Pour ma dernière chronique sur la Chine, je vais traiter des incontournables de ce pays au passé plurimillénaire. Puisque le Nord-Est chinois est depuis quelques siècles le centre où se concentrent les pouvoirs, on y retrouve aussi une grande concentration de monuments et d'édifices historiques. Compte tenu de mon engouement pour les richesses culturelles, j'ai tout fait pour en visiter le plus grand nombre possible, tout en ne bâclant aucune visite... Il a donc fallu faire des choix déchirants. Je vous ferai donc découvrir les Guerriers en terre cuite, la Grande Muraille, la Cité Interdite et le Temple du Ciel et de la Terre.
À la suite de notre aventure de quatre jours en bateau sur le fleuve Yangtsé, nous avons quitté Yichang pour l'ancienne capitale de l'Empire, Xian. Nous y avons trouvé une excellente auberge bien située, au décor et à l'ambiance très à propos : il y avait des sculptures antiques, des peintures traditionnelles et même des répliques grandeur nature de guerriers en terre cuite. En prenant un bus pour 1$, on se rend sur les lieux de l'un des plus honorables sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Au 3e siècle avant Jésus-Christ, l'empereur Qin a unifié une bonne partie des royaumes sous son égide (d'où le nom actuelle « Chine » : Qin se prononce « Chin » en mandarin) et connecté toutes les petites murailles du Nord en une seule Grande Muraille afin, entre autres, de les protéger efficacement des attaques des guerriers mongols.
Ce grand conquérant se sentait si important et si puissant qu'il se fit bâtir un mausolée gigantesque, qui incluait plus de 8000 statues représentant précisément chacun des meilleurs guerriers de son empire. Selon la légende, chaque guerrier qui se faisait mouler le visage devait prêter le serment de suivre leur maître, même après la mort, dans ses campagnes de conquête... du paradis. Pour ajouter à l'excentricité de la chose, tous ceux qui avaient travaillé à l'édification du mausolée furent emmurés avec la dépouille du défunt souverain, afin d'éviter que les trésors enfouis soient pillés grâce à des fuites d'informations.
C'est tellement impressionnant de voir ces superbes statues de terra cotta alignées sur une telle superficie! On peut s'approcher et observer les différences entre chaque guerrier. Merci aux archéologues qui ont fait ce casse-tête en recollant chacune des miettes qui avaient été laissées par une armée, dont le chef superstitieux craignant des représailles provenant de l'au-delà, avait commandé la destruction. Le réalisme est si frappant, surtout en ce qui concerne les chevaux et les plus hauts gradés, que Yannick et moi y avons passé des heures à nous émerveiller.
Après avoir visité la vieille ville de Xian et marché sur ses murailles, nous avons pris le train pour Beijing, la capitale. Cette dernière est une ville où se côtoient modernité et tradition. Son métro Hi-Tech est extrêmement efficace... J'ai pris le métro dans plus de 20 métropoles et je crois bien que celui de Beijing est le plus efficace que j'aie emprunté : il y a des départs chaque 30 secondes, la vitesse entre chaque station est impressionnante à un point tel qu'on peut traverser cette agglomération urbaine de plus de 16 millions d'habitants en moins de 30 minutes. À l'Est de la ville et en périphérie se dressent d'imposants gratte-ciels ainsi que des rues commerciales surpeuplées, mais un peu partout, nous avons la chance de visiter des vestiges du passé bien conservés et/ou rénovés, parsemés ici et là dans la capitale.
Cependant, son attrait principal se situe et constitue son centre : la Cité Interdite. Un magnifique palais du 15e siècle, composé de plusieurs pavillons et jardins, le tout ceint d'une muraille rectangulaire comportant des tours et d'imposantes portes. Ce fut le centre administratif de l'Empire durant la dynastie Ming et elle restera réservée à la famille royale jusqu'en 1924. Chaque pavillon est maintenant un musée et j'ai été spécialement attiré par le pavillon des cadeaux royaux. Les diplomates de tous les royaumes du monde devaient présenter des cadeaux à l'empereur lors de leurs visites à la Cité Interdite. Ce que l'un des souverains appréciait le plus étaient ces étranges nouveautés technologiques de l'époque : les horloges ! Il en possédait des toutes les grandeurs, couleurs et formes. Il y en a même qui prennent l'espace d'une pièce complète avec des mécanismes complexes qui permettent une foule d'animations lorsque sonnent les heures. Plusieurs grands monarques européens devaient donc leurs bonnes relations commerciales avec la Chine à leurs horlogers!
Toujours en plein cœur de Beijing, se trouve le « nombril du monde » pour les Chinois. On se rappelle que la Chine se voit comme le centre du monde (d'où le titre de ma chronique), mais elle est grande et son centre est supposé être situé dans le Temple du Ciel et de la Terre. Un magnifique complexe de temples dont le principal, le Hall des Prières, est de forme circulaire, paré de boiseries, de fresques, de peintures, de dorures et enrichi par l'aspect massif et noble du marbre sculpté. C'est vraiment l'endroit où aller pour admirer la plus belle représentation de l'architecture traditionnelle chinoise!
Entre deux visites, nous avons rencontré d'autres voyageurs et avons décidé d'aller passer la soirée à déguster des petits péchés-mignons locaux. Ce fut un délice de brochettes de scorpions, d'étoiles de mers, de lézards, de mygales et toutes sortes d'autres collations exotiques.
Nul ne peut visiter Beijing sans se rendre au principal icône chinois, et j'ai nommé la Grande Muraille de Chine. Premièrement, le mythe voulant que celle-ci soit la seule construction humaine visible de l'espace est faux. On voit davantage nos réseaux autoroutiers que cette mince ligne serpentant au gré des crêtes sur plus de 8000 kilomètres. C'est durant notre visite que le calcul officiel de la réelle longueur se termina... belle coïncidence! La Muraille a gagné 2000 kilomètres (de 6700 km, comme nous l'indique encore Wikipédia, à 8852 km) cette journée-là! Servant à empêcher les troupes mongoles de faire des razzias dans l'empire du Milieu, mais surtout à permettre des communications plus rapides d'un bout à l'autre de celui-ci, la muraille diffère de couleur et de style au fur et à mesure qu'on la parcourt.
La plus belle partie est celle près de Beijing, car elle fut reconstituée à la perfection, y incluant même des musées, des objets de siège, mais surtout, un chemin parsemé de pentes abruptes pavées de pierres... C'est une destination vraiment intéressante, puisqu'elle mélange activité physique et découvertes culturelles. Le seul élément un peu désagréable est lié à sa popularité : il y a beaucoup de touristes chinois qui envahissent les portions les plus près des entrées. Si vous ne voulez pas vous retrouver pris à travers les parasols, les immenses chapeaux et les cris incessants, je vous suggère de regarder de quel côté se dirigent les groupes organisés et de commencer par l'autre, mais surtout, si vous êtes assez en forme, rendez-vous loin sur la muraille, vous vous y retrouverez seuls, car ces groupes ne la marchent que sur quelques centaines de mètres.
Cette région du Nord-Est est la plus riche historiquement et mérite définitivement une visite de plus d'une semaine pour réellement saisir l'ampleur de son potentiel touristique.
Bon voyage!
David Beaulieu
