Le parcours scolaire varie d'un élève à l'autre. Certains sont parmi les meilleurs de classe alors que d'autres peinent à réussir un cours. Afin de garder ceux qui ont le plus de difficulté sur les bancs d'école, la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS) fait obstacle au décrochage scolaire avec le déploiement de sa campagne «Reste à l'école!», qui perdure depuis neuf ans maintenant.
La réussite scolaire des élèves est une préoccupation importante aux yeux de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke. C'est d'ailleurs pourquoi elle met sur pied plusieurs initiatives, dont la campagne « Reste à l'école! », pour soutenir la réussite de ses jeunes.
Depuis neuf ans, la CSRS valorise avec sa campagne la poursuite des études auprès de ses élèves de 3e, 4e et 5e secondaire qui sont à risque de décrocher, et ce, particulièrement l'été. « Dès la première campagne en 2009, les résultats ont été probants et se maintiennent constamment, assure Gilles Normand, président de la CSRS. En 2017-2018, on a identifié 147 élèves à risque de décrocher. Ils ont été rejoints afin de discuter avec eux de leurs projets d'avenir. L'objectif est que 100 % de ces jeunes-là soient de retour à l'école à la rentrée, s'ils n'ont pas obtenu un diplôme ou une certification. »
Au fil des années, la méthode s'est raffinée afin de mieux répondre aux besoins des élèves avec une concertation entre les écoles, le centre administration, la formation professionnelle, l'école Le Goéland et la formation générale aux adultes. Chaque école secondaire orchestre maintenant les actions suivantes : élaboration d'une liste d'élèves à risque ciblés, mise en place d'outils préventifs propres à chaque école, et la liste s'étire encore.
« J'incite fortement ces élèves à revenir sur les bancs d'école dans une dizaine de jours, indique M. Normand. Rester à l'école est une idée qui fait son chemin et tout le monde doit se sentir concerné. »
« Il ne faut jamais lâcher »
Plusieurs élèves de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke n'ont pas eu un cheminement scolaire facile. Malgré tout, ils ont persévéré afin d'assurer leur avenir. C'est le cas notamment de Mezhgan Jamali, de l'école secondaire de la Montée, et de Félix-Antoine Lafond, de l'école secondaire du Triolet.
« Je suis une fille immigrante qui vient d'Afghanistan et je suis arrivée ici à l'âge de 11 ans, explique Mezhgan, qui est une élève de 5e secondaire. Je n'étais pas éduquée. J'ai commencé le primaire dans une classe d'accueil pendant deux ans. C'était quand même difficile la langue parce qu'une fille afghane qui apprenait le français, c'était complètement différent. La première année, j'avais toujours des notes de zéro. Ça me décourageait, mais la deuxième année, j'ai commencé à avoir de bonnes notes et j'ai eu de l'énergie. »
Bien qu'elle ait eu beaucoup de difficulté à son arrivée au secondaire, Mezhgan a mis les efforts nécessaires pour réussir. «Je ne pensais pas que j'allais finir mon secondaire parce que je savais que c'était difficile le français, indique-t-elle. J'ai tout de même mis les efforts pour apprendre. J'ai été capable de faire ça, donc c'est sûr que les Québécois en sont aussi capables.»
De son côté, Félix-Antoine Lafond a eu de la difficulté à enfiler les bonnes notes à l'école. C'est en se retroussant les manches qu'il a réussi à tracer sa voie. « J'ai été au Salésien en secondaire 1 et 2, se rappelle-t-il. Je n'avais pas de bonnes notes. Les décès dans la famille ont aussi embarqué dans tout ça. Au Salésien, je n'ai pas pu rester, car mes notes n'étaient pas assez bonnes. Par la suite, à l'école secondaire de Bromptonville, ç'a été la même chose. J'ai toujours essayé de faire les cours d'été, mais j'ai toujours échoué. »
« Cette année, je suis arrivé dans le programme Pré-DEP, poursuit-il. Je n'avais pas les préalables pour y aller au départ, car je n'avais pas eu mon secondaire 1 et mon secondaire 2. Les profs ont été très ouverts en me faisant passer un examen au milieu de l'année. Je l'ai réussi et j'ai pu faire mon secondaire 3. J'ai mis tous les efforts pour y arriver. À la fin, j'ai eu une moyenne générale de 80 %. »
Cette année, Félix-Antoine entamera le programme de concomitance en secondaire 4 pour pourvoir travailler en entretien général d'immeuble. « On vit tous des parcours différents dans notre vie, qu'ils soient faciles ou difficiles, remarque-t-il. Il ne faut jamais lâcher, car tout le long de la vie, il y en a des parcours comme ça. Il faut passer à travers et ne pas abandonner. Si tu abandonnes là, tu vas toujours abandonner dans le cours de ta vie. »
