Dulcinée Langfelder est l'une de ces artistes inclassables, dans le bon sens du terme. Une artiste multidisciplinaire qui éblouit le public à chacun de ses passages, que ce soit au Québec, au Mexique ou au Japon. Après une tournée anglophone avec La complainte de Dulcinée, voilà qu'elle visite les Québécois. Puisque Dulcinée du Toboso est une héroïne absente dans le roman de ce cher Cervantès, Mme Langfelder était curieuse de connaître son opinion au sujet de l'humanité.
New-Yorkaise d'origine, Dulcinée Langfelder a un parcours particulier. Elle a notamment étudié la danse, le mime et le théâtre, en plus d'avoir appris à chanter dans les rues de Paris. Une artiste qui est fort appréciée dans le milieu et qui se sert de l'acte de la communication pour transmettre sa passion, et ce, à l'aide de divers supports (chanson, danse, musique, projection, etc.).
Dulcinée vit au Québec depuis déjà une trentaine d'années. C'est en 2008 qu'elle a eu l'idée de donner la parole à la muse de Don Quichotte : « Je trouvais intéressant de me mettre dans sa peau, car elle a le même nom que moi!, exclame-t-elle avec un sourire dans la voix. Elle n'a jamais su qu'il l'aimait. Je voulais aussi savoir ce qu'elle avait à dire sur l'état du monde. » La complainte de Dulcinée est une pièce qui exprime un genre de féminisme moderne, sans exclure les hommes, m'a-t-elle rassurée. « J'utilise le féminisme pour parler de la politique, de la justice, de la tolérance et de l'amour », a-t-elle raconté au bout du fil. L'œuvre de Langfelder est inspirée du livre de Cervantès, mais propose une vision différente, car les rôles sont inversés. Cette fois, ce sera Don Quichotte qui écoutera, bien assis sur une chaise.
Celle qui a fondé sa propre compagnie en 1985 nous présentera des grands thèmes de l'histoire à travers la satire sociale et l'humour. « J'aime prendre des sujets délicats : la religion par exemple. C'est un spectacle très vivant même si les propos sont difficiles », a souligné Mme Langfelder. Avec la pièce, la Montréalaise d'adoption tente également de trouver un certain équilibre entre la vie réelle et l'abstrait. Et le fait de retravailler aux côtés d'Alice Ronfard - metteure en scène et une grande dame de théâtre -, ce fut une sorte de retrouvailles artistiques, car leur dernière collaboration était pour La Voisine (1989). « Je l'ai appelée parce que je savais que c'était la meilleure personne, car elle a un penchant pour le multidisciplinaire. Elle nous a beaucoup aidés! », a lancé Dulcinée, celle qui a à son actif plus d'une vingtaine de chorégraphies pour le théâtre, la comédie musicale et la télévision.
Si les temps sont durs au Québec en ce qui concerne le financement en culture, elle n'a toujours pas perdu la flamme qui l'anime : « Ce qui me motive, c'est les moments avec le public. C'est tellement gratifiant! J'aime faire en sorte que les gens se sentent plus substantiels après le spectacle. C'est fascinant de créer des moments où les gens se rencontrent dans la même salle, qu'ils se retrouvent, pleurent et rient ensemble. » L'artiste aux mille atouts scéniques n'a pas voulu me dévoiler ses projets futurs. Elle m'a toutefois avoué qu'il est plus compliqué de faire de la tournée internationale aujourd'hui. Malgré tout, la comédienne, danseuse, chanteuse et chorégraphe a plein de projets en tête...
La complainte de Dulcinée, c'est le 6 avril à 20 h au Théâtre Centennial de Sherbrooke! Pour plus d'information, visitez son site Internet : www.dulci-langfelder.org/nouveau/index.html.
Crédit photo : http://www.centennialtheatre.ca/