Dominic a 11 ans. Lorsqu'on lui demande s'il aime faire des blagues, il lance un « OUI! » bien affirmé. Le jeune homme, atteint d'un trouble du spectre de l'autisme, fréquente la maison Autism'Aide Estrie, l'unique ressource qui offre un répit aux parents d'enfants comme lui.
« Tout à l'heure, on jouait avec de la glu. Je n'aime pas particulièrement manipuler ces effets de texture et Dominic le sait. Il fait donc exprès de choisir ses activités-là », affirme Karine Richard avec un sourire. Karine est une intervenante clinique à la maison Autism'Aide. C'est elle qui s'occupait du garçon à l'occasion des portes ouvertes de l'organisme, le 1er avril dernier.
Depuis le mois de septembre 2015, Dominic passe un weekend par mois avec ses amis à la maison Autism'Aide. En février 2015, il avait commencé à participer à ces répits en raison d'une journée à la fois. Pour l'habituer à ce nouveau milieu, en quelques sortes. Avant cela, il participait au camp d'été spécialisé de l'organisme depuis quelques années. C'est en fait un bel exemple du comment agir avec une personne autiste comme Dominic : par étapes, graduellement, à son rythme à lui.
« Chaque personne est différente, affirme Karine. On ne peut jamais parler de durée d'adaptation avec une personne autiste. On parlera d'adaptation personnelle parce qu'elle évolue dans le temps et selon un rythme qui lui est propre. C'est souvent à nous de s'adapter, de trouver des outils de communication et d'adapter l'environnement à la personne pour qu'elle puisse suivre ce qui se passe. »
Dominic fonctionne avec un horaire écrit. On lui présente son horaire de la journée dans un cahier et au fur et à mesure que les événements se passent, il les raye d'un trait dans le cahier. On peut même lui indiquer des heures puisqu'il sait les reconnaître. Selon Karine, c'est de cette façon qu'il sait où il s'en va.
« Ce n'est pas le cas de tous. Certains participants fonctionnent avec des images pour se repérer dans le moment. On pourra alors mettre une minuterie et lorsque c'est rouge, les participants sauront que le temps d'une activité est presqu'écoulé, par exemple. En partenariat avec le CRDITED et le milieu scolaire, on cherchera aussi à mettre en place de nouveaux outils pour que l'enfant puisse continuer d'évoluer et conserver ses acquis! »
Son meilleur conseil : faire preuve d'ouverture vis-à-vis des personnes autistes.
« Elles sont différentes, mais elles ont beaucoup de choses à partager et à nous apporter. Ce sont des gens qui ont beaucoup d'amour à donner. Lorsqu'ils font des crises, c'est qu'un besoin fondamental n'a pas été comblé. Quand on comprend leurs besoins, c'est plus facile de répondre avant la crise », souligne-t-elle.
La « bulle » de la personne autiste est un mythe qu'elle aimerait voir disparaître. L'exemple de sa relation avec Dominic est d'ailleurs probant.
« Dominic, je peux le toucher, entrer en contact avec lui, avoir une discussion. C'est faux de penser qu'ils sont tous dans une bulle. Ils sont souvent plongés dans leurs réflexions : chacun est différent dans son processus d'assimilation de l'information. Certains sont plus rapides, d'autres plus lents. Ce sont des humains comme les autres. Il faut prendre chaque personne de façon individuelle. »