Les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ne sont pas rares. Au contraire. Les troubles anxieux ou bien les troubles dépressifs commencent de plus en plus tôt chez les jeunes. Devant cette réalité, Mon Shack a été mis sur pied et inauguré ce matin après cinq années de persévérance et de détermination.
Depuis plusieurs années, un besoin grandissant de services auprès des jeunes vivant avec des problèmes de santé mentale se faisait sentir. C'est pourquoi le projet Mon Shack, qui permet d'offrir des logements communautaires ainsi qu'un milieu de vie et des services bilingues pour les jeunes de 18 à 35 ans, a été pensé il y a cinq ans et finalement inauguré ce matin à Lennoxville au grand bonheur de la fondatrice et directrice générale, Josée Parent.
« Dans mon parcours professionnel où j'ai travaillé pendant cinq ans à JEVI, j'ai pris conscience qu'il y avait un manque de services pour les jeunes en santé mentale en ce qui concerne les appartements sous supervision, a-t-elle indiqué. J'ai vite constaté également le vide de services pour les anglophones. Ça n'existait pas, donc on est les premiers en Estrie à pouvoir offrir des appartements sous supervision ainsi que des services d'intervention sur place, et ce, dans les deux langues. C'est ouvert à la communauté et différent de ce qui existe déjà. »
En Estrie, près de 27 000 adultes sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, d'où l'importance de combattre la stigmatisation en communauté, comme l'a expliqué Mme Parent. « Ce qu'on voit dans la documentation, et c'est une chose qui ne se dément pas, c'est qu'il y a une augmentation au niveau des problématiques en santé mentale. C'est une réalité. Mon Shack favorise l'inclusion sociale et combat la stigmatisation. »
Le projet, qui a nécessité des investissements de plus de 2,6 M$, offre 18 logements communautaires, trois bureaux d'intervention et une salle communautaire. Au moment d'écrire ces lignes, déjà 12 logements sont occupés.
« La meilleure transition »
Mon Shack compte sur une petite équipe de professionnels pour répondre aux besoins des jeunes puisque les fonds amassés jusqu'à maintenant ne sont pas suffisants pour avoir des employés à temps complet. Pour lui venir en aide, des étudiants de l'Université de Sherbrooke, de l'Université Bishop's et du Collège Champlain réalisent leur stage à cet endroit, qui ne reçoit aucune subvention pour le financement de son offre de services.
Malgré tout, Mon Shack permet à sa clientèle de développer une autonomie pour réintégrer la société. Comme l'a souligné Maïthé Cyr-Morin, locataire à Mon Shack, il s'agit de la meilleure transition. « Ça fait depuis un an que je voulais habiter au Shack. La première fois que j'ai entendu parler de l'organisation, je voulais vraiment y être. Coup de théâtre, au mois de mai, j'ai été hospitalisée pour une troisième fois. J'étais vraiment déçu, j'étais certaine que j'avais vaincu les rechutes et que je ne retomberais jamais. J'avais beaucoup hésité à venir habiter ici finalement. »
« Je ne pouvais pas retourner au travail, donc je me demandais comment j'allais payer le loyer, a poursuivi la jeune femme de 26 ans. J'avais plein de questions d'ordre logique. J'ai décidé de venir quand même et ç'a été la meilleure transition. Le Shack m'influence beaucoup dans le cours de ma vie pour mon rétablissement, la relation avec ma famille, les locataires et la communauté. En retournant chez mes parents, je sentais que je n'aurais pas avancé. Venir ici, ça me donnait la notion d'être autonome et ça m'a permis de briser la peur de vivre en appartement. »
Mon Shack permet aux locataires de trouver beaucoup de liberté et d'avancer dans leur cheminement. « La santé mentale touche tout le monde de près ou de loin, a rappelé Mme Cyr-Morin. En habitant ici, j'ai vraiment pris conscience de ma maladie et c'est là que j'ai vu toutes les mesures que je dois prendre pour prévenir une rechute. J'ai vu comment je dois apprendre à aimer ma maladie. »