Un regard vers la face sud du mont Orford, qu'il soit porté
de près ou de loin, toutes saisons confondues, permet tout de suite
d'apercevoir les sillons aménagés pour les pistes de ski. Même avec tout
l'amour que l'on peut porter à la montagne, ces cicatrices n'ont pas été
forgées par la nature.
Une équipe d'architectes paysagistes cherchait une façon
originale, et surtout en harmonie avec le paysage et la flore qui habite les
lieux, de redonner ses espaces aux plantes, arbustes, et autres éléments qui
les occupaient avant que des pistes de ski y soient creusées. La directrice générale et artistique de Conscience Urbaine, un
organisme à but non lucratif qui réalise des projets d'aménagement et des
créations dans l'espace public, Fanie St-Michel, a élaboré un plan, suite à une
demande de la SÉPAQ Orford.
C'est donc en
collaboration avec le partenaire Petrone Architecture
qu'une vision à long terme, répondant à
la signature de la montagne a été soumise. Le mandat? Combiner nature et culture, valoriser le volet
touristique dans le parc national, créer un site qui fait sensation au niveau
visuel, et attirer les familles. Le projet Grand paysage consiste à créer, sur
les friches des pistes de ski, la plus grande œuvre de land art au Québec. Le
‘'Land art'' est une approche en art contemporain et en aménagement qui
consiste à utiliser des matériaux naturels pour créer une œuvre in situ,
c'est-à-dire qui se trouve elle-même dans un contexte naturel.
« Ça fait deux ans qu'on travaille sur ce projet-là, à
réfléchir sur comment porter une vision qui est de développer des pôles culturels
en lien avec l'ADN d'une montagne qui appartient à un parc national et non à un
promoteur. On a vraiment collé à cette vision dans un souci de vouloir protéger
et révéler son paysage, » raconte Mme St-Michel. « On s'est dit que
ce serait vraiment intéressant de transformer les pistes de ski en prairie, où justement
pousse déjà une plaine de fleurs et comment on pourrait la bonifier. »
Le projet se fera progressivement, en évolution et en respectant
le rythme de la nature, s'assurant ainsi que les éléments végétaux qui
seront plantés, puissent intégrer le sol de façon permanente. Une première
étape a été lancée dans les derniers jours, entre autre avec l'installation
d'une sculpture-balançoire qui permet aux visiteurs d'admirer les magnifiques
couleurs des montagnes du Mont-Orford. « On voulait avec ce premier geste,
sensibiliser la population à la biodiversité; c'est un beau geste avec une
intention magnifique. Ce qui est important c'est de comprendre que quand on
travaille avec le vivant, c'est plein d'étapes complexes qui prennent du temps. »
« Cette année on
fait des tontes pour cibler les végétaux existants, mais notre objectif c'est
de pouvoir aller un peu plus loin. C'est comme ça qu'on a approché le ministère
de l'Environnement et qu'on a eu son soutien, puisqu'on travaille dans un parc
national, » d'explique Fanie St-Michel. D'autres ajouts se feront au cours
des prochains étés, offrant une couche supplémentaire à la mosaïque visuelle.
Le plus grand producteur de plantes indigènes au Québec,
Pépinière Aiglon Indigo, a tout de suite été séduit par le concept, et assurera
ainsi l'approvisionnement nécessaire à sa réalisation. En plus d'avoir l'appui
des différents paliers de gouvernement, la Fondation David Suzuki a aussi
signifié qu'elle voulait s'associer à la promotion du projet. La MRC
Memphrémagog s'est également laissé
convaincre à s'engager à faire la démarche pour devenir la première MRC «Ville
amie des monarques» et donc de prendre action pour la survie du papillon.
La Flambée des couleurs est l'occasion pour le public
d'observer les balbutiements du Grand Paysage. Fanie St-Michel souhaite
ardemment l'adhésion des citoyens à cette transformation progressive du visage
de leur montagne. « Notre démarche cherchait à trouver comment activer nos
montagne d'une autre façon que par l'événementiel. Ça va devenir une
attraction, une carte postale! Un peu comme les mosaïcultures ou les tulipes à
Ottawa, les gens retournent les voir à chaque année. »
L'équipe de design espère que son travail saura exprimer
tout l'enthousiasme et le bonheur investit pour créer un effet saisissant,
lorsque tous ces efforts auront aboutis. Elle qui fréquente le Mont Orford
depuis une dizaine d'années, Fanie St-Michel se trouve privilégiée de pouvoir
contribuer à l'embellissement et à la conservation de sa nature.
grandpaysage.com