Des chercheurs du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS ont découvert un nouvel antiviral qui cible l'hôte plutôt que les virus et qui pourrait permettre d'éviter la résistance des virus de la grippe aux médicaments.
Concrètement, ils ont identifié une nouvelle fonction d'une enzyme, la matriptase, présente dans le système respiratoire humain qui est capable d'activer une protéine virale impliquée dans les infections causées par le virus influenza (ou virus de la grippe) H1N1. L'équipe de recherche a développé des molécules capables de bloquer l'activité de cette enzyme, coupant ainsi la propagation du virus.
Le docteur Richter et ses collègues du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel et de l'Institut de pharmacologie de Sherbrooke, soit Éric Marsault, chimiste médicinal, et Richard Leduc, biochimiste et pharmacologue, ont déposé une demande de brevet international pour une nouvelle classe de molécules, ciblant la matriptase, comme nouveaux antiviraux contre l'influenza et présente ses résultats de recherche dans une récente publication du réputé Journal of Virology.
Il n'existe en ce moment que deux types d'antiviraux approuvés pour le traitement du virus influenza (virus de la grippe) dont font partie le Tamiflu et le Relenza. Par contre, les multiples souches du virus de la grippe sont de plus en plus résistantes aux antiviraux. Presque toutes les souches H3N2 sont résistantes à l'un des deux types d'antiviraux, ainsi ces médicaments ne sont plus recommandés pour traiter l'influenza. D'autre part, plusieurs souches des virus H1N1, dont toutes celles qui ont circulé pendant la saison grippale 2007-2008, étaient résistantes au Tamiflu. La majorité des souches dérivées du virus H1N1, dérivées de la pandémie de 2009 et qui circulent encore aujourd'hui, demeurent sensibles mais plusieurs cas de résistance ont été dénombrés.
Les recherches du docteur Richter ouvrent donc la voie au développement de nouveaux antiviraux basés sur une technologie en instance de brevet. La Société de commercialisation et de valorisation de l'Université de Sherbrooke (SOCPRA) est la détentrice de la propriété intellectuelle issue des résultats de cette recherche. Cette propriété est disponible pour un partenariat de commercialisation.
Les résultats de recherche de Martin Richter répondent à un besoin criant de nouveaux antiviraux pour traiter la grippe, une infection qui fait encore, chaque année, entre 250 000 et 500 000 morts à travers le monde, surtout de jeunes enfants et des personnes âgées.
À propos du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS
À l'avant-plan des grandes préoccupations actuelles en santé, le Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel (CRCELB) du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) se démarque par son approche intégrée en regroupant la recherche fondamentale, clinique, épidémiologique et évaluative. Ses quelque 200 chercheurs conjuguent savoir et expertise et visent un objectif commun : développer de nouvelles connaissances pour maintenir la santé, prévenir la maladie et améliorer les soins aux patients. Plus de 900 personnes participent à l'avancement des sciences de la santé.
Source : Nathalie Poirier, conseillère en communication du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel