Le personnel du Centre jeunesse Val-du-Lac est à bout de force. À la suite des événements violents survenus mardi, Steve Lemieux, président du syndicat du personnel des employés du Centre jeunesse de l'Estrie, dénonce la situation.
«C'est très régulier la violence envers les éducateurs et les agents d'intervention. C'est presque quotidien, déplore Steve Lemieux. Il n'y a pas une semaine ou un éducateur ne se fait pas menacer ou bousculer. On entend souvent des gens dire que ça fait partie de notre travail, mais c'est faux.»
Rappelons que mardi soir, les policiers de Sherbrooke ont dû se rendre au Centre jeunesse de Val-du-Lac , pour prêter main-forte aux intervenants qui n'arrivaient pas à contrôler six jeunes, âgés de 16 et 17 ans, menaçants et agressifs.
Il aura fallu l'intervention de six travailleurs du Centre jeunesse et de l'aide d'une dizaine de policiers pour arriver à contrôler la situation qui se déroulait dans la seule unité de détention du centre.
«On a évité la catastrophe cette soirée-là! Nos employés ont dû faire appel aux policiers. Une première équipe est arrivée sur place mais n'a pas réussi à maitriser la situation et a dû faire appel à des collègues. C'est finalement une dizaine de policiers qui sont intervenus.»
Une situation isolée? Pas du tout, répond le président du syndicat. «Les agressions physiques et verbales se vivent au quotidien, mais c'est rare que le policiers doivent intervenir, car nous sommes autonomes dans nos interventions physiques. Nous avons des agents d'intervention très efficaces sur place, donc c'est eux qui interviennent. Normalement, c'est suffisant.»
M. Lemieux dénonce le manque de personnel et les coupures qui se poursuivent. «Au cours des derniers mois, on a fait une dizaine de sorties médiatiques pour dénoncer la situation. On a eu des rencontres avec les employeurs pour les aviser de la problématique et des difficultés vécues par les équipes. Il y a plusieurs équipes en détresse, elles sont surchargées.D'ailleurs, à la suite des événements de mardi, le personnel concerné n'a pas été rencontré, n'a pas reçu de support moral et n'a pas eu d'appel de la part de la direction. Ils ont été laissés à eux-mêmes. C'est vrai qu'il n'y a pas eu de blessures physiques, mais il y a eu des chocs posttraumatiques.»
Le président du syndicat du personnel des employés du Centre jeunesse de l'Estrie réitère donc ses demandes à la haute direction. Ce qu'il veut est clair; «Je veux qu'on arrête de calculer le travail auprès des enfants en difficultés dans une colonne de chiffres. Je veux que le CIUSS soit au courant de la réalité des centres jeunesse de l'Estrie et je veux que nous soyons reconnus, car nous sommes très petits dans cette grosse machine médicale. Ce qui est déplorable, c'est que les hauts dirigeants sortent dans les médias pour dire que tout va bien. C'est de l'ignorance volontaire et c'est un gros manque de respect envers les travailleurs qui vivent la situation au quotidien», conclut M. Lemieux.