Laïcité, accommodements raisonnables, polygamie au Canada, port du voile intégral, transformations du catholicisme : voilà autant de thèmes qui seront analysés par la nouvelle Chaire sur les religions en modernité avancée.
L'Université de Sherbrooke et La Fondation de l'UdeS lancent aujourd'hui cette chaire dont les travaux de recherche sont consacrés à l'étude des rapports entre les États modernes et les religions, ainsi qu'aux transformations des formes de croyance dans la société.
Dirigée par le professeur David Koussens, de la Faculté de théologie et d'études religieuses, la chaire jette un regard neuf sur les reconfigurations du religieux dans les sociétés sécularisées. « Les médias rapportent régulièrement un évènement où religions et politique sont étroitement associées, observe le professeur Koussens. Les pouvoirs publics doivent désormais composer avec de nombreux phénomènes, notamment la multiplication des groupes religieux minoritaires en ville et en région, l'attraction croissante des groupes évangéliques, la montée des courants charismatiques ou encore la visibilité de certaines pratiques orthodoxes de l'islam. »
S'inscrivant dans ce contexte social, les travaux menés par la chaire suivront des approches comparatistes et interdisciplinaires et s'appuieront sur des collaborations universitaires nationales et internationales. « À notre époque marquée par de vastes remises en question des phénomènes liés à la foi, cette nouvelle chaire de recherche propose un regard aussi neuf que pertinent sur le rôle et le déploiement des religions dans nos sociétés, poursuit Jacques Beauvais, vice-recteur à la recherche de l'UdeS. L'approche du professeur Koussens apporte une vision éclairée et fascinante de la modernité qui illustre parfaitement le positionnement de notre Faculté de théologie et d'études religieuses. »
Mieux comprendre les transformations du religieux contemporain
Le programme de recherche de la chaire s'articule autour de trois axes. Le premier axe, qui s'intitule Religions et États : les laïcités au défi de la diversité religieuse, propose l'analyse comparée des formes de laïcités décelables au Québec, en France, en Suisse et en Belgique. Ce faisant, cet axe s'inscrit dans les débats les plus récents : Faut-il adopter une charte sur la laïcité au Québec? Les fonctionnaires peuvent-ils porter des symboles religieux? La présence d'aumôneries dans les prisons est-elle légitime?
Sous le thème Les religions dans l'espace public : religion acceptable ou religion qui choque en modernité avancée, le deuxième axe vise à explorer comment les acteurs sociaux, politiques et religieux qualifient le religieux, puis comment ces qualifications conditionnent la participation et l'inscription des groupes religieux dans l'espace public. Les analyses porteront sur des problématiques touchant le catholicisme, le mormonisme et l'islam. « J'approfondirai trois sujets en particulier : les symboles religieux catholiques dans les institutions publiques québécoises, les fondements éthiques de l'interdiction de la polygamie au Canada et les enjeux éthiques, politiques et juridiques relatifs au port du voile intégral », indique le professeur Koussens.
Le troisième axe, qui s'intitule Religions et sécularisation - Le catholicisme en paroisse au Québec, vise à identifier les modalités par lesquelles le cadre paroissial québécois favorise la mise en oeuvre d'accommodements au dogme catholique. Les recherches porteront autant sur les questions de la place des femmes dans l'Église ou de la participation des homosexuels au culte que sur les adaptations culturelles mises en place sur le plan local dans les paroisses dites ethniques.
Une vision actuelle des enjeux religieux
Avec le lancement de cette chaire, la Faculté de théologie et d'études religieuses rompt avec l'opposition classique entre religions et modernité et renforce son créneau du religieux contemporain. « La chaire est complémentaire à la récente création de deux nouveaux programmes de maîtrise et de doctorat en études du religieux contemporain à notre faculté, explique son doyen Pierre C. Noël. En contribuant à la compréhension des liens actuels entre religions et modernité, la chaire apportera une expertise importante aux programmes offerts par la Faculté, permettant de les hisser en tête des formations comparables au Canada. »
Les travaux menés par la chaire contribueront ainsi à la formation d'étudiants de 2e et 3e cycles de haut calibre et de futurs chercheurs qui intégreront une structure de recherche dynamique, axée sur les grands enjeux et débats sociaux liés à la diversité religieuse.
« Les efforts et l'appui de La Fondation se répercutent dans tous les domaines d'expertise de notre institution, notamment par la réalisation de cette chaire, mentionne François Dubé, directeur général de La Fondation de l'UdeS. Nous contribuons à maintenir et à développer des initiatives offrant des parcours de recherche et de formation exceptionnels. Unis, nous pouvons assurer à nos étudiantes et étudiants un environnement d'apprentissage stimulant et moderne. »
La chaire organise dès 2012 et 2013 plusieurs conférences internationales, ainsi que des séminaires de recherche visant à réunir universitaires, fonctionnaires, représentants des milieux syndicaux, journalistes et acteurs politiques afin de favoriser une compréhension plus globale des transformations du religieux contemporain.
Source : Josée Courtemanche, agente de communication