Comme à son habitude, Stéphane Bellavance a le sourire dans la voix et ce ton taquin qu'on lui connaît bien. Très sollicité d'ordinaire, l'animateur vit le confinement avec philosophie et sérénité.
Depuis quelques années, les projets se multiplient pour le sympathique gaillard qu'on a pu d'abord découvrir sur les ondes de VRAK, puis à la barre de la populaire émission Génial! À Télé-Québec. Dernière aventure en lice : être le Maître du jeu pour la première sitcom de Club Illico Rue King, une comédie au format très ludique et surprenant. « C'est Vincent Bolduc, producteur au contenu qui m'a proposé le projet. Sa stratégie était très bonne parce qu'il m'a décrit le projet avant de me dire ce que j'allais faire dedans. Plus il m'en parlait, plus j'espérais qu'il m'offre d'être le maître du jeu. C'est ce que j'avais envie de faire et j'étais vraiment contant de tenir ce rôle-là », se réjouit M. Bellavance.
« Ce qui m'a beaucoup étonné c'est que des producteurs et un diffuseur aient envie d'embarquer dans cette aventure-là. Ils n'ont jamais lu une ligne! Il n'y en avait pas une d'écrite! Il faut faire confiance; on leur présentait un concept solide avec une brochette d'acteurs tout aussi solides. N'empêche qu'ils ont sauté dans le vide eux aussi. »
La prémisse de l'émission (un concept développé en Allemagne) est que tous les dialogues sont entièrement improvisés. Chaque comédien doit tenter de se démarquer en respectant la mise en situation de base et les quelques indications reçues par le maître de jeu, Stéphane Bellavance. Celui-ci, avec la complicité du public dans la salle, dirige l'histoire en donnant des directives aux comédiens dans leur oreillette, parfois pour les aider, parfois pour leur nuire...au plus grand plaisir de tous.
« Les comédiens n'ont eu aucun scénario avant d'arriver sur le plateau, ni aucune répétition. La première surprise qu'ils ont c'est quand ils entrent dans leur loge et qu'ils voient le costume qu'ils vont porter. C'était un premier indice de ce qu'ils allaient faire. Puis, 3 minutes avant d'enregistrer, c'est là qu'on leur disait ce qui s'en venait. En fait l'ouverture de chaque épisode, c'est moi en coulisses avec les acteurs de la journée qui leur dit les grandes lignes de l'épisode qui sera fait. Et c'est réellement la première fois qu'ils l'entendent », ajoute l'animateur qui semble avoir eu beaucoup de plaisir à y prendre part.
Rue King présente un trio de colocataires débutant leur nouvelle cohabitation dans un loft de Sherbrooke qui devra apprendre à vivre ensemble. On a justement choisi ce décor pour situer l'action ailleurs que dans la métropole, tout en mettant l'accent sur l'aspect ‘'ville étudiante'' que représente Sherbrooke. Autour des protagonistes gravitent amis, conquêtes et clients, interprétés par des comédiens invités qui peuvent les surprendre à tout moment.
La distribution est composée de champions de l'impro, des acteurs et actrices qui ont su faire leur place dans cet univers où l'agilité mentale et le sens de la répartie sont des outils indispensables. Les Sophie Cadieux, Pier-Luc Funk, Stéphane Crête, Sylvie Moreau, Marie-Ève Morency et Medhi Bousaidan, y font la démonstration de leur grande maîtrise de cet art particulier.
« Je dirais que le plus grand défi qu'on va avoir à relever c'est que les gens croient que ce n'est pas scripté. Parce que le résultat est étonnant et les acteurs sont fascinants! Quand ça part pour quelques minutes, on a de la misère à croire que c'est entièrement improvisé. Tellement qu'on a dû ajouter au montage des réactions de ma part; c'est une façon de rappeler au public que c'est improvisé! », raconte Stéphane Bellavance, impressionné par les prestations de ses collègues acteurs.
Comme il s'agit d'user de leur imagination pour faire avancer l'histoire, ceux-ci ont parfois donné du fil à retordre aux concepteurs pour espérer donner une certaine cohérence à l'intrigue. « Même si nous de notre côté on a essayé de se préparer le mieux possible, cela n'empêche qu'à chaque fois, eux reçoivent ce qu'on leur dit et font quelque chose avec; mais ce qu'ils font n'est pas nécessairement ce à quoi on s'attendait. »
C'est donc toute la production qui a dû apprendre à improviser et à s'adapter pour en faire un tout qui se tient du début à la fin. La conceptrice allemande à l'origine de l'émission (qui a été repris à plusieurs endroits dans le monde) n'en revenait pas du talent d'improvisateur des comédiens québécois, et a salué l'équipe pour leur exploit.
Pour l'animateur il s'agit du meilleur de deux mondes; la spontanéité des matchs de la LNI qui rencontre l'inattendu d'Arrange-toi avec ça. Stéphane Bellavance dit espérer un grand succès à Rue King auprès des téléspectateurs, et ainsi répéter l'expérience de ce délire improvisé pour une deuxième saison.