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Réflexions, sculpture et confinement


Le sculpteur croit que le confinement imposé a démontré à tout le monde qu'il y a un nombre impressionnant d'artistes au Québec qui ont besoin de se produire pour vivre de leur art. Pour lui en ce moment plusieurs se retrouve au même niveau et à la même place que les artistes en devenir toutes catégories confondue qui rêvent d'atteindre un statut plus populaire.
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Photo : photo gracieuseté Matthieu Binette
Daniel Campeau Par Daniel Campeau
redaction@estrieplus.com
Samedi le 30 mai 2020

« La pandémie nous a appris que l'on a beaucoup à tirer de cela au niveau social, économique et humain », commente tout de go Matthieu Binette, sculpteur et artiste visuel sherbrookois.

Plusieurs affirmeront que l'avènement de la pandémie est néfaste pour les artistes, mais d'une certaine manière, nombre d'entre eux (chanteurs et humoristes) vivent présentement ce que les artistes en arts visuel vivent à l'année...en confinement et en manque de revenus ... presque tout le temps !

Matthieu Binette est un sculpteur sherbrookois qui vit de son art depuis 20 ans. Le confinement lui a donné le temps de finir quelques œuvres mais ça n'a presque rien changé dans sa pratique puisque que c'est ce qu'il vit à longueur d'année.

« Je suis pas mal toujours en confinement. Nous autres on vit dans notre shop et on est dans l'instant présent tout le temps. On travaille presque tous, tout seul, un peu en retrait du monde extérieur quand on est sur une œuvre; en tous cas, moi je suis comme ça! Et moi je suis chanceux je vis de ça depuis 20 ans par choix, mais ce n'est pas facile de gagner sa vie en étant un artiste visuel au Québec. On n'a pas beaucoup de place pour montrer ce que l'on fait et on n'est pas connu du public. C'est comme le nom du drummer de Michel Rivard c'est qui? Tu ne le sais pas! Nous autres c'est un peu comme ça, on n'est pas très connu mais souvent les gens connaissent ou reconnaissent nos œuvres, les remarquent au coin d'une rue ou devant un édifice, mais avant qu'elle nous rapporte autant de popularité qu'un chanteur qui est au top des palmarès, j'ai le temps de coller assez de gouttes pour me rendre en Afrique », ironise celui-ci.

Dans ce milieu très particulier et peu accessible, de nombreux artistes n'arrivent pas à joindre les deux bouts et seul quelques chanceux ou privilégiés obtiennent des contrats dit ‘' payants''. Ces projets représentent environ 1% du budget des villes ou municipalités, alloué pour la création d'une œuvre d'art en milieu urbain ou pour leurs bâtiments publiques. Les montants versés dans ces cas précis sont la plupart du temps à la mesure du travail accompli ou presque! « Quand tu n'en a pas et que tu vis dans l'instant présent ce n'est pas toujours évident, sans oublier que les gens en général lorsqu'ils voient le prix d'une toile ou d'une sculpture ils font le saut! Ils sous-estiment le temps que tu as passé à créer et finir ton œuvre avec tout ce que cela implique. Moi ma première grosse sculpture on me l'a payée avec un ragoût de boulette, mais il était super bon! », raconte Matthieu Binette.

Le sculpteur croit que le confinement imposé a démontré à tout le monde qu'il y a un nombre impressionnant d'artistes au Québec qui ont besoin de se produire pour vivre de leur art. Pour lui en ce moment plusieurs se retrouve au même niveau et à la même place que les artistes en devenir toutes catégories confondue qui rêvent d'atteindre un statut plus populaire.

« Même les artistes qui roulent comme le maudit et qui ont de grandes carrières, les plus connus et les plus big du Québec, se retrouvent tout d'un coup un peu pas mal à la même place que moi qui ne gagne pas beaucoup d'argent. Là tous leurs shows ont été annulés; donc plus de shows, plus de revenus et eux aussi doivent faire face à leurs responsabilités. Depuis le début de la pandémie de COVID-19 on entend beaucoup plus parler des chanteurs et des humoristes. Une toile ou une sculpture ça ne chante pas fort et ne fais pas de farce non plus, et quand tu la regarde à travers un écran...il ne se passe pas grand-chose, les émotions passent pas. C'est dommage au Québec on a de la misère à reconnaitre nos sculpteurs et artistes en arts visuels comme des artistes de calibre international », se désole Matthieu Binette.

Après être arrivé à prendre sa place au sein de la collectivité artistique en arts visuel le sculpteur n'a jamais oublié le conseil de son père (qui a fait les beaux-arts et a été prof d'art durant 30 ans) « Ne te serre jamais d'une efface l'erreur n'existe pas il n'y a rien donc rien à effacer. » Sage enseignement s'il est en un, puisque sans cette notion qui induit la peur de se tromper, l'artiste n'aurait peut-être pas persisté dans sa quête. Matthieu a, comme tout le monde, cheminé sur les bancs d'école (qu'il n'aimait pas particulièrement), est passé par le Cégep de Sherbrooke, en arts plastiques, mais n'a pas obtenu de diplômes. L'autodidacte a plutôt créé son style en s'entourant de modèles et en faisant ses propres apprentissages.

La démarche artistique de Matthieu Binette prendra forme et se précisera en 1999 alors que celui-ci améliore sa technique personnelle qu'il nomme ‘'le goutte à goutte''. Il fait fondre des gouttes d'acier pour les transformer en personnages texturés aux formes allongées. Au fil du temps, les sculptures de Matthieu Binette évoluent, se solidifient et se conceptualisent.

Après avoir créé quelques œuvres et trimé dur, Matthieu Binette a la chance unique de croiser sur sa route l'homme d'affaires André L'Espérance, qui aime son travail d'artiste et qui lui propose son aide en s'offrant comme mécène « M. L'Espérance m'a offert un petit espace d'atelier au centre-ville de Sherbrooke. Je sais que suis privilégié. À 23 ans, j'avais un salaire et je vivais déjà de mon art. »

Presque 20 ans plus tard, Matthieu est avec ‘'Dimension Plus'' une agence qui représente des artistes canadiens de haut niveau sur le marché de l'art nord-américain. Il vit toujours de son art, sans mécène, et vend ses sculptures de bronze et ses sculptures encadrées partout au Québec, ailleurs au Canada, et même à travers le monde.

Certaines de ses œuvres font partie maintenant du paysage de l'Estrie et même d'ailleurs au Québec. On peut voir ses sculptures de bronze extérieures entre autres devant l'OMG Resto et devant la Basilique-Cathédrale Saint-Michel à Sherbrooke. Très bientôt l'une d'entre elles (il y travaille présentement) sera installée au rond-point de Mégantic, son plus gros projet à ce jour. Matthieu Binette planche également sur une autre installation qui se greffera au projet Humano à Sherbrooke.

 


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