À l'heure où le thème de la Réconciliation avec les Peuples autochtones du pays est un enjeu important, les producteurs Roger Frappier et Justin Kingsley présentent un documentaire d'exception, qui fait la démonstration qu'il est possible d'y arriver.
Chaakapesh est un film d'une grande beauté (autant visuelle que sonore), au fil duquel on suit le périple de Maestro Kent Nagano et de l'Orchestre Symphonique de Montréal, qui, pour une seconde incursion dans le Grand Nord québécois, vont collaborer à créer un opéra interprété en langues autochtones. Une entreprise ambitieuse et complexe, mais surtout une aventure humaine riche en rencontres, en échanges, et par-dessus tout, en partages. L'initiative du maestro va amener plusieurs artistes d'univers très différents à collaborer sur une œuvre singulière et unique.
Chaakapesh : Le périple d'un fripon est un conte imaginé et écrit par le grand dramaturge autochtone Tomson Highway (Les reines de la réserve, Champion et Ooneemeetoo). L'opéra est basé sur une légende millénaire relatant l'histoire d'un jeune homme interpelé par un dieu pour qu'il intervienne afin d'éviter un massacre dans des communautés éloignées de chez lui. Une aventure qui parle d'entraide, de résilience, et du pouvoir de l'humour.
D'entrée de jeu, M. Nagano évoque la prise de risque d'un tel projet, mettant l'emphase sur le fait qu'il s'agit d'une première fois pour plusieurs aspects de cette création. L'usage de langues et l'intégration d'éléments de plusieurs cultures autochtones, sur une musique opératique composée et jouée par des non-autochtones allait poser tout un défi. Avec l'intervention de l'auteur et l'apport d'artistes de différentes communautés (Florent Volant, Akinisie Sivuarapik, Ernest Webb), l'œuvre a pris forme dans un esprit d'ouverture et de camaraderie. Autre défi : comment en faire un objet d'échange culturel sans que cela ne devienne de l'appropriation.
Tout au long du processus, on voit le dévouement, le professionnalisme, mais surtout, la bonne entente entre chacun des protagonistes. « C'était très courageux de prendre un texte millénaire et de le mettre sur une musique absolument contemporaine. Il y avait une telle ouverture de l'Orchestre Symphonique. Ça m'a véritablement épaté, parce qu'il fallait d'abord déchiffrer l'œuvre, être capable de la jouer, de la rendre », raconte le coproducteur Roger Frappier.
La seconde partie du documentaire montre le voyage de l'équipe d'une communauté à l'autre. À chaque arrêt, les musiciens et artistes participant au projet sont accueillis avec une grande curiosité et une certaine fascination. Les journées sont longues et chargées, mais le bonheur d'échanger et surtout de présenter cet opéra si spécial semble donner une énergie sans fin aux artistes. À chaque endroit visité, on se faisait un devoir d'intégrer un artiste local au spectacle pour une prestation; une façon admirable de mettre en valeur les talents du terroir.
« D'aller, dans des conditions plutôt difficiles, faire la tournée c'était vraiment du gros travail. On arrivait le matin, il y avait une rencontre avec des étudiants, ensuite des répétitions, et un concert le soir. On repartait le lendemain matin vers un autre village et ça recommençait. Tout ça fait dans l'enthousiasme et la bonne humeur, et avec aussi cette volonté de partage véritable », ajoute M. Frappier d'un ton admiratif.
Le film Chaakapesh est éclairé par les impressions et les réflexions des principaux acteurs de cette belle et grande réalisation. Les producteurs ont aussi donné une voix aux autochtones participant au projet pour qu'ils et elles témoignent de leur vécu et de la signification et de l'importance de pouvoir semer les graines de la réconciliation pour les futures générations.
CHAAKAPESH sera disponible en vidéo sur demande le 9 août 2020, Journée internationale des populations autochtones, sur les plateformes Illico, Cogeco, Bell Fibe ainsi que iTunes où les précommandes sont acceptées.