Les 175 élèves de 5e secondaire de l'école La Montée ont assisté vendredi à une conférence donnée par Georges Mourani, de l'église syriaque orthodoxe St-Éphrem, et Mercedes Orellana, du Service d'aide aux néo-canadiens (SANC), sur les origines du conflit syrien qui amènent des dizaines de réfugiés à s'établir à Sherbrooke.
À cette période de l'année, Robert Gauthier enseigne les mouvements migratoires des populations à ses élèves, dont celui que vit actuellement l'Europe en raison de l'arrivée massive de réfugiés syriens. Par la conférence qu'il organisait vendredi dernier, l'enseignant de monde contemporain voulait remettre certaines pendules à l'heure entre la réalité et la fiction entourant la crise syrienne.
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Une rectification de certains faits que s'est empressé de faire Georges Mourani, professeur à la retraite et lui-même Syrien d'origine. M. Mourani est aussi impliqué dans le processus de parrainage de familles de réfugiées par l'église St-Éphrem. Pour lui, le terme « berceau de la civilisation » est même trop peu pour désigner ses origines.
« C'est quoi, la Syrie? On entend parler de guerre, de réfugiés qui se retrouvent un peu partout. Mais c'est un pays bien plus important que tout ce qu'on entend : il représente les portes de l'Histoire. C'est en Syrie que sont nés l'agriculture, l'écriture et la première maison de pierre. Chaque humain a la double nationalité : la nationalité syrienne et celle de son pays d'origine », a tenu à affirmer M. Mourani.
Selon lui, la Syrie se retrouve aux prises avec des conflits dont elle n'est pas responsable, notamment en raison des disputes russes, américaines et saoudiennes sur le transport du pétrole vers l'Europe et par la mer Méditerranée. Le fait de la Syrie qui trouvait, il y a plusieurs années, une réserve de pétrole équivalente à celle de l'Arabie saoudite, du Qatar et du Koweït réunie, n'a sûrement pas aidé la stabilité de la région.
« La Syrie a dit non au passage des gazoducs étrangers sur son territoire pour vendre son propre gaz, ce qui n'a pas fait l'affaire des autres, explique M. Mourani. Aujourd'hui, les Russes et les Américains sont en Syrie, de même que des milices et des combattants en provenance de partout. Malheureusement, le conflit perdurera. J'ai peur, il y a réellement là la possibilité d'une troisième guerre mondiale. »
De la Syrie à Sherbrooke
Mercedes Orellana travaille quant à elle tous les jours à faciliter l'arrivée et l'intégration des dommages collatéraux de ces conflits : les réfugiés, qui quittent leur domicile avec le strict minimum en effets personnels. Et parfois, rien du tout.
« L'intégration est complexe parce qu'elle est multidimensionnelle, elle est graduelle et continue. Plus important encore, elle est propre à chaque individu », affirme Mme Orellana.
Les élèves de La Montée sont maintenant en mesure faire la différence entre le parrainage public et le parrainage privé, en plus de connaître les étapes qu'une famille de réfugiés arrivée à Sherbrooke doit accomplir : où se loge-t-elle? Comment arrive-t-elle à remplir les dizaines de formulaire nécessaires à l'assurance-maladie, à l'inscription à l'école des enfants et aux cours de francisation des adultes?
Cela fait notamment partie des démarches durant lesquelles le SANC accompagne les familles.
Les Sherbrookois sont-ils réellement ouverts?
À quel niveau M. Mourani et Mme Orellana évaluent-ils l'ouverture des Sherbrookois, entre autres sur la question de l'emploi des personnes réfugiées, une fois le processus de francisation terminé?
« La générosité des Sherbrookois a largement dépassé nos attentes, elle est démesurée, remarquable, autant pour les dons que les appuis, souligne M. Mourani. Je conseille d'abord et avant aux gens qui arrivent d'apprendre le français, puis de se trouver un emploi. Mais déjà, une vingtaine de personnes des familles que nous avons parrainées se sont trouvé un emploi! »
« Il y a une plus grande ouverture des gens et nous sommes contents de l'appel du gouvernement aux employeurs à donner une chance aux réfugiés. Chaque entreprise est un petit monde en soit, et le chercheur d'emploi doit aussi faire sa part des choses, comme apprendre un français technique lorsque l'emploi le demande, explique Mme Orellana. Les entreprises exprimeront leurs besoins lorsqu'elles en auront. »