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Le verre d’eau

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 10 novembre 2021

Nous connaissons tous l'adage voulant que l'on puisse voir le verre d'eau, selon nos perspectives, comme à moitié plein ou à moitié vide. Cette vieille maxime est plus d'actualité que jamais. À une époque caractérisée par une crise de confiance sans précédent dans nos institutions communes, une perte de légitimité de nos représentants élus et de la montée de l'anxiété climatique, il est de plus en plus à propos de chercher à voir le verre d'eau à moitié plein sinon nous nous dirigeons tout droit dans un mur et dans un enfer d'isolement social. Illustrons cela par quelques exemples tirés de l'actualité récente.

La COP26 et bla-bla-bla...

Au moment où les scientifiques de la planète entière crient à l'urgence d'agir, la classe politique mondiale s'enferre de plus en plus dans le bla-bla-bla décrié de Greta Thunberg, cette jeune écologiste qui n'a de cesse de nous alerter sur la nécessité de prendre des actions conséquentes pour sauver non pas la terre comme le dise souvent à tort divers commentateurs, mais l'humanité. Le mal est connu, ce sont les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère qui résulte de l'activité humaine qui provoque le réchauffement de la planète et cela rendra de nombreux endroits sur terre invivables. Si nous connaissons les causes, nous avons aussi des solutions qui sont identifiées. Des solutions que les élus de divers pays ne peuvent mettre en place, non pas par manque de volonté politique comme on le dit souvent, mais par manque d'acceptabilité sociale ou par l'incapacité de mettre en œuvre certaines solutions, car elles ne sont pas politiquement acceptables par nous, les électeurs et électrices.

Illustrons cela. Il faut arrêter de consommer du pétrole, du charbon et du gaz naturel. Cesser d'utiliser cette énergie qui est à la source de nos modes de vie signifierait entre autres choses la fin de l'existence de l'auto solo, la fin du transport aérien et même d'Internet. Au Québec, nous avons la chance de produire de l'énergie hydroélectrique propre, ce qui rend l'utilisation de véhicules électriques acceptables tant pour le transport individuel, les autos solos, que pour le transport collectif avec l'électrification des modes de transport collectif. Mais d'un point de vue global, cela n'est pas possible ailleurs à moins d'utiliser l'énergie nucléaire pour produire de l'énergie, ce qui n'est pas une solution envisageable à moyen et à long terme à cause du danger que représente la disposition des déchets nucléaires.

Outre le transport, sauver l'humanité de cette petite planète nécessite aussi que nous cessions de manger de la viande, de boire du lait de vache, d'habiter dans des maisons individuelles dans des quartiers et tutti quanti. En fait, il faut rompre avec l'idée même de la croissance économique, renoncer à nos modes de vie actuel  et vivre comme on le faisait avant la révolution industrielle. Décroissance est le maître-mot de la lutte aux changements climatiques. Pas étonnant que nous soyons déçus des résultats des sommets comme la COP26 alors que les grands pays émetteurs de CO2 refusent d'y participer et que le Québec, grâce à notre hydro-électricité, peut faire meilleure figure même si nous ne serons pas épargnés par les conséquences de l'inaction des autres. Alors comment pourrons-nous atteindre des résultats significatifs ?  En continuant à faire des actions ciblées et en faisant une rupture avec la rhétorique catastrophiste. Même les États-Unis, nos voisins, sont timides dans leurs actions pour contrer les gaz à effet de serre. Il faut bien voir certains éléments positifs sinon il ne reste que le désespoir et l'anxiété..

La disparition de la langue et de la culture française en terre d'Amérique

La crise qui a suivi la présence du président et chef de direction d'Air Canada, Michael Rousseau, devant les membres de la Chambre de commerce de Montréal a fait rejaillir le débat sur la langue française et sa présence à Montréal. Il faut dire que pour une opération de relation publique d'Air Canada, la présence de monsieur Rousseau devant les membres de la Chambre de commerce de Montréal n'a pas été couronnée de succès. Au contraire, il a relancé de vieux débats que l'on croyait morts et enterrés. Ce n'est pas tant le fait qu'il ne pouvait s'exprimer dans la langue de la majorité qui a fait le plus mal, mais ce sont les commentaires qu'il a fait à cet égard où on a cru revivre les déclarations de l'ancien président du Canadien National Donald Gordon dans les années 60 qui avait affirmé que si le CN n'avait pas de cadres supérieurs de langue française c'est qu'il n'y avait pas de francophones compétents. Michael Rousseau a fait l'unanimité contre lui et il a rassemblé tout le Québec contre ses déclarations qui puaient le mépris envers la langue et la culture française.

Cet événement est révélateur jusqu'à un certain point de l'urgence d'agir en matière linguistique au Québec et au Canada. Ce que d'ailleurs les gouvernements se sont engagés à faire dans la prochaine année. Il ne faut pas cependant jeter le bébé avec l'eau du bain et croire celles et ceux qui prétendent que la langue française va disparaitre d'ici 2030. C'est nettement exagéré. Il faut se rappeler que le visage français de Montréal est beaucoup plus affirmé aujourd'hui qu'il ne l'était lorsque je vivais à Montréal dans les années 60 et 70. Des progrès considérables se sont affichés.

Récemment, le professeur Mario Polèse a publié aux Éditions du Boréal un essai fort instructif sur le Québec intitulé Le miracle québécois dans lequel il assimile le développement récent du Québec à un miracle, l'auteur écrit : « Je n'ai pas choisi le mot miracle par hasard. Le miracle est d'abord celui de la cohabitation de deux peuples sur un même territoire et dans une même ville. C'est l'histoire de l'effacement du gouffre social entre ces deux peuples, le renversement d'une relation historique de domination. C'est enfin l'histoire d'une révolution culturelle, d'un peuple qui s'est littéralement métamorphosé ─ qui a transformé ses institutions, changé de mœurs et changé la définition même de la nation ─ pour compter aujourd'hui parmi les plus libres, les plus prospères et (oui!) les plus heureux de la planète. » (Mario Polèse, Le miracle québécois. Récit d'un voyageur d'ici et d'ailleurs, Montréal, Éditions du Boréal, 2021, p. 16)

Ce miracle n'empêche pas l'absurdité de se manifester parmi nous comme le passage du président d'Air Canada devant les membres de la Chambre de commerce de Montréal.

Cap sur l'espoir

Je reviens à mon propos du début. Nos inquiétudes concernant l'état de la planète et de la timidité des actions de nos gouvernements contre la lutte sur les changements climatiques ou encore nos préoccupations quant à la langue française et à notre culture singulière en Amérique du Nord ne devraient pas faire oublier que d'immenses progrès ont été accomplis et qu'il faut garder le cap sur l'espoir que les choses s'amélioreront si nous nous donnons la peine d'agir ensemble. Au fond, tout tient au simple fait de voir le verre d'eau à moitié vide ou à moitié plein. Tout tient dans un simple verre d'eau...


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