Une personne sur trois sera touchée au cours de sa vie par un problème de santé mentale. Ce sujet complexe est abordé une fois par mois lors de conférences ouvertes à tous, au Cégep de Sherbrooke. Le prochain sujet abordé, le 28 mars, sera le trouble de personnalité limite (ou borderline). À l'approche de la conférence, EstriePlus.com s'est entretenu avec le psychologue et conférencier Gaétan Roy.
Gaétan Roy est psychologue à la clinique externe qui traite du trouble de personnalité limite, au CHUS, hôpital Ĥôtel-Dieu. Le 28 mars au Cégep de Sherbrooke, il sera l'invité des rencontres mensuelles organisées par l'Association des proches de personnes atteintes de maladie mentale de l'Estrie (APPAMM-Estrie).
Il faut dire que 1,6 % de la population est atteint d'un trouble de personnalité limite (ou borderline). Pas moins de 10 % des consultations en psychiatrie et 20 % des patients hospitalisés en psychiatrie sont des personnes qui ont un trouble de personnalité limite (trois fois plus de femmes que d'hommes).
Ici, on ne parle pas d'une maladie mentale, mais d'un trouble de personnalité. « On va les reconnaitre dans l'instabilité émotionnelle, relationnelle ou professionnelle, explique Gaétan Roy. Ils passent souvent d'un extrême à l'autre dans ce qu'ils aiment, dans ce qu'ils souhaitent. Avec eux, il n'y a souvent pas de zone grise. »
Plus apte que les autres à vivre de l'anxiété et à faire des dépressions majeures, les personnes qui ont un trouble de personnalité limite poseront souvent des gestes d'autodestruction.
« Pour calmer leurs problèmes, ils vont souvent prendre toutes sortes de moyens qui ne sont pas nécessairement adéquats. Ils vont poser des gestes d'automutilation, ils vont aller dans la consommation de drogue, d'alcool, de menaces ou des tentatives de suicide », explique M. Roy.
Mais d' où part cette douleur ? «C'est une construction qui s'est fait à travers le tempérament de l'enfant et de son éducation, répond M. Roy. À la base, cette grande sensibilité est neurologique. La réactivité neurologique n'est pas pareil d'un enfant à l'autre dès la naissance et les personnes qui ont un trouble de la personnalité sont habituellement plus sensibles, plus réactives. Ensuite, il y a l'environnement dans lequel l'enfant va grandir. Les premières années, même si on ne s'en rappelle pas, ont un impact majeur sur la personnalité. La réaction des parents jouent aussi, mais on ne peut pas mettre tout le blâme sur les parents; les stress de la vie font en sorte que les parents ne peuvent pas toujours être aussi présents qu'ils le voudraient dans la vie de leur enfant. Ce sont des lacunes normales, mais certains enfants sont plus fragiles à ces lacunes que d'autres.»
La personne borderline s'explique difficilement la présence constante de son mal, mais la situation peut être aussi très difficile pour l'entourage.
« L'un des critères du trouble de personnalité est la souffrance au long court, c'est-à-dire une souffrance qui est là depuis presque toujours. Ces personnes ne savent pas non plus pourquoi elles souffrent. Ce genre de conférence (le 28 mars, 19 h 30, au Cégep de Sherbrooke pavillon 2) peut donc amener des réponses et apporter un effet apaisant. C'est rassurant de voir qu'il y a des alternatives. Leur lacune est dans la technique de résolution de problèmes. Il faut donc regarder le problème autrement et trouver d'autres sortes de solutions. Tout à coup il y a l'espoir de pouvoir faire autrement et s'en sortir », explique M. Roy, précisant que les conférences servent aussi aux proches des personnes qui ont un trouble de la personnalité limite.
Pour en savoir plus sur les conférences offertes gratuitement par l'Association des proches de personnes atteintes de maladie mentale de l'Estrie, visitez le : http://appamme.org.