Écrivaine depuis toujours, Andrée A. Michaud a reçu le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) à l'occasion de l'Apéro culturel de l'Estrie 2015 pour son 10e roman, Bondrée. Un prix plus qu'important pour une « fille des Cantons », comme elle se décrit.
Le prix du CALQ est décerné à un artiste de la région par un jury composé d'artistes, tous Estriens. Ce qui en fait un prix d'autant plus important pour l'écrivaine.
« Je suis revenue vivre dans ma région d'origine il y a trois ans. Je suis une fille des Cantons - parce que c'est comme ça qu'on appelait la région à l'époque - c'est donc important pour moi de recevoir ce prix-là. Il solidifie mon sentiment d'appartenance à l'Estrie. J'espérais gagner, mais comme je ne connaissais pas le travail des autres finalistes, je ne pouvais rien présumer. Mais j'espérais », souligne Mme Michaud.
Le Prix du CALQ est la 4e récompense littéraire que remporte Bondrée, son dixième roman et le dernier tome de sa « trilogie états-unienne ». Mirror Lake et Crazy Bird complètent la série. Les trois tomes racontent une histoire qui a lieu dans des États frontaliers et met en lumière les liens culturels et même linguistiques que nous, Québécois, partageons avec nos voisins du Sud. Si les deux premiers se déroulent aux États-Unis, l'action de Bondrée évolue dans ce petit endroit qui existe tout près de la frontière entre la Beauce et le Maine.
« C'est un lieu qui existe réellement et que j'ai connu quand j'étais petite. Je l'ai cependant reconfiguré pour les besoins du roman. Il y a un petit lac que j'ai agrandi pour me permettre de créer la communauté du roman. L'atmosphère qui est décrite est celle que je percevais comme petite fille et cette perception a bien entendu évolué avec le temps », explique l'auteure.
Bondrée est un thriller psychologique qui respecte toutes les règles du polar et qui est axé autour de la réaction des gens, qui vivent chaque été à leurs chalets, vis-à-vis de la mort d'une jeune fille prise dans un piège à ours. Une des narratrices a douze ans et se prénomme Andrée.
« L'action se déroule en 1967. Cette année-là, j'étais moi-même enfant et je voulais que les choses soient vues entre autres par les yeux d'une jeune fille de cet âge-là qui vieillit prématurément », souligne Mme Michaud.
Plus capable de s'arrêter
Andrée Michaud vient tout juste de publier son 10e roman et déjà, un 11e est en chantier.
« J'ai publié pour la première fois à l'âge de 30 ans et depuis, je n'ai plus été capable de m'arrêter. Plus jeune, l'écriture et la littérature m'intéressaient, comme beaucoup d'autres domaines. Comme auteur au Québec, c'est difficile de gagner sa vie sans avoir de deuxième occupation », affirme Mme Michaud, qui fait aussi de la révision linguistique à la pige.
« C'est un métier qui me comble, qui me permet de créer un paquet d'univers et de réfléchir sur un paquet de sujets et surtout, ceux qui me tiennent à cœur. Je n'aurais jamais le temps de tout faire par manque de temps! »
Comment Mme Michaud voit-elle son métier? « Être écrivain, c'est assurément un métier difficile qui exige beaucoup de détermination et qui demande beaucoup d'énergie pour poursuivre dans cette voie. Mais c'est un métier que j'aurais de la difficulté à abandonner. Je n'en mourrais pas, mais il y aurait un grand vide dans ma vie si je n'écrivais plus. »