Hiver 1995-1996, une vague de suicides commis par des jeunes frappe la communauté de Coaticook. Cinq adolescents sans lien apparent entre eux, s'enlèvent la vie en l'espace de quelques mois, au grand désarroi de leur entourage, familles et amis. Ces événements malheureux, et le rapport du coroner les concernant, sont la prémisse à la création d'un programme adressant directement la santé mentale des jeunes. ‘'Solidaires pour la santé mentale'' est né d'un désir d'éduquer, de sensibiliser, et d'outiller les jeunes à mieux identifier ce qu'ils vivent.
Les problèmes de santé mentale chez les jeunes sont en augmentation depuis les dernières années. La vie d'adolescent dans les années 2000 s'est beaucoup complexifiée avec l'arrivée des réseaux sociaux. Souci de l'image, anxiété, stress de performance, cyber intimidation, sont certain des facteurs identifiés pour expliquer ce mal-être chez plusieurs d'entre eux. Le fait d'en parler plus ouvertement contribue également à faire gonfler les statistiques.
En effet ce serait plus de 1/3 des adolescents du Québec qui se situeraient à un niveau élevé sur l'échelle de détresse psychologique. De plus, 50% des problématiques de santé mentale débutent avant l'âge de 14 ans et 75% avant 24 ans: il est donc important d'agir tôt.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) constate enfin que la dépression touche de façon disproportionnée les adolescents et les jeunes adultes et rappelle que le suicide est la 2ème cause de mortalité chez les 15-29 ans.
Josiane Babin, gestionnaire du programme ‘'Solidaires pour la santé mentale des jeunes'' à l'organisme Jeunes en Tête, explique en quoi consiste les ateliers spécifiquement élaborés pour être présentés dans les écoles. «Depuis 1999 on est dans les écoles secondaires pour sensibiliser les élèves à la dépression à l'adolescence. On leur explique c'est quoi la dépression, comment je fais la différence entre un moment de déprime et la maladie, parce qu'ils vont en vivre; c'est quoi les symptômes, comment reconnaître les manifestations chez quelqu'un ou chez moi-même, pour détecter à quel moment je dois aller chercher de l'aide. »
Les animateurs présentent ensuite des mises en situation pour illustrer concrètement ce qui peut être fait pour retrouver le chemin d'une santé mentale plus équilibrée. « Une fois que la théorie est passée, qu'est-ce qu'on fait? C'est quoi les ressources? C'est quoi les traitements à cette maladie-là? À qui est-ce que j'en parle? Comment est-ce que j'en parle? On essaie vraiment de mobiliser les jeunes, et le message que l'on veut qu'ils comprennent c'est que la dépression c'est réversible. Ça se traite; il y a quelque chose à faire », poursuit Josiane Babin.
Depuis plus de 20 ans, c'est près de 1 150 000 jeunes, partout au Québec, qui ont eu accès aux différents ateliers et interventions proposés par l'organisme. À partir du 9 janvier et jusqu'au 29 mai 2020*, la Fondation Jeunes en Tête démarrera sa grande tournée annuelle du programme Solidaires pour la santé mentale (SPLSM) dans les régions de Mauricie, Centre-du-Québec, Estrie et de l'Outaouais. À cette occasion, plus de 3 600 jeunes du 3e, 4e et 5e secondaire, leurs parents ainsi que le personnel scolaire qui les entourent, découvriront l'animation « La dépression est réversible ».
La tournée fera deux arrêts à l'École secondaire du Triolet soit les 16 et 31 janvier prochains. Pour plus d'informations allez au fondationjeunesentete.org