« Laisse-moi en parler avec ton père, je vais voir s'il changera d'idée! »
Est-ce qu'il vous arrive de vous adresser à l'autre parent, à l'enseignante, aux parents de ses amis pour éviter à votre enfant le stress de régler lui-même la situation?
« Mon fils et moi sommes très proches et il se confie beaucoup à moi. Quand son père a de fortes réactions envers lui, qu'il lui refuse une permission ou le prive de quelque chose, il me demande d'intervenir auprès de lui. Je sais que mon fils est capable de parler lui-même à son père, mais il semble plus à l'aise avec moi et vraisemblablement il a besoin de mon aide. Dernièrement, son père m'a dit qu'il n'accepterait plus de discuter avec moi sur ces sujets. Que si notre fils avait quelque chose à lui dire, il devait le faire lui-même! Qu'en pensez-vous? » S.T.
Lorsque nous intervenons à la place de notre enfant, nous le privons de grands apprentissages et nous développons ce que l'on appelle « l'incapacité acquise ».
Par conséquent, au lieu d'apprendre à communiquer et à régler ses conflits, notre enfant choisira de vous en parler afin que vous vous portiez à sa défense! Beaucoup plus facile pour lui, moins stressant, moins de danger de faire face à ses émotions.
- «Papa, maman ne veut pas que j'aille coucher chez mon ami»
- «Mon enseignante m'a donné une retenue, mais ce n'est pas moi qui parlais, ce n'est pas juste!»
- «Maman, Sophia ne veut plus être mon amie, veux-tu en parler à sa mère?»
En d'autres termes, le message envoyé est que vous serez toujours là pour sortir votre enfant du pétrin ou pour lui obtenir ce qu'il désire.
1. Lui enseigner à s'adresser à la bonne personne (la personne concernée dans cette situation) et l'aider à se préparer
L'enfant a besoin d'apprendre à communiquer et notre rôle consiste à lui enseigner comment le faire. On l'aide ainsi à :
- Développer ses aptitudes en communication;
- Chercher lui-même des solutions;
- Se poser des questions et réfléchir;
- Entretenir de bonnes relations;
- Faire valoir son point de vue.
Ex. : Maman ne veut pas que tu ailles faire du ski et tu ne comprends pas pourquoi.
- Qu'est-ce que tu souhaites lui dire
- Quel est ton but?
- Comment lui diras-tu, sur quel ton?
- Quel est le meilleur moment pour lui parler selon toi?
- Comment te sentiras-tu et comment l'autre personne se sentira-t-elle selon toi?
2. L'aider à se pratiquer concrètement
La phrase suivante peut lui servir dans toutes les situations similaires.
« J'aimerais te parler. Est-ce un bon moment pour toi? »
On peut faire comme si nous étions l'autre personne et jouer à changer d'avis, puis recommencer en maintenant notre point de vue. Utilisez parfois un ton calme, d'autres fois un ton impatient!
**J'aime mettre de l'humour dans ce genre de situation, ça aide à dédramatiser et à mettre notre enfant en confiance.
** Les premières fois, on peut préparer le terrain auprès de l'autre adulte, afin qu'il sache comment l'enfant s'est préparé et l'aviser qu'il viendra en discuter avec lui. (Il n'est pas nécessaire que l'adulte change d'idée!) Il peut simplement lui dire : « Je vois que tu aurais beaucoup aimé... en même temps, pour aujourd'hui, ma réponse est non, parce que... Merci de m'en avoir parlé. »
Nous ne pouvons pas contrôler tout ce que vivent nos enfants et nous ne voulons pas le faire non plus! En leur apprenant à s'adresser à la bonne personne et en leur enseignant comment le faire, nous leur transmettons le message que nous avons confiance en eux et en leurs habiletés. Quand les enfants réalisent qu'ils ont la responsabilité de régler leur problème, c'est le premier pas vers la recherche de solutions. Ils comprennent le pouvoir qu'ils ont dans leur vie et apprennent à communiquer de façon responsable!