Le travail d'agriculteur est exigeant à tous les points de vue; physiquement, psychologiquement, et financièrement. Être une femme dans le milieu agricole apporte aussi son lot de défis particuliers.
L'organisation Agricultrices du Québec milite auprès des différentes instances décisionnelles depuis plus de 30 ans pour l'avancement des droits de leurs membres. Pour y arriver, les AQ ont choisi de se donner les moyens d'influencer le taux de féminisation des élues à l'Union des producteurs agricoles (UPA).
Le dernier congrès général de l'UPA a été l'occasion d'échanger sur les enjeux que vivent ces femmes dans leur quotidien. Une résolution déposée par les AQ, a été adoptée sur la place des femmes dans l'Union. Cette résolution demande notamment de mettre en place un comité de travail composé de la Fédération de la relève agricole du Québec et de la Confédération et des Agricultrices du Québec.
On veut d'abord promouvoir l'accès des femmes à des postes de direction et au conseil d'administration de l'Union des producteurs agricoles. Présentement le nombre de femmes occupant ce type de poste est de 13% seulement. On voudrait voir ce chiffre monter à 30% dans les prochaines années. « Pour nous ça voudrait dire atteindre un niveau de mixité, au lieu d'imposer la parité. On va travailler sur l'apport des opinions, le mélange des valeurs, des forces et des compétences », explique Mme Yolande Lemire, présidente de la section estrienne d'Agricultrices du Québec.
Dans la même veine, l'association a abordé la question de l'utilité d'avoir des femmes assignées à des postes de pouvoir dans une grande organisation comme l'UPA. « À quoi ça sert? Qui a le pouvoir? On a démystifié les différents types de pouvoir; le pouvoir coercitif, le pouvoir de la collaboration, le pouvoir de la connaissance, le pouvoir de la compétence. Tout cela ensemble fait que on est plus forts que si il n'y en a seulement qu'un qui gouverne sur tout », ajoute Mme Lemire, qui voudrait voir les femmes aller au bout de leurs ambitions.
Les discussions se sont ensuite tournées vers la compétence des femmes. Le manque de confiance que celles-ci ont en leurs moyens semble en décourager plusieurs de postuler pour tenir ce genre de rôle dans la structure. Devant ce constat, un programme de mentorat a été mis en place pour donner l'élan nécessaire à celles qui auraient un intérêt pour un poste dans la haute administration du syndicat représentant les agriculteurs et agricultrices du Québec.
Les difficultés de concilier le travail et la famille ont également soulevées. Les femmes acceptent encore trop souvent de se cantonner dans le rôle traditionnel d'éducatrice d'enfant pour s'extraire d'une implication soutenue dans leur syndicat. Le manque de temps, la charge de travail sur la ferme, le jeune âge des enfants, sont les obstacles les plus souvent cités par celles qui voudraient y participer. La question a été soulevée lors du congrès, démontrant la nécessité d'offrir des solutions flexibles pour une mère de famille. « Comment arriver à proposer aux couples des actions qui pourraient convenir aux deux? On demandait aux gens : Quelles seraient les aménagements qui seraient accessibles pour eux, et qui seraient aussi accessibles pour le conseil d'administration? », soulève Yolande Lemire.
Les mois et les années à venir seront déterminants pour que de tels changements soient acceptés et mis en place. L'effort devra se faire de façon collective et concertée pour que les agricultrices aient droit, elles aussi, d'amener l'UPA dans un chemin ouvert à tous et toutes.