Dès le début du xxe
siècle, Sherbrooke abrite une petite communauté chinoise. Les recensements de
1901, 1911 et 1921 font état d'une réalité particulière puisque cette
communauté est essentiellement masculine. En effet, les Chinois immigrent en
petits groupes formés d'oncles, de neveux et de cousins. Ils se déclarent
presque tous mariés mais aucune femme ni enfant ne les accompagne ni ne les
rejoint... Difficile, dans ces conditions, de retracer une famille immigrante.
Et pourquoi cela? Une fois la construction du chemin de fer du
Canadien Pacifique terminée, réalisation à laquelle la main-d'œuvre chinoise a
largement pris part, le gouvernement canadien adopte toutes sortes de mesures
pour restreindre le flot d'immigration chinoise, allant de l'imposition d'une
taxe d'entrée (de 100 $ en 1900 à 500 $ en 1903) jusqu'à l'interdiction
d'entrée au pays de 1923 à 1947. Impossible, donc, de faire venir femmes et
enfants.
À la fin de la construction du chemin de fer, la communauté
chinoise se disperse pour trouver du travail. Ces hommes entreprenants et
travaillants développent successivement deux secteurs commerciaux bien précis.
Pendant le premier quart du xxe
siècle, les Chinois fondent des buanderies. On en compte quatre à Sherbrooke
pour servir les hôtels et les institutions, et pratiquement chaque localité de
l'Estrie compte sa buanderie chinoise, d'Asbestos à Stanstead !
D'ailleurs, le registre d'état civil de 1902 de la Stanstead Plain Methodist Church réserve
aux chercheurs toute une surprise en dévoilant une écriture chinoise en marge
de droite. Cette inscription, à la fois rare et étonnante, témoigne de la
conversion religieuse de Tom Hing, un jeune homme né en Chine en 1878, et
baptisé quelques 24 ans plus tard chez les méthodistes de Stanstead Plain. Malgré
des recherches fouillées, le destin de Tom Hing demeure inconnu.
Portrait de monsieur Wayne J. Hong (1961). Archives nationales
du Québec à Sherbrooke, fonds Studio Boudrias (P21, S2, D1603, P7). Photo :
Studio Boudrias.
À partir des années 1950, plusieurs restaurants de cuisine
chinoise font leur apparition à Sherbrooke dont le Lily Garden Café, l'Angel China Café,
l'Orchid House, le Nanking
Café et le Lee Café
Chinese Food.
Le Café Mee-Ho est
fondé à Sherbrooke en février 1956 par deux Chinois, Wayne J. Hong et Johnny
Tom. Les déclarations de raisons sociales nous apprennent que Johnny Tom
retourne en Chine quelque 10 mois après l'ouverture du restaurant. Quant à
Wayne J. Hong, il demeure propriétaire du Café
Mee-Ho de 1956 à 1961. On perd sa trace dans les années 1960.
Le mois de mai est l'occasion de souligner le patrimoine
asiatique au Canada. Vous souhaitez en connaître davantage sur les communautés
asiatiques en Estrie? Nous vous invitons à consulter notre billet de blogue Mois
du patrimoine asiatique.
Sources :
Kesteman, Jean-Pierre, Histoire de Sherbrooke, tome 2 : De
l'âge de la vapeur à l'ère de l'électricité (1867-1896), Sherbrooke,
GGC éditions, 2001, p. 91.
Radio-Canada International, L'immigration chinoise au Canada [site Web]. http://www.rcinet.ca/patrimoine-asiatique-fr/le-mois-du-patrimoine-asiatique-au-canada/limmigration-chinoise-au-canada/ (consulté le 31 août 2017).
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