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Des chercheurs d'ici contribuent à une importante percée médicale

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Mardi le 11 juin 2013

Une étude réalisée par des médecins et chercheurs de Sherbrooke, de Montréal et de Québec a conduit à la découverte d'un gène à l'origine des atrésies intestinales multiples, une rare et mortelle maladie héréditaire touchant les nouveau-nés.

En plus d'explorer de nouvelles options thérapeutiques pour les enfants atteints, la découverte du gène TTC7A permettra l'élaboration d'un test diagnostic prénatal et d'un test de dépistage des parents porteurs qui seraient offerts par le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS).

L'atrésie intestinale multiple est une maladie congénitale qui se caractérise par des obstructions multiples sur toute la longueur du tube digestif, autant au niveau de l'estomac et du petit intestin que du côlon et qui, dans de nombreux cas, est associée à un déficit immunitaire grave. En étudiant l'ADN des enfants atteints, l'équipe de recherche a identifié des mutations dans le gène TTC7A, dont une s'avère relativement fréquente dans la population franco-québécoise.

Une maladie dévastatrice et mortelle

En effet, même si la maladie est rare, environ une trentaine de cas ont été répertoriés au Québec depuis 30 ans.

Aujourd'hui encore, la maladie demeure dévastatrice et mortelle. « Les chirurgies multiples, les greffes intestinales et les greffes de moelle osseuse n'ont pas amené de solutions réelles à la maladie. Même à la suite de ces interventions, le tube digestif des nouveau-nés n'est toujours pas fonctionnel. L'espérance de vie de l'enfant est d'environ deux à trois mois. Grâce à la découverte du gène responsable, si un nouveau-né naît avec des atrésies intestinales multiples, les tests génétiques pourront confirmer le diagnostic », affirme le Dr Bruno Maranda, médecin généticien au CHUS, chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel (CRCELB) du CHUS et professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de l'Université de Sherbrooke (UdeS).

L'hérédité serait en cause

Bien que la maladie soit très rare, elle semble toutefois survenir avec une fréquence plus élevée dans la population canadienne-française au Québec. Les Québécois constituent, selon cette recherche, la population touchée la plus importante au monde. La condition semblait être fort probablement d'origine génétique, puisque dans certaines familles plusieurs enfants sont nés avec cette condition, ce qui suggérait une hérédité récessive, dans laquelle les parents sont porteurs. « Nous avons découvert que plusieurs des enfants atteints d'atrésies intestinales multiples portaient une même mutation génétique provenant de chacun des deux parents. Ce résultat confirme l'hypothèse d'une maladie récessive, c'est-à-dire que la mutation est héritée à la fois du père et de la mère. Ces derniers, ne souffrant pas de la maladie, ignorent donc qu'ils peuvent transmettre cette mutation.

L'identification du gène défectueux, soit le TTC7A, nous permet de connaître la cause de la maladie. C'est une excellente nouvelle tant pour les familles du Québec que pour celles d'ailleurs dans le monde où cette mutation se retrouve », confirme Vincent Raymond, co-auteur de l'étude et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec.

Tests de dépistage aux femmes enceintes et aux membres d'une famille potentiellement porteurs Chaque couple ayant un enfant atteint de la maladie court un risque de récidive de 25 % au cours d'une grossesse subséquente. « Le concept de diagnostic prénatal permet à un couple de procéder à des examens en début de grossesse afin de déterminer si l'enfant à venir sera atteint. Nous pouvons également, au sein d'une même famille, déterminer si, par exemple, les frères et soeurs sont porteurs de cette condition génétique et, éventuellement, si leur partenaire est à risque, en vue de prévoir une récidive dans les générations suivantes » souligne le Dr Maranda, qui est chercheur principal de cette étude et également chef du Service de génétique médicale du CHUS.

Le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) offrira le test diagnostic prénatal et le test de dépistage des parents porteurs au cours de l'été 2013. La poursuite de cette recherche contribuera à prévenir cette maladie chez les enfants et à soutenir les personnes porteuses du gène. Les modalités de prescription, la date de mise en fonction et les conditions d'exécution de ces tests seront précisées au cours des semaines à venir par le CHUS. Ce test s'inscrira à l'intérieur d'une offre globale de recherche sur les maladies génétiques.

De nouvelles avenues thérapeutiques

« La découverte du gène permettra d'explorer d'éventuelles avenues thérapeutiques pour les enfants atteints, car elle nous aidera à comprendre les mécanismes de la maladie, entre autres la modulation du système immunitaire à laquelle le gène semble participer », explique le premier auteur de l'étude Mark Samuels, chercheur en génétique au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine (CHUSJ) et professeur à l'Université de Montréal.

« Pourquoi, certains patients souffrent-ils aussi d'un déficit immunitaire grave ? », demande le coauteur Dr Elie Haddad, médecin et chercheur au CHUSJ en immunologie et professeur à l'Université de Montréal. « La découverte du gène nous permettra de mieux saisir le lien possible entre une anomalie de formation du tube digestif et une anomalie de développement du système immunitaire. »

L'étude, publiée au mois de mai dans le Journal of Medical Genetics, sous le titre de «Exome Sequencing Identifies Mutations in the Gene TTC7A in French-Canadian Cases with Hereditary Multiple Intestinal Atresia», a été réalisée dans le cadre du grand projet pancanadien de génétique pédiatrique Finding Rare Diseases Genes (FORGE), soutenu par Génome Canada, Génome Québec, les Instituts de recherche en santé du Canada et d'autres organismes canadiens. Elle a tiré profit de données provenant de CARTaGENE, vaste enquête panquébécoise qui permet de suivre à long terme l'état de santé des femmes et des hommes du Québec.

Sources :

Nathalie Poirier, conseillère en communication du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel

Mathieu Filion, conseiller principal, relations médias de l'Université de Montréal


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