Lana Godbout a troqué Montréal pour Sherbrooke il y a un an, soit quelques mois avant l'ouverture du restaurant Boefish. Chef depuis sept ans, c'est elle que la direction du nouveau restaurant voulait dans sa cuisine. Un an plus tard, la femme de 36 ans est heureuse d'avoir accepté de relever ce défi, et bien fière du travail accompli jusqu'à présent.
Native de Thetford Mines, Lana Godbout a passé son enfance dans les cuisines. Sa passion a été initiée par son père, qui a été propriétaire de deux restaurants. Très tôt dans sa vie, elle y travaillait et avait déjà une petite idée du métier qu'elle voulait pratiquer plus tard.
« Plutôt que de garder des enfants, comme la plupart des jeunes adolescentes, j'ai fait de la plonge. Par la suite, je suis devenue boss girl, puis serveuse, puis barmaid. À un certain moment, j'ai pris la décision de quitter Thetford Mines pour m'installer à Montréal, question de découvrir de nouvelles choses. J'ai commencé à travailler pour différentes chaînes de restaurants, dont la Cage aux sports », raconte-t-elle.
Lorsque la direction du Boefish lui a offert l'opportunité en or d'être chef dans son nouveau restaurant à Sherbrooke, Lana travaillait au Keg Steakhouse depuis six ans, en tant que chef.
« C'est tellement un beau projet, je voulais absolument en faire partie. Au Keg, il n'y avait pas de défi de créativité, puisque le menu était déjà créé. Même si j'adore Montréal, je me suis dit, pourquoi pas! Je n'ai pas d'enfant ni de conjoint, alors rien ne me retenait là-bas. Je suis arrivée à Sherbrooke en juin dernier, pour préparer l'ouverture du Boefish. Tout l'été, j'ai fait des tests pour développer le menu et créer des recettes. »
Sa plus grande fierté sur le menu? « Nous sommes reconnus pour les steaks, répond-elle. C'est notre spécialité. On prend du bœuf américain, la meilleure qualité, et on fait notre vieillissement à sec. À Sherbrooke, il n'y a personne qui fait ça. Même à Montréal, les restaurants qui font le vieillissement à sec sont plutôt rares. C'est une fierté pour moi! C'est 45 jours de vieillissement, donc ça demande une connaissance et de la gestion. On est aussi connu pour notre poisson, dont nos steaks de thon. »
Rares, rares, les femmes
Le métier de chef semble davantage être un métier d'homme. Même les employés dans les cuisines sont majoritairement des hommes. Pourquoi? Lana a son opinion à ce sujet.
« C'est un métier très difficile, tant physiquement que mentalement. Je ne dis pas que les femmes ne sont pas capables de gérer la pression, mais peut-être que nous sommes moins nombreuses à vouloir vivre ce genre de vie. On est entouré de gars, il fait très chaud, la pression est très forte. On doit gérer l'inventaire, le personnel, mais aussi les exigences des clients. La vérité, c'est que cuisiner à la maison et gérer un restaurant, c'est deux mondes! Puis, il y a l'horaire; on travaille le soir, le week-end et les jours de fête où la majorité des gens sont en congé. »
D'ailleurs, ce n'est pas que les femmes qui se font rares.
« Plus personne ne veut faire ce métier. Oui, c'est un métier à la mode, mais le problème, c'est que les jeunes qui sortent de l'école veulent devenir dès le départ Gordon Ramsay! Ils veulent tout de suite la position de chef ou de sous-chef. Mais la réalité, ce n'est pas ça. On commence garde-manger, à 12 ou 13 $ de l'heure, et on monte tranquillement les échelons. Il faut avoir beaucoup de patience, être tenace et surtout être passionné par le milieu de la restauration. Il ne faut pas compter ses heures. Moi j'ai 36 ans, je suis chef depuis sept ans, mais je peux vous dire que j'en ai mangé des croutes et j'en ai travaillé des heures! »
Et cette chef passionnée se cuisine-t-elle des repas à la maison? « Honnêtement, c'est très rare. Par contre, lorsque je le fais, je le fais pleinement. J'adore faire des tapas. Ce que j'aime le plus cuisiner, c'est le steak. J'adore l'odeur, les Grill Mark et couper un morceau à la cuisson parfaite. »
STEBUC pour une première fois
Le Boefish fait partie des petits nouveaux sur la liste de l'événement Sherbrooke t'en bouche un coin, les 8, 9 et 10 juin, au Centre de foires de Sherbrooke. Le restaurant aura son kiosque et offrira des bouchées de steak Tomahawk, une spécialité du Boefish.
Cette année, Lana ne participera pas à la compétition Trois chefs au défi, mais qui sait, peut-être l'année prochaine. Après tout, la chef a participé à plusieurs concours, dont à Toronto et en Californie, et est revenue avec les honneurs à maintes reprises au fil de sa carrière.
Les autres participants au STEBUC cette année sont : Christian Fréchette (Da Toni), Suzy Rainville (Baumann), Alain Labrie (La Table du chef), Daniel Charbonneau (L'Empreinte cuisine soignée), Alain Simard (Le Madrigal), Joshua Glover et Alexandre Bilodeau (L'Gros Luxe), Benjamin Gagné (Les Enfants Terribles), Emmanuel Charles-Nicolas (Douceur Antillaise), Diane Plante (Bistro de la Cité), Vincent Cloutier et Alexandre Latendresse (Deux Caribous), Sébastien Lefebvre (La Retenue), Yanick Gaudreau et Mathieu Beaumont (El Tabernaco), David Vinas et Badr Bourabaa (Les Chefs épicuriens), Stéphane Loré (Loré fine cuisine du marché), Manon Houle (Pâtisserie La Vitrine), Marc Thibault (Loubards), Charles Emmanuel Parizeau (O'Chevreuil Taverne américaine),Emmanuelle Parent (Sushi Taxi), Geneviève Roy (Picassiette chef-traiteur inc), Christophe Dorville (Pâtisserie Dorville), Maysam Majd (Persepolis), ainsi que Miguel Pereira, Jérémie Dion-Lafont, Michael Cloutier-Boutin et Reuben Bird (Le Westley).