prioriser selon la clientèle visée, les éléments liés à l'environnement, la période de la saison, etc. Comme plusieurs parties ont lieu en semaine à 18 h 30, que les jeunes arrivent vers 18 h et qu'ils n'ont que quelques minutes pour s'échauffer, les entraîneurs manquent de ressources et prennent davantage ce temps pour écrire leur alignement en laissant souvent les jeunes à eux-mêmes.

À ce propos, selon Jean-François Maynard, il est décevant de constater que les entraîneurs ne préparent pas leur alignement à l'avance afin de pouvoir consacrer leur temps à l'encadrement de leurs joueurs. Pour ma part, j'ai constaté deux choses qui revenaient fréquemment : lancer la balle (pas toujours de la bonne façon) et frapper des wiffles (balles trouées en plastique). Ces deux éléments semblent être suffisants aux yeux des entraîneurs alors que la préparation d'avant-match doit être beaucoup plus complète et variée. D'ailleurs si la préparation d'avant-match est structurée et dynamique,  ça va probablement s`avérer le laps de temps où le jeune joueur aura eu le plus de plaisir durant son moment passé sur terrain (bien souvent, plus agréable que le match qu'il aura joué).

 

 

 

 

Solutions et améliorations souhaitées :

  • Offrir une supervision et un encadrement aux entraîneurs;
  • Travailler davantage l'agilité et la coordination;
  • Faire des étirements balistiques;
  • Avoir une routine d'échauffement pré établie pour 15-20 minutes, 30 minutes et 45 minutes selon la réalité de chaque entraîneur, et ce, en fonction de la catégorie et de la phase de développement des apprenants.

L'après-match

En ce qui a trait à l'après-match, il se résume trop souvent à une rencontre d'équipe où l'entraîneur parle du match avec ses joueurs. J'ai rarement vu un temps accordé afin de travailler sur des aspects moteurs spécifiques au baseball comme l'agilité, la coordination ou le rééquilibrage musculaire. Avant de quitter pour la maison, pourquoi ne pas rehausser le rythme cardiaque avec un mini jeu collectif qui travaillera ces aspects et qui procurera du plaisir aux jeunes? Surtout quand on sait que le temps d'engagement moteur au baseball n'est pas très élevé durant une partie. Il serait facile pour les parents d'attendre quelques minutes de plus afin que le jeune vive un après-match beaucoup plus efficace. Cette façon de faire serait très professionnelle et ces derniers accepteraient avec joie que leurs enfants soient bien encadrés et repartent avec un sourire sur le visage.

Jean-François Maynard suggère qu'une rencontre de début de saison serve à clarifier le tout avec les parents et qu'un entraîneur soit régulièrement auprès des jeunes afin de superviser l'après-match. Le cornet de crème glacée peut sûrement attendre un peu !

Solutions et améliorations souhaitées :

  • Offrir une supervision et un encadrement aux entraîneurs;
  • Ne pas prolonger inutilement la rencontre de fin de match (certaines informations peuvent être divulguées durant l'étirement si c'est le cas);
  • Avoir une routine d'après-match de 5, 10 ou 15 minutes selon les circonstances permettant de cibler les groupes musculaires les plus importants et de travailler les aspects cardiovasculaires et moteurs liés au baseball.

Les entraînements

En général, les éléments à améliorer durant les entraînements sont les mêmes, peu importe le niveau analysé. Les entraîneurs semblent avoir de la difficulté à bâtir un entraînement structuré, mobilisateur et ayant un temps d'engagement moteur adéquat. Il n'est pas rare de voir des joueurs en file indienne attendre la balle ou de voir des actions qui ne reflètent en aucun temps la réalité du baseball. Les entraîneurs ont aussi beaucoup de difficulté à bâtir un échauffement qui est spécifique au baseball en utilisant l'équipement et l'environnement à leur disposition de façon optimale. Par exemple, pourquoi ne pas faire couvrir le 1er but aux lanceurs en guise d'échauffement ? Ceci est un bel exemple d'un élément technique qui peut être travaillé et qui permet de s'échauffer avant même d'avoir lancé une balle. Les petits détails techniques que les entraîneurs n'ont pas toujours le temps d'insérer dans leurs entraînements pourraient ainsi être inclus dans l'échauffement, augmentant du même coup, le volume de répétition des jeunes sur des gestes techniques de base. Quand on sait que ça prend quelques centaines de répétitions pour qu'un geste moteur soit acquis par un jeune, le fait d'en inclure dans l'échauffement ne peut qu'être bénéfique.

L'éthique et la perte de temps sur le terrain de la part des joueurs et des entraîneurs

Pour avoir un fils qui évolue également au soccer, il faut avouer que nous avons affaire à deux mondes complètement différents quand on parle d'éthique et de comportements sur le terrain. Le baseball à ce niveau a encore beaucoup de croûtes à manger pour afficher une éthique et un comportement irréprochable. En plus d'assister régulièrement à des matches qui débutent avec plusieurs minutes de retard, un temps fou est perdu à marcher sur le terrain de la part des joueurs et des entraîneurs durant les matches (ceux-ci demandent souvent aux jeunes de courir, mais sont les premiers à se rendre au premier et troisième but en marchant lorsque leur équipe est au bâton!). On oublie constamment de prévoir un receveur entre les manches, on se promène avec le chandail sorti des pantalons, certains entraîneurs crachent par terre, fument près de l'abri, etc.

Jean-François Maynard mentionne quelques points intéressants afin de sauver du temps. Entre autres, avoir un entraîneur ou un adulte responsable d'indiquer les positions défensives aux jeunes à chaque manche, de préciser un endroit pour déposer la casquette, le gant, le casque et les gants de frappeur afin de les retrouver rapidement, de prévoir tout de suite qui frappe et qui est dans le cercle d'attente, etc.

De plus, peut-on arrêter de voir des entraîneurs faire des signaux aux jeunes alors que les buts sont vides? Non seulement cette façon de faire crée une perte de temps, mais elle est tout simplement inutile tout comme les fameuses rencontres au sommet (monticule) entre le lanceur et les joueurs d'avant-champ à chaque manche.

Selon moi, un sérieux coup de barre doit être donné de la part des associations auprès de leurs équipes et de la part de la fédération lors des formations d'entraîneurs, car c'est l'image du baseball qui en prend un coup. Quand je vois cette attitude désinvolte d'un peu tout le monde sur le terrain, je ne peux m'empêcher d'imaginer une maman qui vient voir un match pour la première fois avec son fils parce qu'elle cherche à inscrire celui-ci dans un sport. Croyez-vous sincèrement qu'elle va l'inscrire au baseball en voyant tout le monde faire preuve de laisser-aller sur le terrain et devant un match interminable à cause des pertes de temps trop nombreuses? De par sa nature, le baseball est un sport passif avec de nombreux temps d'arrêt. Peut-on au moins faire en sorte d'être dynamique quand l'occasion se présente? Posez la question, c'est y répondre.

Solutions et améliorations souhaitées :

  • Offrir une supervision et un encadrement aux entraîneurs;
  • Éviter les pertes de temps inutile en courant en tout temps sur le terrain;
  • Obliger les entraîneurs à chronométrer les jeunes lors de leur entrée sur le terrain et lors de leur retour au banc (selon les terrains un temps de 10 à 15 secondes serait alloué);
  • Mettre plus d'emphase sur l'éthique et l'habillement (chandails dans les pantalons, casquette droite, etc.) et ne pas hésiter à servir un avertissement à l'entraîneur concerné de la part des arbitres.
  • Dans le cas d'un match joué avec une température chaude et avec entente entre les entraîneurs en début de match, ne permettre que deux lancers au lanceur en début de manche lorsque celui-ci n'en est pas à sa première présence au monticule (ex.: le lanceur qui lance une 2e manche avec une température de 30 degrés, a-t-il vraiment besoin de refaire 5-6 lancers entre chaque manche ?)

La gestion de la partie (informations données aux jeunes, stratégies utilisées, placement des joueurs sur le terrain, etc.)

En général, je constate que l'information donnée aux jeunes s'améliore graduellement et c'est beaucoup mieux qu'il y a 10 ou 15 ans. Plusieurs mythes véhiculés au fil du temps comme « lève ton coude » au bâton semblent disparaître au profit d'un meilleur discours et d'une terminologie plus efficace. Il y a donc un pas fort positif de franchi à ce niveau. Naturellement, tout n'est pas parfait et certains entraîneurs manquent de connaissances techniques et didactiques pour bien informer les jeunes (comme dans la plupart des autres sports d'ailleurs), mais il n'en demeure pas moins que les formations d'entraîneurs, la convention des entraîneurs et les documents disponibles sur internet de la part de Baseball Québec et Baseball Canada portent leurs fruits.

En ce qui a trait au coaching durant le match lorsqu'il s'agit de positionner les joueurs, utiliser telle ou telle stratégie en fonction du match en cours, bref, les éléments plus tactiques demeurent une des plus grandes faiblesses du coaching québécois. Dans la catégorie pee-wee où les jeunes vivent le vrai vol de but pour la première fois, je vois régulièrement des joueurs de troisième but retenir le coureur au 3e but en se postant sur le but, et ce, même avec un frappeur droitier au bâton ! Au lieu d'enseigner au lanceur à gérer le coureur et au 3e but à couvrir du terrain, on demande au 3e but de retenir le coureur de peur qu'il parte vers le marbre. C'est ce que j'appelle, corriger une erreur par une autre erreur.

Le vol de but au pee-wee A semble être un élément majeur à différents niveaux. Par exemple, avec un coureur au 1er but, il n'est pas rare de voir les entraîneurs demander aux frappeurs de « gaspiller un lancer » en faisant une feinte d'amorti ou en laissant passer un lancer afin de permettre au coureur d'atteindre le 2e but. Il y a beaucoup d'illogisme derrière cette stratégie, d'une part, au niveau pee-wee, le frappeur n'a souvent qu'un seul beau lancé à frapper durant sa séquence (les lanceurs n'ayant pas encore un seuil de précision très élevé) et c'est peut-être celui qu'il doit laisser passer suite à la consigne de l'entraîneur et d'autre part, les receveurs n'ont tout simplement pas le bras et la technique appropriés pour retirer les coureurs au 2e but, les chances que le vol ait lieu est donc très élevé.

 

 

Une autre situation paradoxale a trait à un jeu avec un coureur au 1er et au 3e but. Il n'est pas rare de voir une équipe en défensive ne pas lancer au 2e but si le coureur part du 1er au 2e but, Pourquoi? L'argument des entraîneurs est le suivant : si le receveur lance, le coureur du 3e but risque de marquer. Pourtant, lorsqu'une équipe est en offensive, on tente par tous les moyens de se rende au 2e but en mentionnant avec raison qu'il faut se placer en position de marquer, alors si ce point est important offensivement, pourquoi ne fait-on pas un effort pour essayer de le retirer défensivement? C'est d'ailleurs une des raisons qui fait que les receveurs éprouvent des difficultés, car ils n'ont pas l'occasion d'expérimenter ce genre de situation. De plus, l'argument que le coureur au 3e but va marquer ne tient pas la route puisque si celui-ci marque, mais que vous finissez par retirer le coureur au 2e but, vous n'aurez donné qu'un point si le frappeur suivant frappe un coup sûr comparativement à deux si vous n'essayez pas de le retirer afin de garder le coureur au 3e but !!! Ça revient encore à dire que les jeunes doivent vivre ces expériences motrices s'ils veulent progresser et parmi vos stratégies, rien ne vous empêche de surprendre le coureur au 3e but, et ce, toujours avec comme objectif, de développer les compétences motrices et cognitives de vos protégés.

Durant le déroulement du match, les entraîneurs ont besoin d'être encadrés pour savoir positionner leurs joueurs. Doit-on jouer rapprochés, éloignés, près de la ligne, loin de la ligne ? Ils doivent aussi apprendre pourquoi telle ou telle stratégie est à proscrire ou à utiliser selon leur réalité. Bref, il est normal que plusieurs entraîneurs se sentent perdus face aux éléments tactiques du baseball et il faut les aider à ce niveau. Présentement, un faible pourcentage d'entraîneurs reçoivent une évaluation terrain et je sais que Baseball Québec travaille sur ce dossier afin qu'il y en ait davantage, une initiative qui mérite d'être soulignée.

Solutions et améliorations souhaitées :

  • Offrir une supervision aux entraîneurs et un accompagnement durant les parties;
  • Faire plus de situations de jeux durant les entraînements et vivre de façon spécifique la réalité du match;
  • Mettre en place un document écrit qui permettrait de relever les erreurs les plus fréquentes selon les catégories et expliquer les bases tactiques à privilégier en respectant les phases de développement des apprenants;
  • Offrir davantage de conférences liées à la réalité des entraîneurs des petites catégories (atome, moustique, pee-wee) lors de la convention des entraîneurs de Baseball Québec.

L'attitude générale des entraîneurs durant la saison

Doit-on jouer pour gagner ? Le principe de la victoire à tout prix a-t-il sa place ? Selon moi, il y a beaucoup d'hypocrisie à ce sujet. Plusieurs entraîneurs se disant des partisans d'un temps jeu équitable pour tous et que la priorité doit être de s'amuser, sont les premiers à se vanter de la victoire de leur équipe dans tel ou tel tournoi !!!

La nature humaine étant ce qu'elle est, le fait de gagner est très intéressant et certains individus semblent s'en valoriser très souvent, mais est-ce que cette victoire fut acquise au détriment d'un jeune qui s'est vu privé d'une expérience motrice et de développement parce que l'on voulait absolument gagner en mettant quelqu'un d'autre à sa place ? De plus, quand je parle avec des entraîneurs et que je leur demande s'ils ont eu une bonne saison, ils me répondent pour la plupart : « oui, on a gagné X nombre de parties et on a gagné tel tournoi » À leurs yeux, une bonne saison passe inévitablement par des victoires. Pourtant, j'ai été témoin de plusieurs équipes qui ont certes gagné des parties grâce à leur talent ou à la faiblesse de leurs adversaires, mais qui n'ont aucunement progressé durant la saison. Le fait de vouloir gagner à tout prix est directement lié à « la peur de perdre » et lorsqu'un entraîneur à peur de perdre, il perd toute objectivité et prend des décisions qui pénalisent forcément un jeune.

À ce sujet, Jean-François Maynard indique que beaucoup d'entraîneurs ont une vision exagérée axée sur la victoire et non sur le développement et que la compétence d'un entraîneur est trop souvent basée sur le mauvais résultat, soit la victoire au lieu de la progression. Selon lui, être entraîneur est un privilège qui mérite d'être pris au sérieux et il faut arrêter de se réfugier derrière le mot « bénévolat » pour défendre sa mauvaise gestion et une attitude non professionnelle. D'ailleurs, il mentionne qu'avec les petites catégories, il serait temps que l'on rémunère des ressources professionnelles afin d'offrir un service de haute qualité aux enfants, car c'est souvent lors de cette période de leur vie que ceux-ci décident de poursuivre ou non la pratique du baseball et qu'en plus, ils sont dans des phases de développement très importantes.

Pour ma part, un autre argument qui me fait sourciller est le suivant : «  il n'est pas intéressant pour les jeunes de perdre, car ils se démotivent, je joue donc pour gagner afin que les jeunes aient du plaisir et restent motivés ». Ici, il faut comprendre une chose très importante, les jeunes réagissent à ce que vous leur vendez et c'est certain que si votre discours porte constamment sur la victoire, ils tiendront pour acquis qu'ils n'ont pas le droit de perdre. Apprenez-leur à s'amuser de façon responsable et à démontrer un comportement irréprochable sur le terrain sans nécessairement parler de victoire, mais plutôt de «  plaisir, d'apprentissage et de développement » et vous constaterez que les victoires seront possiblement au rendez-vous, mais que si ce n'est pas le cas, la défaite n'aura rien de dramatique et le plaisir restera au rendez-vous.

L'attitude générale des parents durant la saison

Par contre, à la défense de certains entraîneurs, ceux-ci sont souvent tenaillés face à l'attitude des parents qui sans le vouloir, mettent une pression inutile sur celui-ci en venant voir leur enfant « jouer et gagner ». Il s'agit de voir le nombre de parents assistant aux entraînements comparativement aux matches pour comprendre l'intérêt véritable des parents face à la saison de leurs enfants et surtout l'attitude de certains parents durant un match !

Par ailleurs, au niveau atome, peut-on m'expliquer cet intérêt pour faire des tournois si ce n'est un intérêt parental afin de socialiser et vivre un « trip de gang entre adultes » ? Pensez-vous réellement que c'est à la demande des enfants ? Croyez-vous que ça changerait beaucoup de choses si un enfant de 8-9 ans ne vivait pas cette expérience ?

Que fait-on du DLTA ?

En discutant avec plusieurs entraîneurs, j'ai été étonné de constater qu'ils ne connaissaient pas le DLTA, qui représente le modèle de développement sur lequel on peut se baser pour développer un jeune qui évolue au baseball. Ce modèle, qui est utilisé par plusieurs sports, a été adapté par Baseball Canada il y a quelques années et décrit différentes phases dont on devrait tenir compte selon l'âge et le stade de nos apprenants afin qu'ils se développent correctement. Un des éléments importants qui ressort de ce document c'est le ratio entraînement-match afin d'offrir un développement optimal chez l'enfant et l'adolescent.

Comme la plupart des entraîneurs ne connaissent pas le DLTA (développement à long terme de l'athlète), il est clair qu'il n'est pas mis en pratique sur le terrain. Selon la clientèle touchée, on parle de tenir 2, 3 ou 4 entraînements pour un match durant la saison. Pourtant, on fait tout le contraire. On joue entre 20-25 ou 30 matches et on ne fait que 5 à 10 entraînements durant l'été. Pour qu'un enfant se développe au niveau moteur, il doit répéter plusieurs fois un geste afin de l'acquérir. Croyez-vous que c'est dans un match où il ne touchera peut-être même pas à la balle qu'il pourra améliorer ses compétences motrices? (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle un avant-match structuré et dynamique devient un élément majeur au niveau de l'apprentissage moteur chez les jeunes), de plus, croyez-vous sincèrement qu'un parent va accepter que son enfant ne joue que 15 matchs, mais qu'il fasse 45 entraînements? Croyez-vous que les entraîneurs ont le goût de suivre ces recommandations surtout ceux qui jouent pour gagner à tout prix? Encore une fois, posez la question, c'est y répondre.

Solutions et améliorations souhaitées :

Il faudra faire un énorme travail de sensibilisation à tous les niveaux pour que les mentalités changent. Ça passe par un peu tout le monde, les fédérations, les associations, les entraîneurs, les spécialistes dans le domaine, les formateurs, etc. Des valeurs et des idéologies, ça peut évoluer, mais ça demande du temps. Le DLTA est encore jeune et il faudra un certain temps avant que l'on y constate des retombées directement liées aux apprenants.

Le baseball se doit de se mettre à la page avec les autres sports

Vous avez sûrement remarqué que dans les solutions que j'ai apportées, les mots supervision et encadrement reviennent constamment. Actuellement, il s'en fait trop peu et plusieurs cibles importantes ne sont pas touchées. La plupart des sports qui ont un bassin de joueurs se comparant au baseball embauchent leur expertise afin qu'ils supervisent, encadrent et appui le travail des entraîneurs et des jeunes pratiquant leur sport.

Par ailleurs, une supervision sera efficace à condition que les entraîneurs changent leur approche à cet égard. Beaucoup de ces derniers ne veulent pas être encadrés et veulent « faire leur petite affaire tranquille » de peur de se remettre en question, par insécurité et aussi parce qu'un « certain pouvoir » leur sera enlevé. Nos valeurs et nos idées face à la supervision doivent changer, évoluer et devenir altruistes, car tout compte fait, ces démarches doivent servir les jeunes.

À l'heure actuelle, une supervision fort efficace est effectuée dans le midget espoir et au midget AAA mais comme il était mentionné dans ma chronique précédente sur le système sportif canadien et comme l'indiquait précédemment Jean-François Maynard, on place les compétences en haut de la pyramide alors qu'il en faut également en bas de celle-ci. Les jeunes qui évoluent aux niveaux atome, moustique, pee-wee et bantam manquent d'encadrement de qualité surtout aux niveaux A et B. Les entraîneurs sont souvent des bénévoles qui donnent de leur temps, mais qui sont démunis lorsqu'il s'agit de développer davantage le jeune avec qui ils interviennent. Il faut donc placer les bonnes personnes aux bons endroits et faire appel à une vraie expertise si elle est disponible.

Comme parent, si j'offre à mon enfant un cours de piano, je m'attends à ce que le professeur sache jouer du piano et maîtrise son sujet afin d'offrir le meilleur service possible à ma progéniture. Pourtant, au baseball, dans plusieurs cas, on accepte sans broncher qu'un entraîneur encadre un enfant sans jamais avoir lancé une balle de sa vie ? Sans jamais avoir joué au baseball ? Sans jamais avoir coaché ? Comprenons-nous bien, les bénévoles sont essentiels à notre sport et ils sont souvent dévoués et passionnés, mais ils ont selon moi, trop de pouvoir décisionnel en lien avec des aspects nécessitant des compétences approfondies (ex.: le développement d'un jeune joueur).

Si on veut que notre sport évolue, il faut que le bénévole garde une place juste et équitable dans un système qui laissera plus de place aux compétences et à l'expertise et l'entraîneur bénévole devra accepter d'être guidé, encadré et conseillé.  Mettre en place un tel système doit devenir une priorité pour nos dirigeants qui, malheureusement, ont souvent peur de changer des valeurs et des façons de faire qui sont devenues archaïques au fil du temps.

Comme beaucoup d'autres sports, le baseball doit maintenant rémunérer convenablement son expertise (une expertise doit être intimement liée non seulement au vécu terrain, mais également au vécu éducatif, didactique, aux compétences académiques et aux connaissances spécifiques d'un individu) et les faire intervenir aux endroits stratégiques, sinon, je pourrais réutiliser cette chronique dans 10 ans, car rien n'aura changé.

En terminant, n'hésitez pas à me contacter si vous désirez recevoir un entraînement personnalisé prescrit en fonction de votre capacité et de vos besoins de développement actuels. Par ailleurs, si vous désirez me suggérer un sujet pour cette chronique ou si vous avez une question à laquelle vous aimeriez que je réponde, n'hésitez pas à communiquer avec moi sur Facebook ou à l'adresse courriel suivante : mgoyette@entrainementphysimax.com.


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